B. L'EXTRÊME PAUVRETÉ : UNE ÉCONOMIE À RECONSTRUIRE

1. Une économie traditionnelle ruinée par la guerre ...

L'économie afghane a été ruinée par les 23 années de guerre, mais elle n'avait même jamais auparavant atteint ce « seuil du développement » auquel le roi Zaher Shah ambitionnait, durant son règne (1933-1973) de conduire son pays.

L'agriculture demeure l'activité dominante : elle concourt pour 42 % au PIB 6 ( * ) et emploie 87% de la population active. Mais après les destructions de la guerre -champs minés, structures d'irrigation détruites ou endommagées-, il lui faut aujourd'hui compter avec des conditions climatiques difficiles et plusieurs années consécutives de sécheresse. Alors qu'en 1978 l'Afghanistan était autosuffisant en céréales, fruits et légumes, ces productions, dès la fin des années 80, avaient chuté de 45 %. Grâce à l'aide internationale apportée depuis 2001 par la fourniture de semences et d'engrais, le niveau des récoltes a néanmoins augmenté considérablement. Cette reprise démontre que l'agriculture peut redevenir une base solide pour la reconstitution de l'économie afghane.

Le secteur industriel -petites entreprises artisanales pour l'essentiel-, ne représente que 9 % du PIB afghan. L'économie afghane est dominée en réalité par le secteur informel qui mobilise 80 à 90 % des acteurs économiques du pays. Cela vaut évidemment pour l'opium mais aussi pour d'autres productions agricoles, celles-ci licites, qui servent de monnaie d'échange ou à l'auto consommation. La production d'électricité elle-même est souvent obtenue par de petits générateurs privés.

Ce secteur informel, à l'origine d'un fort dynamisme économique depuis 2001, n'apporte cependant, par définition, rien à l'Etat en termes de revenus fiscaux et contribue aussi, comme l'opium, à affaiblir son autorité déjà fragile. Il se nourrit de l'absence d'Etat de droit et de cadre juridique, de l'insécurité d'une partie du pays et ne peut, sur le long terme, qu'être un obstacle à la reconstitution et à la croissance durable de l'économie afghane.

Les richesses minières du pays -charbon, gaz, pétrole-, n'ont jamais été véritablement exploitées, et les autres richesses du sous-sol -cuivre, pierres précieuses ou semi précieuses- sont en friches.

Le secteur des services (13 % du PIB) consiste surtout dans un commerce florissant, mais profitant surtout à des fortunes marchandes résidant au Pakistan ou dans les Emirats. Quant aux services financiers, ils se retrouvent essentiellement dans le secteur informel.

Les obstacles à la reprise économique tiennent essentiellement à l'état de délabrement des principales infrastructures de base, classées parmi les plus mauvaises au monde, y compris derrière celles des pays d'Afrique subsaharienne. Ainsi des infrastructures de communications : le réseau routier est délabré -même si des réalisations ont été faites, en particulier sur les grands axes, sur financements américains-, les voies ferrées sont inexistantes ; quant aux voies de communication aériennes, la réhabilitation des moyens radars et de guidage des avions est nécessaire.

De même, l'absence d'un véritable système bancaire, bloque toute possibilité d'investissement ou le développement du commerce. L'absence de cadre légal et réglementaire est aussi un facteur d'insécurité majeur pour les acteurs économiques et commerciaux.

Les capacités de production d'énergie sont insuffisantes -Kaboul ne dispose pas de quoi satisfaire la moitié de ses besoins énergétiques.

* 6 hors opium qui concourt à hauteur de 35 % du PIB.

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