II. LES FORCES DE LA NATURE : DÉMOGRAPHIE ; RESSOURCES

Comprendre les forces de la nature

Le système alimentaire a pour fonction première de nourrir la population à partir des ressources naturelles disponibles sur la planète. En réalité, population et ressources appartiennent à un même écosystème : elles interagissent. Ce sont des forces de la nature dont il faut comprendre le fonctionnement pour que les hommes assurent leur propre pérennité en préservant la viabilité du tout.

Il nous faut donc rechercher l'équilibre dynamique de ces forces.

Que se passe-t-il au plan démographique, à l'échelle du monde aussi bien que localement ? Peut-on comprendre ces évolutions pour en tirer des comportements adéquats pour le futur ? On ne peut pas rester dans une posture de constatation de l'augmentation indéfinie de notre population. Ni non plus ne pas réagir, agir et anticiper face aux variations météorologiques et climatiques. Ou rester dans l'angoisse en observant l'épuisement progressif des énergies fossiles, de l'eau ou des terres que nous utilisons pour fabriquer nos aliments.

1. Pyramide, cylindre et cône inversé

Les démographes comprennent de mieux en mieux comment évoluent nos populations. Malthus a pu craindre que la population croisse beaucoup plus vite que la nourriture. Et l'emballement des chiffres a pu être générateur de craintes. Serons-nous bientôt 15 milliards ? Comment ferons-nous pour survivre ? L'humanité le pourra-t-elle ? Aujourd'hui, les démographes établissent que la population mondiale devrait se stabiliser autour de 9 milliards en 2050. Et, lors du 25 ème congrès international de la population, qui s'est tenu à Tours en 2005, les journaux ont pu reprendre ainsi les principales conclusions : « L'humanité vieillit, la natalité décroît, la population de la Terre augmente moins vite que prévu », « L'humanité vieillit, la France reste prolifique », « En 2040, 21 % des humains auront plus de 60 ans », « Avec 1,9 enfant par femme en moyenne, la France est parmi les pays européens les plus féconds », « L'Inde devant la Chine en 2050 », « L'Afrique progresse malgré le SIDA ». Et, comme avec soulagement : « La planète ne connaîtra pas d'explosion démographique »

Nous réfléchirons mieux à notre problématique d'alimentation si nous rapportons quelques uns des mécanismes maintenant bien connus. Nous sommes tous familiarisés avec la pyramide des âges, parce que nous avons pu observer nos propres populations à un moment où la fécondité et la natalité étaient simultanément élevées. En réalité, la fécondité et la mortalité évoluent et baissent avec le « progrès ». Une « transition » s'opère ainsi d'une population à fécondité et mortalité fortes à une population à fécondité et mortalité faibles. Au fur et à mesure que la transition démographique s'accomplit, la pyramide se déforme, prend l'allure d'un cylindre, puis celle d'un cône inversé. Bien entendu, toutes les populations n'évoluent pas semblablement et, selon leur degré d'évolution, elles n'ont pas les mêmes problèmes à affronter.

Comme dans beaucoup de phénomènes du « vivant », la population mondiale suit une courbe en « S » : il y a d'abord accélération progressive, puis freinage progressif lui aussi, atteinte d'un sommet, puis décroissance. Le maximum de l'accroissement démographique de la population mondiale a été atteint au cours de la décennie 1960. Il y a eu ajustement progressif de la fécondité sur la mortalité : celle-ci a d'abord décru en entraînant un accroissement naturel important ; maintenant, la natalité diminue, de sorte que la population mondiale atteindra un maximum d'environ 9 milliards vers 2050, puis diminuera. Il est très important de noter dès à présent que certains pays ont déjà commencé cette décroissance : entre 2000 et 2005, 17 pays développés se sont dépeuplés ! La carte des populations du monde se déforme : le monde industrialisé devient vieux ; les « pressions démographiques différentielles » provoquent des migrations. Autant de caractéristiques qui vont peser sur la quantité de nourriture à fournir en fonction des zones géographiques.

Sélectionnons quelques chiffres pour fixer les ordres de grandeur. Sur 6,465 milliards d'humains en 2005, on en comptait :

- 61% en Asie ;

- 14% en Afrique ;

- 11% en Europe ;

- 9% en Amérique Latine ;

- 5% en Amérique du Nord.

L'accroissement de la population mondiale jusqu'à nos jours a été exponentiel :

- 1 er milliard d'habitants : de l'origine à 1800 ;

- 2 ème milliard : de 1800 à 1930, soit 130 ans ;

- 3 ème milliard : de 1930 à 1960, soit 30 ans ;

- 4 ème milliard : de 1960 à 1974, soit 14 ans ;

- 5 ème milliard : de 1974 à 1987, soit 13 ans ;

- 6 ème milliard : de 1987 à 1999, soit 12 ans.

Les prévisions font état de l'évolution suivante :

- 7 ème milliard : de 1999 à 2013, soit 14 ans ;

- 8 ème milliard : de 2013 à 2028, soit 15 ans ;

- 9 ème milliard : de 2028 à 2054, soit 26 ans.

On voit bien se dessiner la très lente accélération de l'origine jusqu'en 1800 ; puis il faut de moins en moins d'années pour que la population mondiale augmente d'un milliard. A partir de 2000, la progression diminue : nous sommes aux environs du point d'inflexion de la courbe en « S » ; nous avons commencé la phase de ralentissement, pour atteindre le sommet de la courbe dans environ 50 ans. Ensuite, la population devrait se stabiliser et probablement décroître.

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