CHAPITRE 1 - LE COMPORTEMENT DES MÉNAGES : MOTEUR DE LA CROISSANCE À MOYEN TERME ?

Dans l'ensemble des scénarios présentés par votre Délégation, la consommation des ménages est le principal moteur de la croissance du PIB et évolue plus rapidement que celui-ci.

Mais, les ressorts de la consommation varient fortement selon les scénarios . Dans le scénario central , une baisse importante du taux d'épargne des ménages conditionne la dynamique de la consommation. Dans les deux autres scénarios , le revenu disponible brut enregistre des gains de pouvoir d'achat plus favorables qui permettent de nourrir la consommation sans que le taux d'épargne des ménages doive beaucoup reculer.

Ces différentes configurations s'expliquent par la diversité des politiques budgétaires retracées dans les scénarios proposés.

Dans le scénario central, l'impulsion budgétaire agit négativement sur les agents économiques privés (ménages et entreprises). Il est alors essentiel que la « réépargne publique », en quoi consiste la réduction du déficit public, soit compensée par une désépargne privée, sans quoi la croissance économique se tasserait.

Dans les deux autres scénarios, l'impulsion budgétaire est neutre (ou plus faiblement négative) si bien qu'un simple maintien (ou une inflexion plus modérée) du comportement des ménages permet de suivre un rythme de croissance que la restriction budgétaire du scénario central empêche d'atteindre en projection sans une assez nette baisse de leur épargne.

Il faut donc se poser la question des mécanismes qui permettraient de satisfaire cette dernière condition ainsi que celle des impacts vraisemblables d'une configuration où les ménages prendraient le relais de l'endettement public.

Mais, on peut aussi tirer des projections de votre Délégation d'intéressants éléments de débat de politique économique. Les perspectives de gains de pouvoir d'achat sont limitées, d'autant que les instruments budgétaires mobilisés dans le passé pourraient n'être plus disponibles. Des voies alternatives sont envisageables. L'une supposerait une réorientation des tendances en cours en Europe. Il parait assez peu probable qu'elle soit suivie, mais le débat mérite d'être ouvert. Une autre éventualité doit être envisagée, celle d'une augmentation du rythme de la productivité. Ses conditions sont discutées dans le chapitre qui suit.

I. LA DEMANDE DES MÉNAGES : MOTEUR DE LA CROISSANCE GRÂCE À UNE BAISSE DU TAUX D'ÉPARGNE ?

Dans les trois scénarios présentés par votre Délégation, la consommation des ménages est le moteur de la croissance et elle varie plus favorablement que le PIB.

Dans le scénario central (tableau n° 1), la consommation augmente d'un peu plus de 2,5 % par an en volume contre une progression du PIB de 2,2 %.

Tableau n° 1
ÉVOLUTION DU PIB ET DE SES PRINCIPALES COMPOSANTES 2007-2011
DANS LE SCÉNARIO CENTRAL

(en %)

2007

2008

2009

2010

2011

PIB en volume

2,2

2,2

2,2

2,2

2,2

Importations

6,5

5,1

5,1

4,7

4,7

Consommation des ménages

2,4

2,6

2,6

2,5

2,5

FBCF des SNF-El

3,3

5,0

5,1

4,6

4,6

Exportations

5,8

5,3

5,5

4,9

4,9

Contributions

Demande intérieure hors stocks

2,3

2,2

2,2

2,2

2,2

Solde extérieur

-0,3

0,0

0,0

0,0

0,0

Variations de stocks

0,2

0,0

0,0

0,0

0,0

Sources : INSEE, prévisions OFCE.

Dans le scénario tendanciel (tableau n° 2), pour une croissance économique un peu supérieure à 2,5 % l'an, la consommation des ménages augmente en moyenne annuelle de plus de 2,9 % entre 2008 et 2011.

Tableau n° 2
ÉVOLUTION DU PIB ET DE SES PRINCIPALES COMPOSANTES 2007-2011
DANS LE SCÉNARIO TENDANCIEL

(en %)

2007

2008

2009

2010

2011

PIB en volume

2,2

2,5

2,5

2,4

2,4

Importations

6,6

6,5

6,2

6,0

5,9

Consommation des ménages

2,5

2,9

3,1

2,8

2,7

FBCF des SNF-El

3,4

4,8

4,7

4,2

4,4

Exportations

5,8

6,2

5,8

5,9

5,8

Contributions

Demande intérieure hors stocks

2,3

2,8

2,8

2,7

2,6

Solde extérieur

-0,3

-0,2

-0,2

-0,2

-0,2

Variations de stocks

0,2

0,0

0,0

0,0

0,0

Sources : INSEE, prévisions OFCE.

Enfin, dans le scénario alternatif (tableau n° 3), la croissance économique atteint 2,2 % en moyenne annuelle, comme dans le scénario central mais la consommation est un peu mieux orientée. Elle suit un rythme annuel moyen de 2,7 % (contre 2,5 % dans le scénario central).

Tableau n° 3
ÉVOLUTION DU PIB ET DE SES PRINCIPALES COMPOSANTES 2007-2011
DANS LE SCÉNARIO ALTERNATIF

(en %)

2007

2008

2009

2010

2011

PIB en volume

2,2

2,0

2,2

2,4

2,4

Importations

6,5

5,0

5,2

5,3

5,3

Consommation des ménages

2,4

2,5

2,6

2,8

2,8

FBCF des SNF-El

3,3

3,3

4,3

2,2

2,2

Exportations

5,8

5,3

5,4

4,9

4,9

Contributions

Demande intérieure hors stocks

2,3

1,9

2,2

2,6

2,6

Solde extérieur

-0,3

0,0

0,0

-0,2

-0,2

Variations de stocks

0,2

0,0

0,0

0,0

0,0

Sources : INSEE, prévisions OFCE.

Si les rythmes de la consommation des ménages sont comparables dans les trois scénarios, les conditions nécessaires pour y parvenir diffèrent nettement (graphique n° 1).

En effet, les gains de pouvoir d'achat du revenu disponible brut des ménages sont nettement différents dans les trois scénarios , si bien que la baisse du taux d'épargne des ménages que suppose chacun des scénarios de consommation est très variable .

Excepté dans le scénario alternatif , où il rejoint son niveau de 2007, le taux d'épargne des ménages doit baisser pour que, compte tenu de leurs gains de pouvoir d'achat, leur consommation suive les rythmes mentionnés plus haut.

Graphique n° 1
TAUX D'ÉPARGNE DES MÉNAGES DANS LES DIFFÉRENTS SCÉNARIOS

(en % du RDB)

Sources : INSEE, prévisions OFCE.

Cependant, si dans le scénario tendanciel cette baisse est modérée (-0,6 point entre 2007 et 2011), elle doit être très accusée dans le scénario central . Le taux d'épargne des ménages doit se replier de 1,6 point pour se situer en 2011 à 13 points de revenu, soit un niveau jamais connu depuis 1990.

Si les profils que doit suivre le taux d'épargne des ménages diffèrent à ce point, c'est que le pouvoir d'achat de leur revenu relève de dynamiques variables. Dans le scénario central , le revenu disponible des ménages progresse de 2,1 % en volume par an (tableau n° 4).

Tableau n° 4
PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE L'ÉVOLUTION DU COMPTE DES MÉNAGES
DANS LE SCÉNARIO CENTRAL - DE 2007 À 2011

(en volume, en %)

2007

2008

2009

2010

2011

Revenu disponible brut

2,3

2,3

2,0

2,0

2,0

Salaire réel dans...

... le secteur marchand

1,6

1,7

1,7

1,7

1,7

... le secteur non marchand

0,7

0,1

0,3

0,9

1,1

Prestations sociales

1,5

0,4

0,3

0,6

0,6

Consommation des ménages

2,4

2,6

2,6

2,5

2,5

Taux d'épargne des ménages

14,6

14,3

13,8

13,4

13,0

Sources : INSEE, prévisions OFCE.

La réduction du déficit public - qui y passe par un effort structurel important - oblige à une progression très modérée des dépenses publiques. Celle-ci pèse sur les revenus distribués par les administrations publiques, sous forme de salaires versés à leurs agents ou de prestations sociales.

Cette contrainte est desserrée dans le scénario tendanciel . Le revenu disponible des ménages enregistre un gain de pouvoir d'achat annuel moyen de 2,6 % (tableau n° 5).

Tableau n° 5
PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE L'ÉVOLUTION DU COMPTE DES MÉNAGES
DANS LE SCÉNARIO TENDANCIEL

(en volume, en %)

2007

2008

2009

2010

2011

Revenu disponible brut

2,5

2,7

2,8

2,6

2,4

Salaire réel dans...

... le secteur marchand

1,6

1,7

1,7

1,6

1,7

... le secteur non marchand

0,7

0,7

1,7

1,1

1,6

Prestations sociales

1,5

1,8

1,5

1,3

1,4

Consommation des ménages

2,5

2,9

3,1

2,8

2,7

Taux d'épargne des ménages

14,6

14,6

14,4

14,2

14,0

Sources : INSEE, prévisions OFCE.

Tableau n° 6
PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE L'ÉVOLUTION DU COMPTE DES MÉNAGES
DANS LE SCÉNARIO ALTERNATIF

(en volume, en %)

2007

2008

2009

2010

2011

Revenu disponible brut

2,3

2,2

2,4

3,1

3,1

Salaire réel dans...

... le secteur marchand

1,6

1,7

1,7

1,7

1,7

... le secteur non marchand

0,7

0,2

0,4

3,0

3,0

Prestations sociales

1,5

0,6

1,4

3,0

3,0

Consommation des ménages

2,4

2,5

2,6

2,8

2,8

Taux d'épargne des ménages

14,6

14,4

14,2

14,4

14,6

Sources : INSEE, prévisions OFCE.

Dans le scénario alternatif , l' évolution du pouvoir d'achat est analogue (+2,7 % en moyenne) , mais elle suit un profil plus heurté (tableau n° 6). Les efforts de maîtrise des dépenses publiques réalisés en début de période pour rejoindre la cible de dette publique (60 % du PIB) freinent les gains de pouvoir d'achat. Puis, dans la deuxième partie de la projection, un relâchement de la contrainte sur les dépenses publiques permet aux ménages de retrouver des gains substantiels de pouvoir d'achat.

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