3. La reconstitution de la police et de l'armée nationale

. L'armée nationale afghane

La reconstruction d'une nouvelle armée nationale constitue l'un des piliers de la restauration sécuritaire mais aussi de l'Etat afghan lui-même dans ce qui représente un symbole régalien par excellence.

L'objectif défini par l'accord de Bonn-Petersberg est de créer cette nouvelle armée, professionnelle et multi-ethnique, sur un format de 70 000 hommes à l'échéance de 2007, soit avec 4 ans d'avance par rapport au calendrier initial, grâce au volontarisme manifesté par la communauté internationale et par les Afghans eux-mêmes sur cette question.

En juin 2005, l'ANA ne comptait encore que quelque 20 000 hommes. Ceux-ci sont recrutés sur la base du volontariat et l'ANA reproduira, à chaque niveau hiérarchique, la composition ethnique du pays.

Ce programme, dirigé par les Etats-Unis est aussi réparti entre trois nations contributives, en particulier les Etats-Unis, le Royaume Uni, et la France qui toutes trois participent à l'instruction de l'ANA : les Etats-Unis ont en charge les hommes du rang, le Royaume Uni les sous-officiers et la France les officiers. C'est dans la capitale que le Kabul Military Training Center (KMTC) forme, en permanence, cinq bataillons (entre 600 et 800 hommes par bataillon) sur un cycle de 11 semaines.

La formation dispensée par la France s'effectue à trois niveaux : au KMTC, une cellule d'assistance et de conseil de trois officiers supervise l'action d'une trentaine d'instructeurs afghans déjà formés par la France pour la formation -pendant 11 semaines- de stagiaires de niveau chef de section, commandant d'unité élémentaire ou officier d'état-major de niveau bataillon. Par ailleurs, une école d'état-major instruit, toujours en 11 semaines, les officiers supérieurs.

Enfin, des stages de spécialité sont organisés, à la demande, au sein de l'Ecole d'état-major.

L'ANA est essentiellement employée dans les opérations anti-terroristes dans le cadre de l'opération Enduring freedom . Il reste que sa faible capacité à manoeuvrer et à conduire des opérations, son déficit en équipements lourds ne lui permettent pas de prendre toute sa part dans les opérations. Par ailleurs, l'ANA est confrontée à des problèmes récurrents de discipline -retour tardif dans les casernements, voire désertions-. Pour autant, le succès de la mise en place d'une telle armée aura un impact essentiel sur les autres volets de la reconstruction du pays.

. L'Afghan national police

C'est l'Allemagne qui est nation-pilote de ce programme de formation de la police, auquel participent également d'autres nations, dont les Etats-Unis et la France.

Les effectifs de la police s'élevaient en juin 2005 à quelque 54 000 hommes dont 18 000 officiers et 4 800 sous-officiers.

L'Allemagne a choisi un mode de formation étalé sur un an pour les policiers de base, deux ans pour les sous-officiers et trois ans pour les officiers. 2 600 officiers et sous-officiers ont déjà bénéficié de cette formation et 4 000 policiers du rang. Pour leur part, les formateurs américains privilégient la quantité des effectifs formés sur la durée de l'instruction : celle-ci, dispensée souvent par des sociétés privées de sécurité composées de militaires ou policiers en retraite, s'étend sur 8 ou 4 semaines, voire seulement deux- 25 000 policiers auraient ainsi déjà été formés sur ce modèle.

Les Etats-Unis assurent aussi une formation spécifique pour la police anti-drogue à travers des unités chargées de l'éradication des champs de pavot ou des unités d'intervention.

La formation française pour la police est en effet orientée dans deux directions : la lutte anti-drogue mais aussi la reconstitution de la brigade de protection des mineurs de Kaboul qui avait été supprimée par le régime taliban. Cette action revêt une importance toute particulière compte tenu de l'extrême vulnérabilité des enfants face aux agressions de toute nature et aux traitements dont ils sont fréquemment les victimes.

La France a aussi mis en place en 2004 le premier groupe d'intervention de la police afghane au sein de la « police anti-drogue », désormais engagé dans des opérations ponctuelles contre les trafiquants.

Sur la durée, l'un des enjeux majeurs de cette reconstruction de la police afghane sera de s'assurer de son respect des droits de l'homme, ce qui est loin d'être le cas à présent où les cas de mauvais traitements et de tortures après arrestation sont encore habituels.

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