CONCLUSION

Votre rapporteur spécial a voulu aborder la question de la drogue aujourd'hui du point de vue du contrôle des fonds publics : les sommes que le contribuable français consacre à la lutte contre les drogues en France sont-elles convenablement employées ?

L'examen attentif de l'action de la MILDT permet d'en douter, surtout quand on la compare à l'urgence des besoins d'un pays où les enquêtes montrent qu'un jeune sur deux a déjà consommé du cannabis 33 ( * ) .

Le principal mérite de la MILDT aujourd'hui est d'avoir su stabiliser les changements de structures qui nuisaient à la lutte contre la drogue depuis vingt ans, et d'avoir engagé une réflexion sur les évolutions les plus récentes que constitue la polyconsommation par exemple.

En revanche, le choix d'une structure unique pour traiter de toutes les pratiques addictives (drogues, mais aussi tabac et alcool) peut faire débat : cette fusion tend à banaliser les messages et l'information sur les dangers ; elle ne rend pas compte des conséquences différentes sur la vie sociale de chacun des risques - l'économie de la drogue dans les quartiers n'est pas comparable à la production viticole par exemple ; elle s'est faite sans réflexion sur les autres structures intervenant dans le même domaine - il suffit de citer la coexistence de deux numéros verts pour informer des dangers du tabac, avec les doublons financiers que cela représente.

Le fonctionnement même de la MILDT n'apparaît pas pleinement satisfaisant. Outre la dualité fonctionnelle à la tête de la mission, coûteuse financièrement et en termes d'efficacité, les incertitudes entourant son budget, ses locaux, son personnel contrastent étonnamment avec les objectifs que le Premier ministre lui a fixés et que la situation commande.

Enfin, du point de vue financier, si les principaux choix opérés (déconcentration des crédits, centralisation de certaines subventions, réexamen des financements interministériels) se justifient du point de vue de l'efficacité théorique, de larges dysfonctionnements demeurent : mauvaise connaissance des actions réalisées au niveau déconcentré, financement de structures associatives sans contrôle budgétaire strict ni évaluation des réalisations, reconduction de financement d'actions ministérielles pérennes, culture du « guichet ».

En conclusion, votre rapporteur spécial, en dehors des recommandations formulées dans ce rapport, estime qu'il existe un décalage trop important entre les faits et les discours, entre ce qui est fait des quelque 300 millions de francs consacrés à la lutte contre la toxicomanie et la courbe des victimes du fléau de la drogue.

La lutte contre la drogue et les drames dont elle est à l'origine n'a pas forcément besoin de plus d'argent. Elle a en revanche certainement besoin de davantage de bon sens et d'imagination, de moins de réflexes administratifs et de propos idéologiques qui ne résolvent pas la détresse des victimes.

* 33 Enquête réalisée en 2000 sur 17.000 jeunes lors de leur journée d'appel et de préparation à la défense.

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