3. Le secteur de l'édition : entre  mirage  et mutation

a) Le livre : un potentiel de développement

Dans un éditorial récent 13 ( * ) , Mme Christine Ferrand, rédactrice en chef de LivresHebdo , évoque le « mirage chinois ». Car, selon elle : « pour l'instant, la Chine ne s'est pas encore éveillée à la lecture » et « le gigantisme de quelques librairies pékinoises ne doit pas faire oublier qu'une grande partie de la population ne lit pas. »

Il est vrai que, dans ce pays de 1,3 milliard d'habitants, les tirages moyens en littérature dépassent rarement les 5 000 exemplaires...

Entre 1992 et 2002, la Chine a acheté les droits de traduction de 50 000 livres seulement. Mais ce chiffre a dépassé les 12 000 livres pour la seule année 2003. Le tableau ci-après montre que la part de la France reste modeste, avec 342 livres en 2003 et 313 en 2004. A l'inverse, il faut relever que, d'après les statistiques du Syndicat national de l'édition (SNE), les éditeurs français n'ont acheté à l'édition chinoise que 10 titres en 2004.

LES ACHATS DE DROITS DES CHINOIS

(en nombre de titres)

2002

2003

2004

TOTAL

10 235

12 516

10 040

Dont :

USA

4 544

5 506

4 068

Grande-Bretagne

1 821

2 505

2 030

Taïwan

1 275

1 319

1 173

Japon

908

838

694

Allemagne

404

653

504

France

194

342

313

Hongkong

178

335

264

Corée

275

269

250

Source : Bureau national des droits d'auteur (Chine)

Le potentiel de développement peut s'avérer toutefois considérable. Dans ces conditions, la 12 e édition de la foire du livre de Pékin, qui s'est déroulée du 1 er au 5 septembre dernier et dont la France a été l'invitée d'honneur, a incité certains éditeurs à l'optimisme.

110 éditeurs français ont participé à cette manifestation, qui leur a permis d'enrichir leurs contacts avec les éditeurs chinois. Elle a également permis de comparer les problématiques de nos deux pays en matière d'organisation de la chaîne du livre, de propriété intellectuelle et de stratégie éditoriale.

Le secteur de l'édition connaît une réelle mutation . Si personne ne s'attend à un abandon rapide du monopole éditorial de l'Etat chinois, il faut toutefois souligner le développement de l'édition privée. Si théoriquement, les 570 maisons officielles sont les seules à pouvoir obtenir des ISBN 14 ( * ) , des centaines d'entrepreneurs privés contribuent également à l'activité éditoriale. L'Etat chinois a certes publié, en juillet 2005, un décret incitant les maisons publiques à limiter leur recours à des éditeurs tiers, mais cette démarche semble liée à leur souhait de professionnaliser le secteur et de limiter la revente à prix d'or de numéros d'ISBN à des entrepreneurs culturels.

En réalité, l'essor des échanges de droits éditoriaux entre la France et la Chine dépend de plusieurs facteurs :

- la plus ou moins grande efficacité de la lutte contre le piratage ;

- l'évolution du prix public du livre. D'un montant moyen d'environ 2 euros, celui-ci ne rend pas les contrats très lucratifs à l'heure actuelle ;

- l'amélioration de la distribution du livre. Cette dernière laisse aujourd'hui à désirer et la couverture du territoire n'est pas assurée ;

- les progrès en matière de traduction. La délégation se réjouit, à cet égard, de la récente décision du ministère français des affaires étrangères de susciter un « pôle de traduction » à Pékin, afin de contribuer à la formation de professionnels chinois.

* 13 Editorial de « LivresHebdo » du 9 septembre 2005.

* 14 L'ISBN (International standard book number), ou Numéro international normalisé du livre, identifie de manière univoque une monographie quel qu'en soit le support de publication.

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