2. Des conflits de compétences avec d'autres magistrats

La loi du 8 janvier 1993 précitée n'a pu totalement unifier le contentieux des affaires familiales.

Ainsi les compétences des juges aux affaires familiales sont-elles parfois concurrentes de celles des juges de l'application des peines.

Mme Catherine Bretagne a exposé devant la mission l'une des difficultés auxquelles elle se trouvait souvent confrontée : « Pour un dossier de divorce, je suis en relation avec le juge d'application des peines. L'épouse refuse à son mari l'exercice de son droit de visite et d'hébergement. L'affaire s'est envenimée au point qu'à la dernière condamnation, l'épouse a été condamnée à de la prison ferme. Je m'occupe, à mon niveau, du divorce. Face à moi, l'avocat estime que la situation est insupportable et qu'il faut mettre la résidence de l'enfant chez l'époux. La condamnation de l'épouse date d'octobre 2001, or elle n'est toujours pas en prison. Mon rôle est d'aller voir le juge d'application des peines et de discuter du dossier pour comprendre la situation. Cela ne peut se faire que de manière informelle . »

Les chevauchements de compétences avec le juge des enfants sont encore plus fréquents . Comme le relevait, Mme Martine de Maximy, juge des enfants au tribunal de grande instance Paris, vice-présidente de l'association des magistrats de la jeunesse et de la famille, très souvent, les justiciables saisissent le juge aux affaires familiales en même temps que le juge des enfants pour statuer sur la garde.

A Marseille, les membres d'une délégation de la mission, ont pu mesurer, en assistant à une médiation, combien la subtile répartition des compétences entre magistrats était source d' incompréhension et de désarroi pour les justiciables .

Les juges aux affaires familiales consultent leurs collègues de manière informelle , de même qu'ils développent des liens avec le parquet pour éviter que les parties portent plainte en cas de non-présentation d'enfants ou de non-paiement de pensions alimentaires.

On dénombre cependant peu de cas de réels conflits, et la plupart des difficultés actuelles liées aux conflits de compétences peuvent se résoudre par le dialogue entre magistrats.

Aussi ne paraît-il pas souhaitable de réunir les deux fonctions de juge aux affaires familiales et juge des enfants. Chaque fonction doit garder sa spécificité . Celle du juge des enfants, compétent en matière civile et en matière pénale, est elle aussi très marquée.

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