C. REMOBILISER LES PERSONNELS

Les personnels de l'Institut du monde arabe se caractérisent par un âge moyen significatif (50 ans) et une ancienneté moyenne dans leur emploi importante (15 ans). Beaucoup sont présents depuis les origines de l'Institut. Cet aspect empêche ipse facto le renouvellement des équipes, notamment d'encadrement. Il empêche une réforme de l'organigramme d'un Institut qui se caractérise par un trop grand cloisonnement des services et du management.

42 % des personnels sont dans la dernière tranche de promotion à l'ancienneté et voient leur salaire stagner. 63 % n'ont pas suivi de formation depuis 3 ans. Votre rapporteur spécial a pu percevoir ici et là le risque d'une démotivation de certains personnels, qui manquent de perspectives.

On peut noter un déficit de reconnaissance des agents de l'IMA et une incapacité à développer leurs compétences professionnelles par une politique moderne de formation continue. Il faut donc réformer la gestion des ressources humaines, dans une période difficile où les charges de personnel devraient diminuer de 7 % en application du contrat d'objectifs et de moyens.

Le contrat d'objectifs et de moyens souligne, en effet, que les effectifs et les dépenses de rémunération sont restés en apparence stables, mais que le développement de l'intérim et de la sous-traitance a entraîné une augmentation globale de la dépense . Le poste des salaires, traitements et charges salariales du personnel permanent de l'Institut du monde arabe est passé entre 2000 et 2005 de 7,13 millions d'euros à 7,96 millions d'euros, tandis que la masse salariale totale, prenant en compte le personnel intérimaire et la sous-traitance augmentait, de 9,68 millions d'euros à 12,56 millions d'euros sur la même période. Il faut donc diminuer, sur la base du volontariat, les effectifs de 20 emplois nets en trois ans.

Cet effort important doit permettre comme le propose le contrat d'objectifs et de moyens d'offrir aux autres agents « des perspectives de progression pour ceux qui travaillent davantage et acceptent d'améliorer leurs compétences ».

D. RENDRE L'IMMEUBLE DE JEAN NOUVEL PLUS FONCTIONNEL

L'Institut du monde arabe est logé dans un beau bâtiment réalisé par un architecte prestigieux, M. Jean Nouvel, prix Prizker d'architecture. Les responsables de la maintenance de ce bâtiment ont souligné que les coûts d'entretien apparaissaient maîtrisés . Les travaux de rénovation menés aujourd'hui, en ce qui concerne notamment la sécurité des ascenseurs, correspondent à des investissements nécessaires après vingt années de fonctionnement du bâtiment.

Pour autant, sur le plan fonctionnel, le bâtiment de l'Institut du monde arabe présente certains défauts graves qu'il convient de corriger si l'on souhaite développer la fréquentation du lieu , et en particulier des espaces autres que ceux des expositions temporaires. Le rapport d'Inspection générale des bibliothèques du 30 octobre 2007 souligne ainsi, dans un chapitre intitulé « des espaces devenus vétustes », les « dysfonctionnements de la tour à livres 8 ( * ) ». Celle-ci, dont votre rapporteur spécial a perçu au cours de ses visites les limites, est qualifiée de « catastrophe fonctionnelle » selon un autre rapport de la même Inspection générale des bibliothèques datant de 1996. Le rapport de 2007 constate que les dysfonctionnements « perdurent et se sont même aggravés du fait du développement des collections : aux difficultés de rangement dans un espace en pente, s'ajoutent des problèmes de sécurisation de la consultation dans la tour qu'il est quasiment impossible de surveiller convenablement dans les conditions actuelles ». Les sièges de la salle de lecture, dessinés par l'architecte, apparaissent particulièrement inconfortables, et ne facilitent pas la fréquentation du public.

Plus fondamentalement, l'accès à l'Institut du monde arabe, et la circulation au sein de celui-ci apparaissent peu commodes . S'agissant de l'entrée, celle-ci se fait en effet par une porte étroite, entre les ascenseurs, sous un plafond bas : ceci n'incite pas les visiteurs à entrer pour explorer l'ensemble des activités de l'IMA et monter ainsi jusqu'à la terrasse et au restaurant. Quant à la circulation au sein du bâtiment, celle-ci est malaisée, faute notamment d'une signalétique adaptée, mais aussi de la desserte d'un certain nombre d'espaces par des ascenseurs qui ne se prêtent pas à l'accueil d'un public nombreux.

Au cours de son audition, M. Dominique Baudis a indiqué partager ce constat : « Pour ce qui est de l'entrée, je partage votre point de vue. En tant que visiteur, j'ai toujours été étonné de pénétrer dans un si beau bâtiment par un trou de souris ! Il faut presque baisser la tête à cause du palier. On pourrait trouver des solutions mais cela ne peut se faire qu'avec l'accord de l'architecte ».

Votre rapporteur spécial invite donc à associer l'architecte à l'opération de sauvetage de l'Institut du monde arabe , afin que celui-ci soit en mesure de s'ouvrir à un public plus nombreux.

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Il est trop tôt pour porter une évaluation définitive sur les résultats de l'opération de sauvetage menée par l'équipe dirigeante de l'Institut du monde arabe. L'ensemble des parties concernées, les pays arabes et la France, les personnels sont bien conscients que la refondation en cours est une absolue nécessité , dont l'échec menacerait une institution vitale pour le dialogue des cultures, et pour la reconnaissance de l'apport de la civilisation arabe à l'humanité toute entière. La situation financière de l'Institut du monde arabe reste fragile : son redressement dépendra de la réussite du contrat d'objectifs et de moyens dont certains éléments, très ambitieux, exigeront un grand volontarisme de la part du conseil d'administration de l'établissement au sein duquel la France doit jouer tout son rôle .

* 8 Partie éminente du bâtiment, cette « tout à livres » figure un minaret de Mosquée, symbole d'une montée vers la connaissance.

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