IV. LA COOPÉRATION BILATÉRALE FRANCO-AFGHANE

La coopération française en Afghanistan est ancienne et ses premières actions remontent au début du siècle dernier. Caractérisée par sa continuité jamais démentie en dépit des guerres et de l'instabilité, elle est aujourd'hui active dans plusieurs domaines -santé, éducation, agriculture, appui à la gouvernance-, même si l'effort financier qui la soutient place la France bien après ses partenaires occidentaux.

A. UNE COOPÉRATION ANCIENNE, UNE SOLIDARITÉ CONSTANTE

Initiée dès le début des années 20, la coopération française s'est d'abord développée autour des deux thèmes de l'archéologie et de l'éducation. Longtemps titulaire du monopole des fouilles archéologiques dans le pays, la France a aussi à cette époque commencé à accueillir les premiers boursiers afghans issus du lycée Esteqlal.

LA DÉLÉGATION ARCHÉOLOGIQUE FRANÇAISE EN AFGHANISTAN

Dès 1922, soit trois années après avoir recouvré son indépendance diplomatique, le roi Amanullah a souhaité confier à la France, pour 40 ans, le monopole des fouilles archéologiques dans son pays.

C'est ainsi que fut mise en place à cette date la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA), en lien étroit avec le musée Guimet.

La DAFA resta présente sur le territoire jusqu'en 1982, lorsque les événements politiques la contraignirent au départ.

Réinstallée à Kaboul en 2002, la DAFA a contribué à la reconstitution d'importants éléments du patrimoine détruits par la guerre civile et les talibans, en particulier au Musée archéologique de la capitale.

Elle effectue par ailleurs, ou soutient, de nombreuses fouilles dans le pays -à Mazar e Charif, Herat, dans la province de Wardak- ainsi qu'à Bamyan, autour du prestigieux site des Bouddhas, sculptés dans la falaise de grès entre les IIIe et VI siècles, témoignages uniques de la culture gréco-bouddhique et qui ont été dynamités par les talibans le 9 mars 2001.

La DAFA est aujourd'hui un établissement public à autonomie financière dont le budget annuel -280.000 euros- provient du ministère des affaires étrangères. Elle est dirigée par M. Roland Besanval, directeur de recherche au CNRS.

Après la Deuxième guerre mondiale, la coopération française s'est élargie au droit, à la santé puis, à partir du milieu des années 60, à l'agriculture et à la coopération institutionnelle (rédaction de la constitution de 1964 avec le concours du juriste français M. Louis Fougère). C'est à cette époque, en 1966, que fut signé l'accord de coopération culturelle, scientifique et technique, toujours en vigueur.

C'est aussi à cette occasion que fut décidée la reconstruction, par la France, du lycée Esteqlal de Kaboul. Le chantier fut lancé lors de la visite du Premier Ministre Georges Pompidou, en mai 1968, puis inauguré en 1974.

L'action de la France pour l'éducation -à travers les lycées Esteqlal et Malalai (pour les jeunes filles), et en faveur de l'enseignement universitaire du droit, ainsi que dans le domaine de la santé, entendait soutenir l'évolution vers la modernité que le roi Zaher Shah -lui-même pétri de culture française- souhaitait donner à son pays. A cette époque, d'autres pays privilégiaient les infrastructures (Etats-Unis, Union soviétique), ou l'énergie (Allemagne). La France a ensuite étendu sa coopération au domaine agricole -coton et sucre-.

Dès les débuts de l'invasion soviétique (1979), un fort courant de solidarité humanitaire a porté de nombreux Français à s'engager auprès des populations . Une assistance médicale et alimentaire a été ainsi dispensée dans les campagnes afghanes, en dépit des risques encourus. Ces ONG françaises sont restées, dans des conditions difficiles, durant les dix années de l'occupation soviétique, et pendant la guerre civile qui, de 1994 à 1996, a meurtri Kaboul, puis de 1996 à 2001 durant la phase particulièrement sombre du régime taliban.

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