CHAPITRE V -

LE RENOUVEAU DES ESPACES RURAUX

Le rural retrouve au sein du corps social une perspective positive : aux racines, à l'authentique, s'ajoutent une montée de l'exigence de cadre et de qualité de vie renouvelant les exigences de la société. Entre l'urbain et le rural s'est produite une inversion des valeurs, à la faveur d'une perception du rural redevenue positive.

Ces mutations, qui accompagnent une banalisation des comportements et des modes de vie au profit de l'urbain, sont porteuses de conflits d'usages, et de conflits de valeurs délicats à gérer dans le cadre d'une politique d'aménagement du territoire qui se doit de ne pas considérer nos campagnes comme le résidu d'une civilisation citadine.

I. UNE PLURALITÉ DE DÉFINITIONS DE L'ESPACE RURAL

Comme le propose Robert Chapuis 18 ( * ) , en premier lieu il convient de définir « l'espace rural français» au travers de deux définitions possibles, reposant sur des critères plus ou moins quantitatifs. A titre de comparaison, et pour montrer les variations d'un pays à l'autre, on présentera quelques définitions étrangères.

A. UNE DÉFINITION BASÉE SUR LES RELATIONS AVEC LA NATURE

L'espace rural se caractérise par une densité de population relativement faible, par un paysage à couverture végétale prépondérante (champs, prairies, forêts, autres espaces naturels), par une activité agricole relativement importante, du moins par les surfaces qu'elle occupe.

B. LES DÉFINITIONS DE L'INSEE...

En France, durant de nombreuses décennies, le découpage du territoire reposait sur la notion d'agglomération ou unité urbaine basée sur la continuité de l'habitat. Il s'agissait d'un ensemble de communes dont le territoire était partiellement couvert par une zone bâtie d'au moins 2 000 habitants. Dans cette zone bâtie, les constructions étaient séparées de leurs voisines de moins de 200 mètres. Les campagnes, ou espaces ruraux, étaient en quelque sorte le négatif des agglomérations.

A présent, l'INSEE distingue toujours deux grands types d'espaces, mais avec des définitions différentes : d'une part, l'espace à dominante urbaine où sont inclus, outre les pôles urbains, les couronnes périurbaines et les communes multipolarisées (plus de 40 % de la population active y travaillent dans une aire urbaine), d'autre part l'espace à dominante rurale, lui-même divisé en sept sous-types.

Si l'on peut incontestablement considérer comme rurales les communes de l'espace à dominante rurale, la question se pose toutefois de savoir si les couronnes périurbaines et les communes multipolarisées peuvent être caractérisées comme rurales. On répondra ici par l'affirmative car, si ces communes sont fonctionnellement dépendantes des pôles urbains, leurs habitants sont massivement d'accord pour estimer qu'ils habitent la campagne et la couverture végétale y reste très prépondérante : nous les inclurons donc dans l'espace rural aux côtés de l'espace à dominante rurale.

Ainsi défini, l'espace rural comptait 22,8 millions d'habitants en 1999 (22,2 millions en 1990) . Cette définition a cependant l'inconvénient de considérer que l'espace rural s'organise en partie en fonction de la proximité et de la taille des villes : même si ce « modèle » de la campagne correspond largement à la réalité, il est cependant réducteur de la complexité rurale.

* 18 Professeur émérite, spécialiste de géographie des espaces ruraux, Laboratoire de Géographie THEMA-CNRS, Université de Bourgogne.

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