6. CONCLUSION

Malgré un certain nombre d'outils et d'avancées (grandes orientations de la politique économique, Eurogroupe, communications de la Commission européenne), il n'existe pas aujourd'hui en zone euro de véritable coordination des politiques budgétaires. Tout au plus peut-on parler de surveillance, dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance.

Une interprétation possible de ce manque de volonté pour coordonner les politiques économiques serait que, de facto , les grands pays de la zone euro, et plus particulièrement l'Allemagne et la France, ont suivi peu ou prou les mêmes stratégies budgétaires face à des évolutions conjoncturelles similaires depuis 1999. Cette coordination de facto se serait substituée à une coordination de jure .

Nous montrons qu'en dépit d'évolutions similaires des soldes budgétaires structurels dans les deux pays, l'Allemagne et la France ont suivi des stratégies budgétaires fort différentes depuis 1999.

D'une part, la composition des ajustements budgétaires a été très différente en Allemagne et en France : depuis le pic des années 1999-2000, l'Allemagne a réduit sa pression fiscale globale beaucoup plus nettement que la France ; les dépenses publiques ont aussi diminué en Allemagne alors qu'elles ont augmenté en France. Or, les travaux économétriques tendent à montrer qu'une inflexion de politique budgétaire n'a pas le même effet selon qu'elle passe par les impôts (nets des transferts) ou par les dépenses publiques de consommation et d'investissement.

D'autre part, la politique budgétaire allemande s'est avérée davantage réactive au cycle d'activité que la politique française sur longue période, mais moins réactive dans la période récente. Par ailleurs, la politique allemande ne semble pas avoir réagi aux variations de la dette publique, contrairement à la France. Ces différences de comportements ont été gommées depuis 1999 par des mesures budgétaires non systématiques dans les deux pays, c'est-à-dire par des décisions budgétaires ne correspondant pas à leurs comportements habituels de réaction au cycle et à la dette. Ces mesures ponctuelles ont amené les soldes structurels à évoluer de manière similaire sans que cela corresponde à une convergence des principes d'action face à la conjoncture et à la dette.

On peut conclure que la question de la coordination des politiques budgétaires entre l'Allemagne et la France reste posée malgré une certaine similarité dans l'évolution des soldes budgétaires. Elle fait référence à des principes d'action face au cycle et à l'endettement, mais aussi à l'évolution des prélèvements obligatoires. Dans ce cadre, même une foi partagée dans les vertus de la stabilisation keynésienne ne suffirait pas à dynamiser la coordination des politiques budgétaires qui ne peut éluder des sujets difficiles comme la structure des prélèvements dans les différents Etats membres.

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