B. LES INFLEXIONS DE TENDANCE ET LEURS CAUSES

1. Les facteurs d'accélération

L'économie américaine a connu quatre épisodes d'accélération de la productivité : 1873-1890 ; 1917-1927 ; 1948-1973 et depuis 1995 qui s'expliquent par :

- des innovations technologiques : machines à vapeur, à charbon et transport ferroviaire, pour le premier épisode ; diffusion de l'énergie électrique, du téléphone et du moteur à explosion pour le deuxième épisode ; développement des transports, de l'industrie chimique, de l'industrie électronique pour le troisième épisode ; production et diffusion des TIC pour le quatrième épisode ;

- des changements institutionnels : drainage de l'épargne par les banques à la fin du 19 e siècle, développement des marchés financiers après la Première Guerre mondiale, mondialisation des mouvements de capitaux dans les 3 ème et 4 ème épisodes, progression continue du niveau d'éducation.

2. Le rôle de la productivité globale des facteurs

Des économistes 20 ( * ) ont mis en évidence le rôle de la productivité globale des facteurs (PGF) dans les évolutions de la productivité sur longue période :

- de 1913 à 1950, la PGF explique l'essentiel de l'accélération de la productivité aux États-Unis ;

- de 1950 à 1973, la PGF explique presque intégralement l'accélération de la productivité en France. Le rattrapage rapide des niveaux de productivité des États-Unis s'opère donc davantage par la PGF que par la diffusion des techniques de production qui substituent du capital au travail ;

- le ralentissement consécutif au premier choc pétrolier s'explique aux États-Unis comme en France par celui de la PGF ; en France on observe même une accélération de l'intensité capitalistique - accélération de la substitution du capital au travail -, liée vraisemblablement à l'augmentation du coût du travail.

- sur la période 1980-2004, le ralentissement de la productivité en Europe s'explique à la fois par celui de l'intensité capitalistique et de la PGF, alors que ces deux grandeurs accélèrent aux États-Unis.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la France demeure le pays qui connaît, comparativement aux États-Unis et au Royaume-Uni, les plus forts gains de PGF (l'augmentation de la PGF pouvant traduire la capacité à développer l'innovation).

* 20 CETTE G., MAIRESSE J., KOCOGLU Y. (2006) : « A comparison of Labor Productivity Growth in France, the UK and the US over the Past Century ».

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