B. LE DRONE DE SURVEILLANCE DE LONGUE ENDURANCE : LA DÉFINITION DU BESOIN

Le besoin d'un vecteur de surveillance aérienne cumulant la capacité d'observations de zones éloignées et le transfert rapide des informations collectées a été initialement exprimé, en France, par la Direction du Renseignement Militaire (DRM), créée au sein du ministère de la Défense en 1992, au lendemain de la guerre du Golfe.

Le renseignement d'intérêt militaire exige, en effet, de pouvoir disposer rapidement, en continu, et souvent sous faible préavis, de renseignements sur l'ensemble d'une zone déterminée, besoin qui peut aussi s'exprimer en temps de paix.

Ce suivi de situation à grande distance engendre des besoins en communications importants, afin de pouvoir rapatrier rapidement les données collectées. Dans cette perspective, le satellite représente un support intéressant, car le renseignement documentaire peut être enregistré à bord, mais nécessite d'être réorienté et affiné en cours de mission, notamment pour les missions ROEM (renseignements d'origine électro-magnétique).

La réussite des missions de renseignement requiert une permanence sur la zone observée de quelques jours à plusieurs semaines. Elle réclame également la capacité pour les vecteurs de survoler des territoires présentant des risques pour ceux-ci, ainsi qu'une couverture géographique mondiale et une capacité en quasi temps réel.

La capacité de recueil autonome de l'information ainsi décrite relève du besoin interarmées . Le choix optimal portait, pour la DRM, sur un engin de type Haute Altitude Longue Endurance (HALE), aux performances supérieures à celles des moyens courriers civils : rayon d'action de 3 000 km, altitude de vol pouvant atteindre 20 000 m, distance franchissable de 18 000 km, vitesse supérieure à 600 km/h, et charge utile de 2 tonnes.

Ce type de drone stratégique permet d'accomplir une mission à tout endroit du globe, de s'y maintenir le temps nécessaire à une observation complète de la zone visée, et de transmettre les informations recueillies en temps réel par une liaison satellite. Ces caractéristiques permettent de réaliser la mission de renseignement stratégique dévolue à la DRM, mais entraînent un coût très élevé. Le Comité d'architecture des systèmes de forces a donc porté son choix, en juillet 2005, sur les drones de théâtre MALE. Ces engins devraient donc voir leurs capacités suffisamment développées pour pallier, autant que faire se peut, l'absence de drone HALE.

La DRM utilisera donc les informations qui seront fournies d'abord par le SIDM lorsqu'il pourra être mis en oeuvre par l'armée de l'air. Jusqu'à 2004, elle bénéficiait également de la surveillance réalisée par le DC 8 SARIGUE (Système Aéroporté de Recueil d'Information de Guerre Électronique) et du Mirage IV, qui ont été retirés du service, du fait du coût très élevé de leur maintenance. Elle bénéficie toujours des éléments fournis par la Transall « Gabriel », spécialisé en ROEM.

Ultérieurement, l'autonomie du recueil de l'information, qui est un élément constitutif de l'indépendance nationale, sera assurée par les drones MALE, dont la commande a été prévue, à raison de 12 unités, par la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2003/2008 .

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