2. Des faiblesses à surmonter

Néanmoins, le secteur des semiconducteurs en France est pénalisé par l'absence de stratégie industrielle claire et par une lisibilité de la recherche publique encore insuffisante.

a) L'absence de stratégie industrielle

Les pôles de compétitivité sont censés incarner la nouvelle politique industrielle de la France. Même si leur création a un impact positif sur les territoires en incitant au dialogue les représentants du monde de la recherche, de la formation et de l'industrie, ils sont trop nombreux et touchent des secteurs trop variés pour pouvoir être considérés comme un outil de stratégie industrielle.

A cet égard, des réserves peuvent être émises sur la tendance actuelle visant à remettre en cause les « grands programmes » au profit de politiques non ciblées de soutien à l'innovation. Les déplacements de votre rapporteur en Asie et aux Etats-Unis ont confirmé que l'essor d'entreprises leaders dans de nouveaux secteurs industriels est le fruit d'un volontarisme politique .

Actuellement, l'analyse stratégique fait défaut : la France se devrait d'identifier , au terme d'une analyse par secteur et sous-secteur scientifique et au regard de son potentiel industriel les retards « irrattrapables » et les retards « rattrapables » , vers lesquels les moyens devraient être concentrés. En amont de la détermination des objectifs budgétaires et des indicateurs de performance, la définition d'une stratégie de recherche par grand domaine (« roadmap ») est essentielle .

En outre, lorsque des priorités sont définies, leur mise en oeuvre est défaillante . La France n'a par exemple pas significativement réalloué les moyens de la recherche à la suite des décisions du CIRST 36 ( * ) du 1 er juin 1999, qui prévoyaient une nette augmentation pour les sciences du vivant et les sciences et technologies de l'information et de la communication .

Enfin, le flou est total concernant l'instance de proposition des grandes orientations nationales en matière de recherche. S'agit-il du Haut Conseil de la science et de la technologie (HSCT) créé ad hoc par la loi d'avril 2006, du CIRST ou encore de la DGRI (direction générale de la recherche et de l'innovation) créée en 2006, au sein de laquelle une direction de la stratégie « conçoit et anime la stratégie nationale en matière de recherche et d'innovation » ?

b) Une lisibilité de la recherche publique encore insuffisante

La mise en place d'un réseau de cinq grandes centrales de technologies a été positive puisqu'elle a permis la mise à niveau des équipements de recherche et une plus grande structuration de la recherche publique. Néanmoins, après avoir visité quatre 37 ( * ) sites sur cinq, votre rapporteur estime que la lisibilité de la recherche publique reste perfectible dans la mesure où de nombreux laboratoires travaillent sur les mêmes thématiques sans que soit vérifié si les recherches menées sont concurrentes ou complémentaires.

Ainsi, à l'exception du LPN (laboratoire de photonique et de nanostructure), le LETI (laboratoire d'électronique et des technologies de l'information), le LAAS (laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes) et l'IEMN (institut d'électronique, de microélectronique et de nanotechnologies) travaillent sur les microsystèmes. Sans préjuger de la nécessité de multiplier les recherches sur ce secteur très porteur, votre rapporteur se demande s'il ne serait pas souhaitable, le cas échéant, de formaliser une collaboration entre ces trois centres de recherche sur ce secteur à l'image de l'alliance sur les technologies hétérogènes conclue au niveau européen entre le LETI, le CSEM, le VTT et les Fraunhofer.

* 36 Comité interministériel de la recherche scientifique et technique.

* 37 Il s'agit du Laboratoire d'Électronique et des technologies de l'Information à Grenoble, du Laboratoire d'Analyse et d'Architecture des Systèmes à Toulouse, de l'Institut d'Électrique Fondamentale à Orsay, du Laboratoire de Physique de la matière condensée et de Nanostructure à Marcoussis et de l'Institut de l'Électronique, de la Microélectronique et de Nanotechnologie de Lille.

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