III. L'AFGHANISTAN ET LE MONDE : QUEL CHOIX ENTRE SES VOISINS ET SES ALLIÉS OCCIDENTAUX ?

La situation géographique de l'Afghanistan, qui le situe aux frontières des trois régions clés que sont l'Asie centrale, l'Asie du Sud et l'Iran continue d'orienter, aujourd'hui comme hier, les ambitions et les visées de ses voisins. Historiquement, chacune de ces trois régions a été impliquée, directement ou non, dans les crises de toute nature subies par ce pays. Mais aujourd'hui la place occupée par les Etats-Unis et leur influence dans le pays, jugée pour l'heure indispensable, vient compliquer la donne.

A. L'AFGHANISTAN ET SES VOISINS

1. L'Asie du Sud

L'Asie du Sud, avec le Pakistan et l'Inde, conserve une influence prépondérante, largement conditionnée par les relations entre ces deux pays : l'Afghanistan a longtemps répondu à la recherche par le Pakistan d'une « profondeur stratégique » qui l'a conduit à y porter au pouvoir un gouvernement qui lui soit favorable, en privilégiant pour ce faire, à partir de 1970, la mouvance afghane pachtoune fondamentaliste.

Le choix, par le Pakistan, de ce canal d'influence pachtoune et fondamentaliste s'explique, pour M. Olivier Roy, pour deux raisons : le souci d'abord de « marginaliser les nationalistes ethniques Pachtouns des deux côtés de la frontière et qui seraient tentés par un grand Pachtounistan » et ensuite « de rallier les Pachtouns au concept de Pakistan, c'est-à-dire d'un Etat dont la nature même est d'unir les musulmans du sous-continent indien ».

Le Pakistan a donc hébergé durant de longues années sur son sol de nombreux dirigeants fondamentalistes Pachtounes afghans et les madrasa (écoles théologiques) pakistanaises ont accueilli et formé de nombreux étudiants afghans qui ont ensuite constitué le gros des forces talibanes et leurs responsables. La présence sur son territoire de 2 millions de réfugiés et leur participation aux élections présidentielles du 9 octobre est une autre donnée importante.

Après le 11 septembre 2001, le Pakistan a été sommé par les Etats-Unis de réorienter sa politique afghane et d'agir contre le terrorisme d'Al Qaïda en neutralisant les forces talibanes réfugiées sur son territoire ou à la frontière pakistanaise au Sud-Est de l'Afghanistan.

Si le gouvernement pakistanais a donné des gages de loyauté à la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, son rôle réel reste cependant toujours ambigu : les actions militaires des talibans contre les forces de la coalition dans le Sud et l'Est de l'Afghanistan ne sont possibles que parce que leurs bases se trouvent au Pakistan, avec la bienveillance, explicite ou non, de certains responsables pakistanais. La recrudescence des violences talibanes dans le Sud et l'Est du pays au printemps et à l'été 2005 a donc tendu fortement les relations entre Kaboul et Islamabad.

En fait, « toute stabilisation de l'Afghanistan suppose une redéfinition de la politique pakistanaise qui ne sera possible que dans le cadre d'une normalisation des rapports avec l'Inde, c'est-à-dire d'un règlement de la question du Cachemire » 9 ( * ) .

* 9 Ibid p. 32

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