B. DES EFFETS AGGRAVÉS DU FAIT DES INTERVENTIONS HUMAINES

A l'instar des nombreux experts qu'elle a entendus, votre commission d'enquête considère que les inondations survenues au printemps 2001 dans la vallée de la Somme ont des causes essentiellement naturelles.

Elle a cependant cherché à évaluer dans quelle mesure les interventions humaines avaient pu aggraver les conséquences de la crue, qu'il s'agisse de l'occupation des sols ou de la gestion des eaux superficielles.

1. L'occupation des sols

L'urbanisation séculaire et progressive du lit majeur du fleuve explique l'ampleur des dommages provoqués par les inondations. Compte tenu du volume des précipitations, l'entretien du couvert végétal n'a pu avoir qu'un effet marginal sur la crue.

a) L'urbanisation du lit majeur de la Somme
(1) Les conséquences de l'imperméabilisation des sols

L'urbanisation et l'imperméabilisation des sols sont sans cesse citées comme facteurs à la fois causaux et aggravants des inondations.

L'imperméabilisation de grandes surfaces provoquée par l'édification de bâtiments et d'infrastructures -lotissements, parkings, routes, zones commerciales et industrielles- accentue le ruissellement, ce qui provoque une accélération des débits.

D'autre part, l'inadaptation fréquente des réseaux d'évacuation des eaux pluviales et l'implantation d'ouvrages tels que des grandes voies d'accès ou des ponts de chemin de fer gênent l'écoulement de l'eau et peuvent parfois se transformer en de véritables retenues.

Enfin, l'urbanisation croissante de la population s'est traduite par une occupation progressive, séculaire et massive du lit majeur des cours d'eau, exposant demeures et habitants à des risques d'inondations assumés, ignorés ou parfois refoulés.

(2) La situation de la Somme

L'urbanisation de la vallée de la Somme s'est, elle aussi, traduite par une occupation du lit majeur du fleuve et de ses affluents, dont les conséquences se sont avérées catastrophiques.

Des quartiers entiers d'Abbeville -notamment ceux des Planches et de Rouvroy- et d'Amiens -la rue de Verdun- sont ainsi régulièrement inondés, sans que ces inondations aient jamais atteint l'ampleur et la durée de celles du printemps 2001.

Ce constat ne constitue pas une condamnation d'une urbanisation, au demeurant ancienne, mais bien plutôt une invitation au développement d'une culture et d'une mémoire du risque : la vie en zone inondable comporte des agréments mais impose de prendre des précautions.

D'autre part, l'ampleur de la crue a été telle que certains ouvrages se sont transformés en de véritables retenues d'eau, aggravant les inondations en amont.

M. Claude Lefrou estime ainsi que : « Les ponts sous la route départementale 925 et la route départementale 928, à Abbeville, franchissant le Doigt, affluent de la rive gauche de la Somme, présentent une ouverture insuffisante pour que toute la capacité d'évacuation de ce cours d'eau puisse être mobilisée. Une opération combinée, comportant, d'une part la destruction et la reconstruction de ces ouvrages avec une ouverture convenablement dessinée, d'autre part le curage et le recalibrage du Doigt, est nécessaire pour améliorer les conditions de drainage du quartier des Planches et de la zone de Rouvroy » 34 ( * ) .

En mai, les militaires sont d'ailleurs intervenus pour dégager les obstacles à l'écoulement des eaux.

* 34 Rapport d'étape de la mission d'expertise sur les crues d'avril 2001 du bassin de la Somme, page 43.

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