ALLOCUTION D'OUVERTURE

M. Christian Poncelet, sénateur des Vosges et président du Sénat

Monsieur le président, Monsieur le ministre, Chers collègues, Chers amis, Mesdames, Messieurs,

Je voudrais d'abord vous souhaiter la bienvenue au Sénat.

Ce colloque est organisé par Gérard César, président du groupe d'études sénatorial sur l'économie agricole et alimentaire. Je rends hommage au dynamisme et à la qualité des travaux de ce groupe à un moment où l'actualité tend à occulter les efforts engagés par l'ensemble de la profession viticole dans la recherche d'un équilibre entre les impératifs de santé publique et la consommation de vin.

Cette journée s'inscrit dans la continuité du colloque organisé en 2002 par la commission des Affaires économiques du Sénat sur le thème « Vin, santé et alimentation », préalable au Livre blanc sur la viticulture française, remis au Premier Ministre durant l'été 2004.

En France, le vin est chargé d'une forte dimension culturelle et patrimoniale. Il imprègne notre géographie. La vigne, plante pérenne, peuplante et structurante, façonne nos paysages et nos villages. La viticulture fait partie intégrante de notre identité et de notre culture.

La viticulture occupe 3 % de la surface agricole, représente 500.000 emplois, pèse 15 % de la valeur de la production agricole et 40 % du solde agroalimentaire. Elle génère 20 milliards d'euros d'activités. C'est le fleuron de l'économie nationale et des exportations. Elle est une référence enviée par de nombreux pays pour ses traditions, ses qualités et son authenticité. Cette place est aujourd'hui convoitée et contestée.

La filière viticole traverse une période de difficultés. La première difficulté est la concurrence croissante sur le marché international. L'Italie vient de devenir le premier producteur mondial de vin en volume. Les exportations reculent en faveur des pays dits « du Nouveau Monde ». En 2003, les exportations des vins français aux Etats-Unis ont diminué de 12 %. En dix ans, la France a perdu 6 % de parts de marché. Un nouvel ordre international où s'affrontent logiques industrielles et savoir-faire ancestraux, semble se dessiner. Une guerre économique mondiale est engagée. Toutes les armes sont bonnes : mouvements monétaires, absence de protection sociale, dumping.

La seconde difficulté réside dans la baisse tendancielle de la consommation sur le marché intérieur. En 40 ans, la consommation de vin a été divisée par deux. Ce phénomène n'est pas propre à la France. Il traduit une modification du comportement alimentaire et un changement du statut du vin. La consommation occasionnelle, festive et conviviale, se substitue à une consommation régulière d'un vin ayant le statut de boisson-aliment. Tous les scénarii concluent au recul de la consommation intérieure des « vins tranquilles ». En outre, l'écart est persistant entre la production et la consommation. En dix ans, la part des vins de pays exportés est passée de 32 % à 60 % en volume (36 % à 70 % en valeur).

Les difficultés se cumulent sur le double thème de la concurrence mondiale et de la surproduction. Les défis à relever sont particulièrement importants.

Les réflexions menées depuis plusieurs mois se sont traduites par des propositions d'organisations nouvelles de l'offre française, articulées autour de deux types de produits : d'une part, ceux qui répondent au marketing de l'offre et sont bâtis principalement autour des notions de terroir et de typicité, c'est-à-dire les AOC ; d'autre part, ceux qui répondent au marketing de la demande, c'est-à-dire les vins de pays.

François Loos et Hervé Gaymard ont déjà entrepris des actions ciblées en concertation avec la filière et avec les sénateurs afin d'améliorer le positionnement des vins français et la cohérence de l'offre.

Le groupe d'études a eu raison d'aborder ces questions sous l'angle de la demande et des marchés : quelles sont les nouvelles attentes des consommateurs ? Comment les circuits de distribution doivent-ils s'adapter ? Quel peut être l'intérêt du tourisme vitivinicole pour renouer le contact avec les consommateurs ?

Je souhaite le plus grand succès à vos travaux.

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