B. AUJOURD'HUI, UNE COOPÉRATION ACTIVE AVEC DES MOYENS MESURÉS

Quelque 35 ONG françaises sont actuellement présentes en Afghanistan, avec le soutien financier du ministère des affaires étrangères, notamment dans le secteur de la santé. Ainsi l'hôpital Mère-Enfant de Kaboul, visité par la délégation, a été initié par l'ONG « Enfants afghans » avec l'aide de financements privés français et est soutenu par le ministère des affaires étrangères ( 600 000 euros de subventions sur 2005/2006) .

Sont également présentes Action Médicale Internationale, Action Contre la Faim, Handicap International, Médecins du Monde, ... 10 ( * )

Les ONG françaises couvrent aussi le secteur du développement rural, de l'éducation de base et de l'alphabétisation -ainsi de la reconstruction et la gestion du « Jardin des femmes » à Kaboul, par Action et Développement Solidaires International (ADSI) ; ce jardin, centre communautaire, accueille sur ses 4 hectares des centaines de femmes chaque jour, auxquelles sont proposés assistance psychologique, formations, alphabétisation, cours d'anglais, artisanat, etc...

Des ONG s'investissent aussi dans d'autres secteurs comme le soutien aux médias et la formation des journalistes. Ainsi, l'ONG Aina, fondée et présidée par le photographe Reza Deghati, qui édite également des magazines pour les femmes ou pour les enfants.

La coopération étatique a repris depuis 2002 et concentre son action sur les trois secteurs prioritaires de l'éducation, de l'agriculture et de la santé. Ainsi a pu être menée à bien la réhabilitation des lycées Esteqlal et Malalai et d'autres établissements scolaires hors Kaboul. Des programmes ont été lancés pour l'enseignement de la langue française -notamment en vue de la création d'une filière francophone aux lycées Esteqlal et Malalai- mais aussi pour l'enseignement de la médecine, du droit et du journalisme, pour la formation des enseignants et la réforme des programmes scolaires.

Dans le secteur de la santé, notre coopération appuie la mise en place d'une politique hospitalière de soutien des hôpitaux, à Kaboul et en province. Outre la formation des cadres du ministère de la santé, la France intervient pour la restructuration du système national de transfusion sanguine et la mise en place d'une politique du médicament. Elle concourt à la formation universitaire des formateurs en médecine et pharmacie et à celle des professionnels de santé.

Dans le domaine agricole, la France a, dès 2002, engagé une coopération concrète par l'envoi de semences, de farine et l'appui aux structures agricoles pour l'élevage ou l'arboriculture.

L'inscription de l'Afghanistan en Zone de Solidarité Prioritaire (ZSP) a permis l'intervention de l'Agence française de développement (AFD), qui a lancé un projet de relance de la culture cotonnière dans les provinces du Nord. Ce projet s'inscrit aussi dans le processus de substitution à la culture du pavot, ce qui lui confère une valeur exemplaire.


PROJET DAGRIS

Les autorités afghanes ont demandé à la société Dagris (ex-compagnie française de développement des textiles CFDT), de relancer la culture cotonnière en Afghanistan, qui fut autrefois l'une des richesses du pays.

Susceptible de constituer une alternative au développement des cultures illicites -pavot-, ce projet revêt donc un caractère essentiel en permettant de freiner l'extension de la culture du pavot à des régions jusqu'alors épargnées ce qui est le cas des zones concernées par le projet (Balkh, Kunduz).

Le projet de Dagris -mis en oeuvre par la société mixte Napcod-, est d'atteindre un niveau de production de 100.000 tonnes à l'horizon 2010 -contre 12.000 tonnes aujourd'hui- dans le Nord et le Nord-Est. 25.000 producteurs seront à terme concernés par la relance de la production cotonnière.

Ce projet comporte plusieurs volets : une politique semencière rigoureuse ; un service de conseil et d'appui aux producteurs porteurs d'innovations technologiques ; un dispositif de crédit et d'équipement pour l'acquisition d'intrants et de matériels agricoles ; un appui à l'organisation professionnelle des producteurs de coton ; une implication des producteurs dans la définition du prix d'achat du coton grainé ; le développement d'une interprofession associant la recherche, les services de conseil et d'appui, les producteurs, les égreneurs, les triturateurs et les fournisseurs d'intrants et d'équipements ; la modernisation des usines d'égrenage en visant une production de qualité, leur équipement en matériel de traitement et de conditionnement des semences...

Napcod a démarré ses activités en janvier 2005 et prévoit d'ensemencer 12.000 hectares. Elle s'est engagée à acheter la récolte aux producteurs à un prix fixé dès le début de la campagne.

Le coût global de ce programme a été évalué à 16,1 millions d'euros, dont 6,9 millions d'euros pour le volet agricole, 1,5 million d'euros pour la réhabilitation des unités industrielles existantes (Mazar e Charif et Koundouz) ; 5,3 millions d'euros pour la construction de deux nouvelles usines d'égrenage et la réhabilitation de l'huilerie de Koundouz ; 2,4 millions d'euros pour la constitution du fonds de roulement de la nouvelle compagnie cotonnière.

L'AFD subventionne ce projet à hauteur de 10 millions d'euros.

? La méthode et les moyens de la coopération française

La France coopère avec l'Afghanistan dans le souci d'une étroite association avec les nouvelles autorités afghanes, dans le cadre du processus de normalisation engagé avec les accords de Bonn. C'est le sens des différents projets qui visent -en réponse aux demandes des responsables afghans-, à appuyer la réhabilitation institutionnelle des différents ministères et de leurs autorités déconcentrées relevant des secteurs prioritaires de notre coopération : santé, agriculture ou éducation.

C'est aussi dans ce cadre que s'inscrit le programme de formation des administrateurs du futur parlement afghan qui, dans un pays dépourvu de véritable tradition parlementaire, revêt une importance politique centrale. La France consacre 2,5 millions d'euros à ce programme dont elle est, en liaison avec le PNUD, nation-pilote et auquel le Sénat et l'Assemblée nationale apportent un concours technique essentiel.

Cette coopération se conjugue aussi avec des actions concrètes visant par exemple l'augmentation de la production agricole, le sauvetage du patrimoine, la formation des militaires, de médecins, d'enseignants, de policiers, de journalistes...

La méthode suivie est un pari sur la durée : elle ne permet pas d'en attendre à court terme une forte visibilité, mais elle est appréciée des autorités afghanes alors que d'autres nations, Etats-Unis par exemple, ou organisations (ONU) privilégient le placement de leurs propres conseillers auprès des administrations afghanes, ne permettant donc que marginalement de renforcer les institutions nationales et d'en améliorer la qualité du service.

Notre coopération doit donc s'inscrire dans la durée, et ses fruits ne seront perceptibles qu'à moyen et long terme. A cet égard, l'entrée de l'Afghanistan dans la Zone de Solidarité Prioritaire (à titre provisoire) constitue un atout précieux dont il importe de tirer toutes les potentialités pour les projets financés sur le FSP.

Il reste que les moyens financiers que la France consacre au redressement de l'Afghanistan nous situent très en retrait par rapport à nos principaux partenaires, non seulement les Etats-Unis, ou le Japon, mais aussi l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne.... A cet égard, notre engagement n'est pas à la hauteur de l'ancienneté de notre coopération avec l'Afghanistan ni avec sa pérennité qui lui ont fait traverser les crises multiformes subies par le pays. Certes, les marges budgétaires sont restreintes et, à l'échelle mondiale, l'aide au développement française est l'une des plus généreuses. Il reste que le caractère stratégique de la consolidation d'un pays comme l'Afghanistan pourrait justifier un « ciblage » accru, à l'instar du choix effectué par nos partenaires européens sur un plan bilatéral.

DÉCOMPOSITION DE L'AIDE DE L'UNION EUROPÉENNE
ET DES ETATS MEMBRES PRINCIPAUX CONTRIBUTEURS (2003 ET 2004)

Principales contributions

2003

2004

Commission

301 M€

244 M€

Royaume-Uni

154 M€

154 M€

Allemagne

95 M€

80 M€

Espagne

63,9 M€

68,7 M€

Italie

48,8 M€

47 M€

Pays-Bas

54 M€

26,5 M€

Suède

30 M€

30 M€

France

30 M€

28 M€

Total Union européenne/Etats membres

801 M€

652 M€

* 10 Médecins Sans Frontières s'est retiré d'Afghanistan après l'assassinat, en juin 2004, de 5 membres de son personnel.

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