ALLOCUTION D'OUVERTURE DE

M. RENAUD DUTREIL, SECRÉTAIRE D'ÉTAT AUX PETITES
ET MOYENNES ENTREPRISES, AU COMMERCE,
À L'ARTISANAT, AUX PROFESSIONS LIBÉRALES
ET À LA CONSOMMATION

Regrettant de ne pas pouvoir assister au colloque « Tourisme et Métiers d'art », M. Renaud Dutreil a demandé à M. Michel Alloncle , Chef de Cabinet, de le représenter et de lire le communiqué suivant :

« En tant que ministre en charge des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce et de l'Artisanat, je ne peux que me féliciter de la tenue de ce deuxième colloque « Tourisme et Métiers d'art » qui me paraît un excellent prélude aux premières Journées nationales des Métiers d'art organisées à partir de demain sous la coordination de la Société d'Encouragement des Métiers d'Art, et qui s'étendra jusqu'au 1 er décembre.

Les entreprises de métiers d'art sont des vitrines de l'artisanat et jouent un rôle très important pour le développement local des territoires. Leur activité a des retombées économiques et culturelles dans bien d'autres domaines : tourisme, industrie de luxe, culture et patrimoine notamment. Elles ont un potentiel certain à l'exportation.

Les métiers d'art englobent de nombreux corps de métiers (210) et de nombreuses disciplines qu'il est toujours délicat de citer pour ne pas frustrer, mais il y a effectivement de nombreuses disciplines bien connues : tapissier, maroquinier, glypticien, ferronnier, coutelier, ébéniste, doreur sur bois à la feuille d'or, etc.

Il s'agit d'une activité économique considérable puisque ce secteur des métiers d'art, outre son chiffre d'affaires, son poids à l'exportation, concerne à peu près 30 000 personnes au sein de 20 000 entreprises avec, en particulier, des secteurs importants pour notre économie : celui de la bijouterie joaillerie orfèvrerie qui représente plus de 4 000 entreprises ; le secteur de la finition, de la restauration et de la réparation de meubles qui représente près de 3 400 entreprises ; enfin, autre secteur important, le graphisme, la décoration, 2 300 entreprises.

Au-delà de cette description économique, les métiers d'art sont vraiment des métiers de passions qui se répartissent en trois grandes familles :

- les métiers que l'on peut sans doute rattacher à la tradition, spécialisés dans la reproduction d'objets rares et dans le savoir-faire traditionnel ;

- les métiers tournés vers le patrimoine, pour ce qui concerne la restauration conservation du patrimoine mobilier ou immobilier ;

- les métiers de la création.

Ce ne sont pas pour autant des secteurs tournés vers le passé, ce sont vraiment des métiers de demain tournés vers hier, mais ils possèdent d'exceptionnels atouts pour notre avenir. Par exemple, certains savoir-faire français exceptionnels ont permis de conquérir de nouveaux marchés à l'étranger ; ce sont les métalliers champenois, spécialisés dans le repoussage en ferronnerie qui, après avoir restauré magnifiquement la place Stanislas à Nancy, se sont vus confier la réalisation de la nouvelle torche et de la flamme de la Statue de la Liberté de New-York pour son centenaire.

Ces métiers d'art détiennent également une très forte capacité de création et d'innovation ; les métiers de demain. Comme l'exemple de ce verrier qui a créé une magnifique réalisation pour l'Hôtel départemental de Haute-Loire. Cette création qui intégrait des fibres optiques était tellement performante que l'ANVAR 1 ( * ) lui avait permis de réaliser cet objet rare.

Ce deuxième colloque « Tourisme et Métiers d'art » met aussi en évidence le rôle que ces activités jouent en matière de développement économique local et de création d'emplois. Les pôles d'artisanat d'art, les visites des métiers d'art maintenant organisées dans le cadre des « Routes touristiques » - idée chère au sénateur Bernard Joly - la création de labels et d'espaces muséographiques sont devenus des atouts forts de l'animation locale.

Ces réseaux, liés aux métiers d'art, sont clairement en phase avec notre temps. Le mariage de la tradition et du futur, de la création d'art et du savoir-faire technique qu'ils développent, attirent de plus en plus de publics, bien souvent saturés par l'uniformité et la standardisation des produits manufacturés. Ces créations rares, uniques, permettent ainsi aux publics et à nos compatriotes de renouer avec l'authentique et le personnalisé.

Mais nous ne devons pas perdre de vue que l'artisanat d'art est aussi une entreprise qui doit dégager des ressources. Les artisans d'art ont donc besoin de se faire connaître pour développer davantage la demande et attirer des clientèles potentielles. En drainant vers l'artisan ces flux de clientèles supplémentaires, le tourisme d'art permet ainsi à ces entreprises de pérenniser et de développer leurs activités et leurs talents. Il y a donc une complémentarité exemplaire que ce colloque contribue bien évidemment à souligner. »

Le secrétariat d'Etat aux Petites et Moyennes Entreprises entend d'ailleurs, par l'action du FISAC 2 ( * ) , encourager davantage toutes ces initiatives en apportant son concours plus spécifiquement aux opérations qui s'organiseraient autour de thématiques d'artisanat d'art comme la création de rues d'artisans ou d'espaces dédiés aux artisans d'art, notamment en zone rurale.

Au-delà de cette action spécifique mais très importante que le FISAC pourra développer, le secrétariat d'Etat entend dès le début de l'année prochaine - et c'est une politique plus globale - apporter à la demande du Premier ministre une réponse d'ensemble aux difficultés des entreprises. C'est notamment la nécessité d'accompagner les entreprises vers un « baby boom » de l'entreprise, vers une plus grande création d'entreprises et transmission. Ce sera le cadre du projet de loi « Agir pour l'initiative économique » qui sera présenté au Parlement très prochainement.

Faciliter la création par la diminution de la durée d'inscription d'immatriculation ; favoriser l'entreprise par une transmission plus facile, notamment au plan fiscal ; favoriser la pérennité de l'entreprise par des financements plus spécifiques, notamment grâce à des opérateurs locaux qui connaîtront les entreprises, c'est l'objet du projet de Fonds d'investissement de proximité qui sera proposé à la représentation nationale. Un certain nombre de mesures de bon sens seront, nous l'espérons, prises dans les semaines et les mois à venir pour susciter ce développement de l'entreprise.

Le président de la République a fixé au gouvernement la nécessité de créer un million d'entreprises supplémentaires dans les cinq années qui viennent, et, bien entendu, le secteur de l'artisanat aura une contribution forte dans ce domaine ; forte pour la création d'entreprises, forte pour l'emploi également, c'est une ambition importante du gouvernement.

Le deuxième volet vis-à-vis des entreprises, et notamment des entreprises artisanales, qui sera proposé dans les semaines à venir est une simplification pour la vie des entreprises. Deux grandes mesures sont en réflexion et seront proposées aussi très certainement par voie d'ordonnances :

- la mise en place d'un guichet unique simplifié pour le commerce et l'artisanat pour éviter à l'artisan de perdre trop de temps dans des démarches administratives lourdes ;

- la mesure « titre emploi salarié » pour l'entreprise, ce qui devrait permettre à l'artisan, au chef d'entreprise, à l'indépendant de pouvoir, en un seul geste, établir ses obligations en matière de fiches de paie et de déclarations sociales.

Ces mesures permettront aux chefs d'entreprise d'aller à l'essentiel, c'est-à-dire la production d'objets, la production de services.

Après le projet de loi sur la création d'entreprise, un autre volet législatif sera présenté, très certainement l'année prochaine : un projet sur le statut de l'entrepreneur.

Lorsque l'on interroge les Français, il s'avère qu'il y a une formidable envie de création d'entreprise, mais la part de risque qui est bien souvent importante dissuade un certain nombre de nos compatriotes de franchir le pas et les conduit à rester dans le secteur protégé qu'est le salariat. Il faut donc donner cette possibilité à tous les Français qui débordent d'initiatives et de projets de pouvoir passer progressivement vers le statut d'entrepreneur sans penser que cela est irréversible et que cela provoquera des dégâts irréparables pour leur vie de famille.

Voilà rapidement brossé le paysage d'ensemble que le gouvernement souhaite proposer aux entreprises et, bien entendu, à l'artisanat dont vous êtes les représentants connus, reconnus et brillants.

Les travaux de cette journée vont contribuer à ce que les métiers d'art tiennent toute la place qui leur revient dans l'économie des territoires, et par là même dans l'économie nationale, tout en continuant à procurer à de très nombreux Français le plaisir esthétique qu'apporte la rareté d'un objet et l'effort fourni pour le concevoir.

Pour conclure, Michel Alloncle invite l'assemblée à rejoindre demain ces premières Journées nationales des Métiers d'art que le sénateur Joly avait appelé de ses voeux l'année dernière et qui rencontreront sans aucun doute un franc succès. L'objectif est que les Français sachent que dans leur calendrier, deux ou trois jours par an sont consacrés aux métiers d'art et qu'ils participent de plus en plus nombreux à ces journées.

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* 1 Agence Nationale de Valorisation de la Recherche.

* 2 Fonds d'intervention pour la sauvegarde du commerce et de l'artisanat.

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