2. Des coûts qui demeurent élevés

Si les recettes de la presse quotidienne diminuent du fait de la réduction progressive du nombre de lecteurs et du développement de la concurrence sur le marché publicitaire, les coûts du papier, de fabrication et de distribution peinent à suivre la même voie.

a) La progression du prix du papier

Parmi les postes de dépenses des entreprises de presse, le prix du papier est celui qui connaît l'évolution la plus inquiétante.

Comme l'indique le tableau ci-dessous, l'évolution récente des cours du papier est orientée à la hausse de façon constante depuis 2002. Les prix retrouvent progressivement les valeurs observées au début de la décennie sans cependant se stabiliser sur le point haut constaté d'un cycle quinquennal, observable depuis 1990 où le prix moyen s'établissait déjà à 800 dollars par tonne, soit largement au-dessus du prix moyen actuel.

PRIX INTERNATIONAL DE LA PÂTE À PAPIER

En $ par tonne

2002

2003

2004

2005

2006

Juin 2006

Prix

462.9

523.6

615.9

610.8

627.6

671.8

Source: Bulletin mensuel de statistiques, INSEE.

Au niveau national, après plusieurs années de croissance à un rythme soutenu, d'un peu plus de 3 % l'an, la consommation de papier met un terme au mouvement de baisse entamé en 2001, régression due aux effets de la dégradation de la conjoncture du marché publicitaire sur la pagination. La tendance récente de la demande en matière de papier de presse est tributaire de l'apparition de la presse gratuite d'information générale et politique dans l'économie de la presse.

Il convient toutefois de rappeler que c'est finalement la demande internationale qui dictera l'évolution future des prix et de la consommation de papier de presse , en particulier celle de la Chine dont les quotidiens ont d'ores et déjà ravi la première place au Japon dans le classement des pays publiant le plus grand nombre de titres sur les 100 plus importants tirages de la planète.

b) Des coûts de fabrication et de diffusion parmi les plus élevés d'Europe ?

La plupart des études publiées sur la presse au cours des dernières années ont souligné, pour le regretter, le niveau élevé des coûts fixes d'impression et de distribution imposés à la presse quotidienne. Ils représentent en effet près de la moitié du prix de vente d'un titre français.

En matière d' impression , la France se caractérise toujours par des coûts de production plus élevés que la moyenne européenne. Cette situation résulte moins du niveau des salaires individuels que des sureffectifs négociés par le syndicat de Livre au cours des différents conflits sociaux ayant accompagné la modernisation du secteur.

Interrogé sur le sujet, M. Marc Norguez, secrétaire général du syndicat général du livre et de la communication écrite, s'est néanmoins montré rassurant tant sur le niveau des salaires que sur celui des effectifs : « Les salaires des conducteurs de rotatives allemands, belges ou espagnols sont identiques à ceux des Français. Les différences qui existaient portaient sur les effectifs autour des machines, qui, à une époque, étaient confortables. C'était lié à un processus de travail qui nécessitait à certains moments beaucoup de monde. » A croire que cette époque est désormais révolue ...

Lors de son audition par le groupe de travail, Mme Valérie Decamp, directrice générale de Metro France , à l'image de la totalité des éditeurs, a quant à elle proposé un éclairage plus nuancé sur la situation actuelle dans les imprimeries du Livre : « Toute la presse est victime [de ces coûts élevés]. »

Elle a surtout souligné les conséquences économiques de cette situation : « Sans cela, Metro aurait pu être rentable deux ans plus tôt. Pour la presse payante, les répercussions se font sur le prix de vente, ce qui a des conséquences sur l'achat de la presse par les jeunes générations qui sont habituées à la culture du gratuit et qui disposent d'un budget limité. »

En matière de distribution , la situation doit être nuancée. Elle est en effet plus favorable que certains éditeurs veulent bien le laisser entendre. En effet, le coût d'intervention des messageries a considérablement diminué sous l'effet des plans successifs de restructuration des NMPP et se situe aujourd'hui dans la moyenne des autres pays européens.

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