c) Une crise de confiance ?

Il existe un paradoxe qui a été très bien mis en évidence par le délégué de la Commission européenne en Russie : « dans la pratique quotidienne, les relations entre l'Union européenne et la Russie n'ont jamais été aussi intenses qu'aujourd'hui, en matière d'échanges commerciaux, d'investissements ou de tourisme. Cependant, l'atmosphère de ces relations s'est beaucoup détériorée ces dernières années » .

Certes, comme l'a fait plaisamment observer l'un de mes interlocuteurs « la multiplication des différends entre l'Union européenne et la Russie est aussi le signe de la vitalité de ces relations » . Toutefois, je retire de mes déplacements à Bruxelles et à Moscou l'impression que le sentiment qui domine actuellement, tant chez les responsables européens, que chez les représentants russes, est celui d'une incompréhension réciproque.

Certains responsables européens se sont interrogés sur le fait de savoir s'il existait une réelle volonté du côté russe à développer les relations avec l'Union européenne et ils ont fait observer que la négociation d'un nouvel accord était surtout une priorité pour le gouvernement russe. À l'inverse, des représentants russes ont affirmé que la Russie pourrait très bien se contenter d'une prolongation de l'actuel accord de partenariat et de coopération et que la négociation d'un nouvel accord correspondait surtout à l'intérêt de l'Union européenne.

Au-delà des aspects tactiques des négociations, on a donc le sentiment qu'il existe actuellement une grande méfiance entre la Russie et l'Union européenne, qui semble même s'être accentuée ces derniers mois, notamment avec l'annonce du déploiement d'éléments du bouclier de défense anti-missiles américain en Pologne et en République tchèque. Le Commissaire européen chargé du commerce, Peter Mandelson, a d'ailleurs déclaré récemment : « La méfiance et l'incompréhension entre la Russie et l'Union sont parvenues à un niveau jamais atteint depuis la fin de la guerre froide » (11 ( * )) . Ce sentiment est aussi partagé du côté russe. Ainsi, lors de notre entretien, le Conseiller pour les affaires européennes du Président Vladimir Poutine, Serguei Iastrjembki, a considéré que « le plus important aujourd'hui est de restaurer la confiance dans les relations entre l'Union européenne et la Russie » .

* (11) Agence Europe, 24 avril 2007.

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