II. LA MOBILISATION DE L'AIDE INTERNATIONALE

Il est impossible de recenser l'ensemble des aides réellement reçues par le Niger de la part des bailleurs bilatéraux, des entreprises, des ONG, au-delà des déclarations d'intention. Elles ont été extrêmement nombreuses, mais leur volume global, au titre de l'aide alimentaire, est resté limité , les actions de lutte contre la malnutrition infantile ayant connu, en revanche, un développement opportun.

La gestion de l'aide alimentaire a été réalisée au cours de l'été par des distributions gratuites de céréales achetées par le programme alimentaire mondial (PAM) et le dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires, les vivres achetés par le premier opérateur étant distribués, concrètement, sur le terrain, par des ONG internationales et locales.

A. LA MISE EN PLACE DE DISTRIBUTIONS GRATUITES CONSIDÉRABLES

« L'emballement » de l'aide internationale s'est traduit par une réévaluation à la hausse des besoins du programme alimentaire mondial. Celui-ci a lancé un appel, dans le cadre d'un « flash appeal » de l'ONU de 57 millions de dollars, qui a été satisfait à 58 %.

Les contributeurs bilatéraux ayant répondu ne contribuent pas, par ailleurs, au dispositif national de prévention et de gestion de crises. Certains, pays comme l'Allemagne avaient prévu de faire une contribution au dispositif national avant de la transformer en don pour le PAM.

La volonté du programme alimentaire mondial de créer un dispositif d'approvisionnement parallèle à celui du dispositif national de prévention et de gestion de crises a pu provoquer de vives tensions , avivées par le refus du PAM de fournir la logistique nécessaire pour transporter quelques tonnes de vivres du dispositif national. Alors que le PAM représente les donateurs auprès du comité national, la volonté de monter de manière unilatérale une campagne médiatique internationale, et le lancement de distributions gratuites de vivres, ont pu être perçus, à juste titre, comme un geste de défiance vis-à-vis du dispositif national . Celui-ci s'est retrouvé dans un premier temps fragilisé, au lieu d'être conforté dans la gestion de la crise alimentaire nigérienne. Il s'est trouvé contraint de s'aligner, non pas sur une politique ciblée de distribution gratuite de vivres, mais sur une politique de distribution gratuite généralisée.

Les tensions s'étant apaisées début août 2005, un cadre de coordination de la distribution de l'aide a pu être défini. Les zones de distribution ont été réparties entre le PAM et le dispositif national. Des réunions de concertation hebdomadaires ont pu être organisées, les ONG étant invitées, à l'exception de celles oeuvrant en matière nutritionnelle, à distribuer localement les vivres achetés par le PAM.

Les contributions 36 ( * ) au programme alimentaire mondial (PAM) dans le cadre de la crise alimentaire au Niger 37 ( * )

(en millions de dollars)

Etats-Unis

5,2

Canada

3,2

Royaume-Uni

2,7

Pays-Bas

2,5

Danemark

2,4

Vénézuela

1,5

Australie

1,5

Allemagne

1,5

Belgique

1,2

Luxembourg

1,2

Italie

1,2

Irlande

1,2

Union européenne

1,2

Turquie

0,6

Banque africaine pour le développement

0,5

Finlande

0,366

Nouvelle Zélande

0,349

Norvège

0,306

Suisse

0,039

Monaco

0,036

1. Le cadre de la distribution gratuite

Le plan général de distribution gratuite de vivres, établi début août par le PAM et le dispositif national de prévention et de gestion des crises, a prévu la distribution de 100 kilos de céréales, par entité de 7 personnes, soit l'équivalent d'une ration de 1 mois de consommation à l'ensemble des 2,7 millions de personnes dans les zones vulnérables , d'ici la fin septembre. Au total, ceci représente 41.332 tonnes, dont 30.078 tonnes pour le PAM et 11.045 tonnes pour le dispositif national.

Il a prévu ensuite une deuxième distribution, supplémentaire, d'une demi-ration de céréales (50 kilos) et 10 kilos de légumineuses aux seules 1,7 million de personnes dans les zones extrêmement critiques et critiques fin septembre-début octobre, ces personnes ayant bénéficié en premier de distributions gratuites début août 2005. Le total de cette aide complémentaire représente 14.583 tonnes. Seul le PAM est responsable de cette deuxième distribution.

Un autre plan de distribution a par ailleurs du être établi pour prendre en compte de nouvelles zones déclarées à problème (322.883 personnes), pour un total de 4.612,6 tonnes.

Toutes ces distributions devaient être achevées avant la pleine saison de récolte, dont le ministère de l'Agriculture estime qu'elle va de la fin septembre à la mi-octobre selon les régions.

* 36 Il convient d'ajouter à cette liste des donateurs multilatéraux pour 1,8 million d'euros et des entreprises : Véolia et Petronas. Le PAM a donc aujourd'hui un déficit de 23 millions de dollars sur son opération Niger, assumé à hauteur de 20 millions d'euros par son fonds d'urgence.

* 37 A noter que la France contribue au PAM pour les cantines scolaires (1 million d'euros) mais cette aide particulière ne figure pas dans le tableau.

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