C. LA NOUVELLE MENACE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Sur des échelles de temps longues, le changement climatique, qui isole les espèces et leur permet de diverger est plutôt favorable à l'enrichissement de la biodiversité 17 ( * ) .

Mais, à l'échelle de quelques décennies , l'évolution climatique, dont les premières conséquences sont détaillées en seconde partie de ce rapport, pose des questions préoccupantes :

- sur son intensité (une augmentation moyenne de la température de 1° C à 3° C à l'horizon 2050 recouvre des variations locales de température beaucoup plus fortes),

- sur la localisation de ses effets sur l'hydrosphère . Par exemple, si beaucoup de modèles prévoient un stress hydrique sur la zone méditerranéenne et subméditerranéenne, les zones prévisionnelles d'impact de ce stress varient de 10° de latitude (c'est-à-dire la distance de Paris à Madrid).

- sur ses effets sur les sols : en 2050 on prévoit des réductions d'humidité du sol pouvant aller jusqu'à 50  % :

Source : Serge Morand, CNRS

- sur l' accélération des effets de ce changement cumulés avec ceux de l'anthropisation (conjugaison du changement climatique et de l'arrivée d'espèces invasives ; conjugaison du changement climatique et des fragmentations d'espaces qui limitent les migrations),

- sur les capacités d'adaptation non seulement des espèces , mais également des écosystèmes symbiotiques dans lesquels elles vivent ,

- sur les temps de réaction des écosystèmes au changement . Les possibilités d'évolution des organismes à cycle rapide de reproduction (exemple : les drosophiles, dont des études ont constaté qu'elles s'adaptent au réchauffement) ne sont pas les mêmes que les massifs forestiers dont la durée de réaction relève de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles .

La mesure des effets concrets , déjà constatés, de ce changement climatique, sera détaillée en seconde partie de ce rapport, mais relevons simplement, pour donner une idée de l'échelle des problèmes, que les 6°C de température moyenne supplémentaire que certaines modélisations envisagent pour la fin du siècle nous renverraient au climat du crétacé, au temps où les dinosaures prospéraient...

* 17 C'est ce que les biologistes appellent les « pompes à biodiversité » car le changement climatique crée des isolats en altitude qui développent de nouvelles solutions d'adaptation aux contraintes de l'environnement.

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