4. Toutes les politiques budgétaires de soutien conjoncturel recourant au déficit peuvent être qualifiées d'insoutenables, ce qui ne suffit pas à les discréditer...

Les politiques budgétaires recourant à un déficit élevé ont naturellement pour effet d'augmenter la dette publique . Toutefois, cet enchaînement ne doit pas conduire à discréditer les politiques budgétaires conjoncturelles. La politique budgétaire contra-cyclique permet d'enrayer le ralentissement de la croissance, ce qui limite « ex post » les effets « ex ante » du déficit sur la dette publique.

Conséquence mécanique de la politique budgétaire américaine, la dette publique détenue par le public 73 ( * ) est passée entre fin 2001, point bas de la dette publique des États-Unis depuis 20 ans, et 2003 de 3.300 milliards à 3.900 milliards de dollars.

POIDS DE LA DETTE PUBLIQUE DÉTENUE PAR LE PUBLIC AUX ÉTATS-UNIS DANS LE PIB

(en points de PIB)

1999

2000

2001

2002

2003

41

35

34

35

36

Source : Office of Management and Budget.

L'impact relativement limité du creusement du déficit public sur la dette doit être relevé et montre que l'efficacité de la politique budgétaire, en termes de stabilisation conjoncturelle, permet de limiter ses conséquences financières.

Le ratio dette publique/PIB varie en fonction de la dynamique de son numérateur, qui est influencé par les flux d'endettement supplémentaire. Mais, il varie aussi en fonction de la dynamique du dénominateur. Or, le PIB nominal des États-Unis s'est accru durant la période sur un rythme rapide, ce qui a limité le glissement du ratio dette publique/PIB.

En adoptant un point de vue purement comptable, on observe que si le solde public des États-Unis avait été constamment équilibré au cours de la période, la dette publique serait passée entre 2000 et 2003 de 35 à 29,4 points de PIB, avec la croissance observée (3,8 % en moyenne annuelle). Autrement dit, le déficit public stabilisant la dette, avec une croissance nominale de 3,8 % l'an, est, aux États-Unis de 1,9 point de PIB .

On observera, incidemment, que les « marges de manoeuvre » de la France sont, théoriquement, plus importantes . Avec une croissance nominale de 3,8 % par an entre 2000 et 2003 , le poids de la dette publique dans le PIB relevé en 2000 aurait été stabilisé avec un déficit public de l'ordre de 2,9 points de PIB.

En effet, plus le stock de dette initial est élevé, moins fort est l'impact d'un déficit public donné. Ainsi, comptablement, un déficit de 1 point de PIB augmente de 10 % une dette de 10 points tandis qu'il n'accroît que de 1 % une dette de 100 points de PIB. Ce « paradoxe de la dette » conduit à s'interroger sur la pertinence d'une appréciation de la politique budgétaire à partir d'un seul objectif de stabilisation de la dette publique , à l'heure où la Commission européenne propose d'emprunter une telle voie.

* 73 Ce concept est le plus proche du concept européen de dette publique.

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