B. UNE DIPLOMATIE CONTRAINTE, À LA RECHERCHE DE L'ÉQUILIBRE RÉGIONAL POUR LA PAIX

La situation géographique du Royaume et les conditions mêmes de sa création ont fait se pérenniser sa vocation d'Etat « carrefour » d'espace « tampon » entre puissances et intérêts rivaux. Depuis 1948, la Jordanie se situe au coeur des confrontations qui la menacent en permanence.

Par-delà une diplomatie régionale réactive, liée à la volatilité de la situation, la diplomatie jordanienne appuie résolument son action sur la promotion de la modération et du dialogue pour la recherche de la paix et sur une alliance stratégique et éprouvée avec l'Ouest et, en particulier, les Etats-Unis.

1. La priorité de l'alliance américaine

Depuis l'engagement régional des Etats-Unis, à partir de 1954, lorsque le président Eisenhower déclara que « l'indépendance et l'intégrité de la Jordanie sont un intérêt vital des Etats-Unis », celle-ci a trouvé en Washington un protecteur actif et généreux. Cette alliance n'et pas seulement politique, elle procure des garanties essentielles à la sécurité du Royaume et un soutien significatif sur le plan économique.

Sur le plan militaire en premier lieu, l'assistance américaine représente annuellement quelque 120 millions de dollars, sous forme de crédits, de dons en matériel ou d'actions de formation. Ensuite, sur le plan économique, les Etats-Unis accordent une aide régulière annuelle de 320 millions de dollars, à laquelle s'ajoute le « paquet de Wye River », prévoyant une assistance de 300 millions de dollars sur trois ans.

Au surplus, les Etats-Unis ont accordé l'entrée libre de taxes sur le territoire américain de produits originaires des « zones industrielles qualifiantes » israélo-jordaniennes. Il s'y ajoute la conclusion en 2001, et la ratification accélérée à la suite des attentats du 11 septembre, d'un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et la Jordanie, seul pays, avec l'ALENA et Israël, à bénéficier d'une telle bienveillance commerciale. Ainsi, en 2001, les échanges avec les Etats-Unis ont représenté 9 % (548 millions de dollars) du total des échanges entre la Jordanie et les pays tiers, faisant des Etas-Unis le second partenaire commercial du Royaume après l'Irak (13,4 % du total).

Les zones industrielles qualifiantes

Elaborées par les Etats-Unis dans le cadre du Traité de paix de 1994, les zones industrielles qualifiantes (QIZ), actuellement au nombre de 6, permettent aux biens et services qui y sont produits d'être exemptés de droit de douane et de tout quota à l'exportation vers les Etats-Unis. Pour obtenir le label, les produits doivent intégrer, dans leur valeur ajoutée ou dans leurs coûts de production les intérêts d'entreprises israéliennes, jordaniennes ou américaines.

Ces zones permettent l'obtention d' avantages fiscaux et juridiques considérables : accès libre au marché américain sans quota d'exportation ; 100 % d'exonération d'impôt sur le revenu et de charges sociales pendant les deux premières années, 50 % d'exonération pendant dix ans ; construction exemptée de droits d'enregistrement ; matières premières importées libres de droits ; pas de restriction sur la propriété des entreprises ni sur les travaux en devises étrangères.

Des infrastructures sont offertes aux investissements : terrains ou locaux à acheter ou à louer ; réseau électrique adapté ; réseau de télécommunication ; réseau d'eau particulier et réseau routier opérationnel. Il s'y ajoute diverses infrastructures périphériques publiques ou privées : banques, entrepôts, cliniques, centre de formation, service postal...

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