3. Un partenaire pour la France

La France et l'Afrique du Sud ont un intérêt partagé pour l'Afrique et les défis de son développement. Chacun des deux pays a conscience à la fois du caractère décisif de la stabilité du continent et de l'inadéquation de ses seuls moyens à l'enjeu.

Un partenariat renforcé avec l'Afrique du sud conjugue pour la France l'impératif de poursuivre son engagement historique en Afrique et la nécessité de travailler dans les pays dits « émergents », dont la place dans l'économie mondiale et sur la scène internationale est et sera décisive.

A propos du conflit ivoirien, quelles qu'aient pu être les différences d'appréciation, l'action de la France pour mettre fin aux combats a été appréciée. Certains des interlocuteurs de vos rapporteurs ont même plaidé, évoquant le cas du Tchad, pour un réengagement plus important de notre pays pour préserver l'unité des Etats.

Ce partenariat nécessite un travail d'explication réciproque : l'Afrique du sud est un partenaire exigeant pour la France, ancienne puissance coloniale, mais ses intérêts ne coïncident pas toujours non plus avec ceux du reste de l'Afrique et notamment ceux des pays les moins avancés. Vos rapporteurs ont ainsi été frappés par l'évocation, à plusieurs reprises au cours des entretiens, du démantèlement des subventions agricoles, selon un argumentaire plus proche de celui du groupe de Cairns que de celui des acteurs du développement rural dans les PMA d'Afrique sub-saharienne. Et ce alors même que la Chine, pourtant perçue comme un pays allié, inquiète par l'impact de ses exportations de textile sur l'industrie locale.

L'Afrique du Sud poursuit une ambition dont les objectifs peuvent coïncider avec ceux de la France. Quelques années après la transition, elle est devenue une démocratie aux fondements solides.

4. Quelles conséquences sur la géopolitique du continent ?

Le renforcement des puissances régionales est un « effet collatéral » et ambigu de la promotion du multilatéralisme et des organisations sous-régionales. En effet, faute de disposer des capacités suffisantes, les organisations sous-régionales devront s'appuyer sur celles de ces Etats. A cet égard, Afrique du Sud et Nigeria constituent deux pôles essentiels de l' Afrique sub-saharienne.

Cette forme de prééminence doit être encadrée et acceptée, faute de quoi l'intervention de ce type d'Etat ne pourra être perçue que comme une intrusion d'autant plus contestable qu'elle est le fait d'un « grand voisin ». Le soutien au processus de construction régionale et au développement de capacités nationales pour les opérations de maintien de la paix comme au Sénégal ou au Ghana en Afrique de l'Ouest est nécessaire à l'amélioration des équilibres régionaux.

Le développement des capacités militaires d'Etats comme l'Ouganda, le Rwanda ou encore l'Angola en font des partenaires appréciés pour les opérations de maintien de la paix. Pour la France, les relations avec le Rwanda restent marquées par les difficultés d'un dialogue qui doit se poursuivre et les différences d'appréciation sur les événements de 1994. En tout état de cause, le rôle de ces armées dans leur environnement régional et la poursuite par les Etats qui les engagent d'objectifs nationaux particuliers doivent cependant faire l'objet de la plus grande vigilance.

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