II. LE REFROIDISSEMENT DE LA TROPOSPHÈRE PAR LES AÉROSOLS

En théorie, les aérosols provoquent un refroidissement de la troposphère soit par réfléchissement du rayonnement solaire (effet direct), soit en favorisant la réflectivité des groupes nuageux en y augmentant le nombre de gouttelettes d'eau (effet indirect).

La mesure de ces deux effets est extrêmement délicate puisque l'influence des aérosols dépend de leur distribution dans l'espace, dans le temps et de leurs propriétés optiques qui, comme il a été indiqué ci-dessus, varient sans cesse. Comment, dès lors, procéder à des estimations en établissant des moyennes globales du rôle joué dans le réchauffement ou le refroidissement de la troposphère par les aérosols ?

La même difficulté apparaît pour l'effet indirect puisque la taille des gouttes n'agira pas de la même façon sur l'albédo des nuages. De grandes incertitudes demeurent sur le lien entre la taille des gouttelettes d'un nuage et son effet réfléchissant . De même quant à la formation des gouttelettes elles-mêmes.

Des calculs ont tenté d'établir les paramètres optiques des particules mais les observations expérimentales n'ont pas confirmé ces calculs de manière suffisamment probante. De ces difficultés résulte l'impossibilité de modéliser l'impact radiatif indirect des aérosols de combustion en liaison avec la modification de la couverture nuageuse . Il a été retenu que l'impact radiatif indirect des particules de combustion devait être égal à son impact radiatif direct mais il s'agit là d'une simplification.

Au total, même si l'effet de refroidissement des aérosols joue en sens inverse de l'effet de réchauffement des gaz à effet de serre, une estimation précise de cet effet de refroidissement semble jusqu'à nouvel ordre vouée à l'échec. De plus, même s'il était établi que l'effet refroidissement des aérosols était de même ampleur que l'effet de réchauffement des gaz à effet de serre, l'hétérogénéité spatiale de la présence d'aérosols, comme leur brève durée de vie, empêcherait de considérer que leur impact pourrait compenser de manière réelle le réchauffement induit par les gaz à effet de serre .

En conclusion, il convient aussi de rappeler que tout au long de l'étude consacrée par l'Académie des Sciences au rôle spécifique des aérosols et de leurs effets sur le climat, l'Académie des Sciences a insisté sur les multiples incertitudes affectant encore ce champ d'investigation.

Dans le dernier rapport du GIEC paru en octobre 2001, l'importance des aérosols est rappelée en insistant non seulement sur l'effet direct de ceux-ci qui consiste à réfléchir et diffuser la lumière, donc à diminuer l'absorption de la chaleur du soleil (22 ( * )) , mais aussi sur l'effet indirect dans la mesure où les aérosols modifient la microphysique et donc les propriétés radiatives des nuages.

Il est rappelé que les aérosols peuvent avoir des sources naturelles ou anthropiques et que ceux-ci peuvent être dissipés rapidement grâce aux précipitations, souvent en moins d'une semaine. Le GIEC a insisté également sur le fait que le pouvoir radiatif des aérosols dépend non seulement de leur distribution dans l'espace mais aussi de leur taille et de la composition chimique des particules elles-mêmes. Comme toujours, le GIEC insiste aussi sur les incertitudes qui ne peuvent manquer d'être attachées aux estimations liées au forçage radiatif découlant des aérosols.

Le GIEC distingue trois catégories d'aérosols d'origine anthro-pique , les sulfates d'aérosols, ceux qui résultent de la combustion de la biomasse et les suies.

Il résulte de l'ensemble de ces éléments que l'étude de l'intensification de l'effet de serre doit inclure celle des aérosols mais que cette prise en compte indispensable apporte, dans un premier temps, encore davantage d'incertitudes.

* (22) En revanche, pour la suie , l'effet direct est une absorption de la chaleur solaire.

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