Des régimes favorables ou assouplis au regard de la concurrence européenne

En dépit d'un taux nominal élevé, l'IS français comporte certaines règles d'assiette avantageuses ou « dans la bonne moyenne » au regard des régimes des principaux pays industrialisés, qui atténuent la perception d'une fiscalité peu propice aux implantations d'entreprises.

La France apparaît en particulier bien positionnée dans la gestion des pertes qui, compte tenu du principe de territorialité et malgré l'exception limitée du régime du bénéfice mondial consolidé, comporte des possibilités étendues de compensation intertemporelle plutôt que géographique. Cette compensation s'exerce via les régimes de report en avant et en arrière des déficits, complétés par les règles de sursis et reports d'imposition et le régime spécial des fusions qui garantissent la neutralité de certaines opérations.

D'autres régimes, en particulier les dispositifs de lutte contre l'évasion fiscale et contre la sous-capitalisation, respectivement prévus par les articles 209 B et 212 du code général des impôts, ont été assouplis dans un souci de pragmatisme et de conformité aux évolutions de la jurisprudence communautaire. Certains pays ne disposent toutefois pas de mesures anti-évasion fiscale 287 ( * ) ou de règles encadrant la sous-capitalisation 288 ( * ) .

Le tableau ci-après présente les principaux régimes pour lesquels la France apparaît correctement ou bien positionnée.

Récapitulatif des principaux avantages comparatifs de la fiscalité française des entreprises

Dispositifs

Principales caractéristiques du régime français

Principaux régimes étrangers plus favorables

Principaux régimes étrangers moins favorables

Imposition des sociétés

Exonération à 95 % au moins des dividendes des filiales perçus par les sociétés mères

- Pas de condition de nationalité

- Taux de détention minimum de 5 %

- Durée de détention d'au moins 2 ans

Allemagne, Espagne, Italie

Danemark, Suède, EU, Norvège, Suisse

Exonération des plus-values sur titres de participations

- Durée de détention d'au moins 2 ans

- Quote-part pour frais et charges 5 %

Allemagne, Belgique, NZ, Mexique

EU, Japon, RU, Autriche, Canada, Pologne, Slovaquie

Déductibilité des frais financiers d'acquisition (hors autres frais)

- Déductibilité immédiate

- Réintégration si rachat à soi-même

N.D.

Japon, Pologne, Suisse, Irlande

Délai de report déficitaire en arrière (« carry-back »)

- Report sur 3 ans

- Remise en cause en cas de changement de contrôle ou d'activité

Corée, Hongrie, Mexique, Slovaquie

Belgique, Danemark, Italie, Suède, Suisse

Délai de report déficitaire en avant

Report illimité

Allemagne, Belgique, Irlande, RU, Suède (même régime)

EU, Canada, Espagne, Finlande, PB, Suisse, Japon, Italie, Pologne

Régime de groupe
(intégration fiscale)

- Sur option, pour 5 ans, renouvelable

- Seuil de détention de 95 %

- Ouvert aux filiales non résidentes

Allemagne, Danemark, Irlande, Italie, RU, EU

Belgique, Canada, Suisse

Crédit d'impôt-recherche

Double assiette : part en volume (10 %) et part en accroissement (40 %)

N.D.

Allemagne, Suède, Belgique, Danemark, Suisse

Provisions sur titres de participation et immeubles de placement

Globalisation : déductibilité seulement en cas de perte globale sur les actifs

Autriche, Espagne, Luxembourg, Hongrie

Allemagne, EU, Irlande, PB, Suède

Mesures en faveur des PME

- Exonération sous conditions des JEI

- Taux réduit à 15 % pour la fraction de bénéfice < 38.120 €

- Exonération dans les ZFU

RU

N.D.

Imposition des personnes physiques

Taux marginal de l'IR en 2007

40 %

Slovaquie, Hongrie, Corée, EU, NZ

Suède, Allemagne, PB, Japon, Italie, Danemark, Espagne

Taux des plus-values mobilières

- Taux de 27 % (16 % + 11 %)

- Exonération pour les titres > 8 ans

- Exonération immédiate lors du départ à la retraite de dirigeants de PME

Belgique, Suisse, NZ, Allemagne

RU, Norvège, Suède, Finlande, PB

Taux des plus-values immobilières

- Taux de 27 % (16 % + 11 %)

- Exonérations de la résidence principale et dans certaines conditions

Canada, Irlande, Espagne, EU, Pologne, Luxembourg

Danemark, PB, Corée, Allemagne, Suisse, Italie, RU, Japon

Limitation de l'imposition des « bonus d'impatriation »

- Exonération des primes d'impatriation

- Déductibilité des cotisations sociales

Danemark, Irlande, PB

Allemagne, EU, Japon, Suisse, RU

Baromètre de la compétitivité fiscale 2007, Ernst & Young

Outre ces régimes, on peut également mentionner :

- le taux applicable depuis 2005 aux redevances sur concessions de brevets , désormais compétitif avec 15 % ;

- le principe de la déductibilité , dans l'établissement de l'assiette de l'impôt sur les bénéfices, des impôts et taxes qui se rapportent à l'exploitation de l'entreprise 289 ( * ) . Certains pays (Allemagne, Belgique, Etats-Unis, Japon, Royaume-Uni) prévoient cependant un périmètre plus étendu de déductibilité ;

- les dispositifs permettant d'accélérer l'amortissement de certains actifs corporels (taux d'amortissement dégressif, amortissements dérogatoires et exceptionnels), qui constituent plutôt des mesures de trésorerie ;

- la neutralité des opérations transfrontalières de fusion , scission et apports d'actifs, en particulier avec le régime de faveur des fusions.

En revanche, la persistance d'un écart élevé pour les droits d'enregistrement dus en cas d'opération de croissance externe ou de restructuration, selon qu'ils portent sur des actions de société anonyme (1 %) ou des parts de société à responsabilité limitée (4,8 %), constitue un véritable anachronisme qu'aucune considération économique ne justifie.

* 287 L'Autriche, la Belgique, la Grèce, l'Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque et la Suisse.

* 288 La Finlande, l'Irlande, la Grèce, la Slovaquie et la Suède.

* 289 Taxe professionnelle, taxe sur les salaires, droits d'enregistrement, taxes foncières et TVA non récupérée.

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