D. DES ENTREPRISES ENCORE INSUFFISAMMENT IMPLIQUÉES

Si l'entreprise est un acteur incontournable des problématiques liées à l'exclusion, elle n'assure pas encore dans ce champ le rôle qui devrait lui revenir. A la fois à l'origine de l'exclusion du marché du travail et au point d'entrée de toute politique d'insertion par l'emploi, elle occupe une situation ambiguë qu'elle devra clarifier en s'investissant davantage socialement, dans l'intérêt des populations précarisées autant que dans le sien propre.

1. Une perception encore ambiguë du monde de l'entreprise

De façon générale, et plus encore pour des populations ayant un rapport difficile avec le marché du travail, l'entreprise ne bénéficie pas d'une grande considération . Selon un sondage réalisé en 2004 187 ( * ) , 38 % des Français en ont une mauvaise image. Leur jugement varie en réalité en fonction de la taille de l'entreprise. Ainsi, si les PME bénéficient très largement d'une bonne image (73 %), les entreprises de taille plus importante suscitent une majorité d'opinions négatives (50 %), taux encore accru à l'égard des entreprises multinationales (57 %).

Les explications de ce regard mitigé vis-à-vis des entreprises tiennent sans doute à des considérations culturelles et historiques, le libéralisme économique ne s'étant pas implanté aussi fortement dans notre pays que dans ceux d'influence anglo-saxonne. Mais elles renvoient aussi très certainement à la présence, toujours vive à l'esprit du grand public, des plans sociaux, faillites et scandales financiers largement relayés par les médias.

Soulignant le rôle qu'ont à jouer les responsables politiques en ce domaine, M. Jacques Attali a insisté sur l'obstacle que constitue aujourd'hui encore l'inertie de l'opinion commune à l'égard du monde de l'entreprise, et la nécessité de promouvoir davantage les exemples de réussite entrepreneuriale porteurs d'espoir pour les publics en marge de l'emploi.

« Le discours des élus est essentiel pour faire évoluer les mentalités, car ceux-ci sont porteurs d'un message collectif. Il évolue un peu, mais il serait bien qu'il consiste à mettre en avant des talents et des gens issus de milieux défavorisés et ayant réussi. Très souvent, malheureusement, les jeunes des cités ayant connu la réussite sont présentés de manière sulfureuse. Un jeune malien arrivé en France à l'âge de quatorze ans sans parler un mot de notre langue a créé la quatrième entreprise de vêtements sportifs du monde : Airness. (...). Je connais plusieurs exemples de réussites de ce type, qui sont très valorisants pour la société française ».

Il a également stigmatisé la présentation souvent non valorisante qui est faite de l'économie dans les établissements d'enseignement . « L'évolution des mentalités suppose aussi, comme nous l'avons indiqué dans notre rapport, de changer l'enseignement économique, catastrophique, dans lequel l'argent est malsain, l'entreprise un lieu de perdition et le patron un voleur, dispensé dans les lycées ».

* 187 Sondage IPSOS réalisé du 16 au 17 avril 2004 parmi un échantillon de 1.010 personnes âgées de 15 ans et plus.

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