C. PROJECTIONS À LONG TERME DES POTENTIELS

La croissance potentielle ralentirait en France de 2,1 % en 2005 à 1,7 % sur la période 2021-2050 (tableau 2). Ce ralentissement serait principalement causé par le vieillissement : la population en âge de travailler (de 15 à 64 ans) progresse encore de 0,6 % en 2005 et baisserait de 0,2 % par an sur la période 2021-2050. Le taux d'activité et les gains tendanciels de productivité resteraient en effet relativement stables autour de 69 % et de 1,7 %. En supposant que l'économie française retourne au plein-emploi (taux de chômage à 4,5 %) en 2015, la croissance pourrait dépasser la croissance potentielle de 0,5 % par an jusqu'à cet horizon.

En Allemagne, la plus faible croissance potentielle (1,2 % en 2005) provient à la fois d'une population en âge de travailler déjà en baisse (-0,3 %) et d'une progression limitée de la productivité tendancielle (0,9 %). La croissance potentielle se stabiliserait à 1,1 % sur la période 2021-2050, du fait d'une plus forte baisse de la population (-0,8 % par an) compensés par de plus forts gains de productivité (1,7 % par an). Le retour plus progressif au plein-emploi permettrait un surcroît de croissance de 0,3 point par an jusqu'en 2030 et de 0,1 point par an entre 2030 et 2050.

En Italie, la croissance potentielle serait au même niveau que l'Allemagne (1,2 % en 2005), mais cela s'expliquerait exclusivement par des gains de productivité tendanciels très faibles (0,5 %). La hausse des gains de productivité (1,7 % par an à partir de 2020) compenserait la baisse de la population en âge de travailler et le potentiel se stabiliserait comme en Allemagne à 1,1 % sur la période 2021-2050. Le schéma de retour au plein-emploi serait progressif comme en Allemagne.

Finalement, du fait d'une progression plus rapide de la population en âge de travailler, la France bénéficierait d'un surcroît de croissance de l'ordre de 0,5 % par an à l'horizon 2050. Ce dynamisme démographique proviendrait essentiellement d'un plus fort taux de fécondité en France (1,9, tableau 4) qu'en Allemagne (1,4) ou en Italie (1,6). Le scénario français est néanmoins bien plus volontariste, car il inscrit un retour au plein emploi dès 2015, plutôt qu'en 2050 comme en Allemagne et en Italie.

En ce qui concerne la stratégie de Lisbonne, le taux d'emploi des 15-64 ans s'élèverait en 2010 à 67,2 % en Allemagne, à 64,1 % en France et à 60,1 % en Italie. Aucun des trois pays n'atteindrait l'objectif de Lisbonne, c'est-à-dire que 70 % de sa population en âge de travailler possède un emploi en 2010. L'hypothèse peu plausible du respect de l'objectif de Lisbonne via une hausse des taux d'activité permettrait un surplus de croissance potentielle (par rapport à celle exposée au tableau 4) de 0,8 % en Allemagne, de 1,7% par an en France et de 4,7 % par an en Italie sur la période 2006-2010.

Tableau 4 : Projection des potentiels en Allemagne, en France et en Italie

Variation annuelle en %

ALL

FRA

ITA

PIB projeté (a=b+c+d-e)

2005

1,2

2,3

1,7

2006-2010

1,5

2,5

2,3

2011-2020

1,4

1,9

1,7

2021-2050

1,3

1,7

1,1

PIB potentiel (a=b+c+d)

2005

1,2

2,1

1,2

2006-2010

1,1

2,0

1,2

2011-2020

1,1

1,7

1,2

2021-2050

1,1

1,7

1,1

Population en âge de travailler (b)

2005

-0,3

0,6

0

2006-2010

-0,3

0,4

-0,04

2011-2020

-0,3

-0,1

-0,29

2021-2050

-0,8

-0,2

-0,75

Taux d'activité tendanciel (c)

2005

0,6

0,0

0,8

2006-2010

0,3

0,0

0,6

2011-2020

0,0

0,1

0,4

2021-2050

0,2

0,2

0,2

Productivité tendancielle (d)

2005

0,9

1,5

0,5

2006-2010

1,1

1,6

0,6

2011-2020

1,3

1,7

1,1

2021-2050

1,7

1,7

1,7

Taux de chômage tendanciel (e)

2005

0,0

-0,2

-0,5

2006-2010

-0,4

-0,6

-0,1

2011-2020

-0,3

-0,2

0,0

2021-2050

-0,1

0,0

-0,1

Sources : Comptes nationaux, enquêtes force de travail, calculs OFCE.

Les révisions de projections démographiques et de taux d'activité modifient radicalement la croissance potentielle en France et en Italie par rapport aux scénarii précédents. En France la croissance potentielle est supérieure de 0,3 point par an en moyenne entre 2006 et 2050 avec ces nouvelles projections (tableau 5). En Italie, le taux de croissance du PIB potentiel est plus élevé d'environ 0,4 point sur la période 2006-2010, mais il reviendrait à 1,1 % à l'horizon 2050 (contre 1,0 % dans l'ancienne version) du fait de la baisse inéluctable de la population en âge de travailler.

Tableau 5 : PIB potentiel selon les hypothèses des projections démographiques

ALL

FRA

ITA

PIB potentiel nouvelle version

2005

-

2,1

1,2

2006-2010

-

2,0

1,2

2011-2020

-

1,7

1,2

2021-2050

-

1,7

1,1

PIB potentiel ancienne version

2005

1,2

1,8

0,6

2006-2010

1,1

1,5

0,7

2011-2020

1,1

1,4

1,1

2021-2050

1,1

1,4

1,0

Sources : Comptes nationaux, enquêtes force de travail, calculs OFCE.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page