II. LA PRODUCTIVITÉ DANS LES PAYS INDUSTRIALISÉS DEPUIS 1870

Votre rapporteur propose ci-après un rappel sur l'évolution de la productivité sur longue période 18 ( * ) .

Ce regard historique repose sur les évolutions de la productivité horaire. Cet indicateur est fragile car il constitue aussi un « résidu statistique » : il faut partir du PIB, divisé par l'emploi, puis par l'évolution de la durée du travail pour arriver à la productivité horaire. Or, la mesure de la durée du travail et les comparaisons internationales en la matière sont extrêmement fragiles. Néanmoins, sur une période aussi longue, cette fragilité affecte peu l'analyse historique brièvement présentée ci-dessous.

A. LES GRANDES PHASES D'ÉVOLUTION DE LA PRODUCTIVITÉ DANS LES PAYS INDUSTRIALISÉS DEPUIS 1870

Le tableau n° 1 ci-dessous décrit les principales phases de l'évolution de la productivité dans les pays industrialisés.

Tableau n° 1
TAUX DE CROISSANCE ANNUEL MOYEN DE PRODUCTIVITÉ HORAIRE DU TRAVAIL
DANS LES PRINCIPAUX PAYS INDUSTRIALISÉS
(Ensemble de l'économie en %)

On peut formuler à partir de ce tableau les observations suivantes :

- sur l'ensemble de la période 1870-2005, les gains annuels de productivité dans les pays industrialisés ont varié autour d'une moyenne de 2,5 % : 2,6 % pour la France, 2,1 % pour les États-Unis, par exemple.

Cela a permis de multiplier d'un facteur d'environ 32 le PIB par heure travaillée en France ; 16,5 aux États-Unis (aux extrêmes : 50 au Japon, qui partait d'un niveau plus bas ou 8,5 en Australie qui partait d'un niveau plus élevé) et cela a constitué la source principale de la forte amélioration des niveaux de vie ;

- la période atypique en termes d'évolution de la productivité se situe pendant la période des « Trente Glorieuses » pour les pays industrialisés où l'évolution de la productivité horaire a été exceptionnellement rapide, à l'exception toutefois des États-Unis où l'accélération de la productivité y a été plus précoce (après la Première Guerre mondiale), plus longue (1913-1950) et moins marquée qu'en Europe.

Cette période qui va de la Première Guerre mondiale au premier choc pétrolier est décrite comme celle de la « grande vague » 19 ( * ) .

L'accélération plus tardive en Europe qu'aux États-Unis de la productivité s'explique par divers facteurs : protectionnisme qui a freiné la diffusion de l'innovation, diffusion plus tardive de l' énergie électrique , moindre niveau d' éducation ,...

- suite aux ralentissements après le premier choc pétrolier, puis dans les années 1990 en Europe, les gains de productivité sont souvent considérés comme « historiquement faibles » ; or, replacés dans une perspective longue, ils traduisent en fait un retour vers une tendance séculaire , après l'anomalie de la « grande vague » ;

- sur l'ensemble de la période 1870-2005, les progrès de la productivité horaire ont permis de réduire de 50 % en moyenne environ la durée du travail . La productivité par tête - et toutes choses égales par ailleurs, le niveau de vie - a donc augmenté deux fois moins que la productivité horaire .

* 18 En s'appuyant notamment sur les travaux de Gilbert CETTE : Rapport du CAE « Productivité et croissance » ; « Diagnostic macroéconomique et lecture historique » (2004).

* 19 Expression de R. GORDON, professeur d'économie à la Northwestern University et spécialiste des questions de croissance et de productivité.

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