CHAPITRE II : LA QUÊTE D'UN CHEMIN DE CROISSANCE SOUTENABLE

Pour concilier croissance (2,5 % dans le scénario central de 2010 à 2013) et ajustement budgétaire (impulsion budgétaire négative oscillant entre 0,2 point et 0,7 point sur la croissance) , il faudrait que la « réépargne » publique réalisée par la baisse du déficit public, qui doit décroitre de 2,7 % du PIB en 2008 à 0,5 % du PIB en 2012, soit assortie d'une « désépargne » privée, aussi bien de la part des ménages que des entreprises.

Or, l'évolution du contexte financier laisse plutôt augurer d'un reflux du taux d'endettement des ménages, et donc d'une augmentation de leur taux d'épargne 15 ( * ) . Parallèlement, un resserrement de l'accès au crédit des entreprises ne saurait être exclu.

Plus fondamentalement, la crise en cours agit comme un révélateur des vrais défis qu'il faut relever pour que les perspectives de moyen terme ne soient pas la répétition d'un passé qu'elle remet en cause.

Un rééquilibrage du sentier de croissance apparaît nécessaire à sa soutenabilité et indispensable à la résolution des problèmes d'endettement auxquels le gouvernement entend apporter une solution.

I. UNE BAISSE DE L'ÉPARGNE DES MÉNAGES

L'hypothèse d'une nouvelle baisse de l'épargne des ménages, nécessaire pour réaliser le scénario de croissance et de désendettement public du gouvernement, semble non seulement difficile à concrétiser, mais se trouve encore en contradiction avec les leçons qu'il est possible de tirer de la crise financière actuelle, dont un des moteurs est l'endettement excessif des ménages.

A. LA NÉCESSITÉ D'UN ENDETTEMENT ACCRU DES MÉNAGES POUR SOUTENIR LA CROISSANCE...

1. Une hypothèse forte...

Malgré un contexte défavorable au pouvoir d'achat (remontée du chômage, évolution contrainte de la dépense publique dont la croissance s'établirait à environ 1,1 % en volume de 2009 à 2013), la demande des ménages doit se montrer très dynamique (consommation en hausse de 2,7 % de 2010 à 2012) afin d'entretenir la croissance à un niveau permettant et justifiant l'ajustement budgétaire. Ce dynamisme ne saurait provenir des seuls gains de pouvoir d'achat des ménages (+ 2,2 % en moyenne de 2009 à 2013) : il est conditionné à une baisse prononcée de leur taux d'épargne (de 16 % à 14,2 % entre 2008 et 2013).

a) Des perspectives de gains de pouvoir d'achat soutenus...

A partir de 2009, le pouvoir d'achat ne souffrirait pas de l'inflation qui, dépassant 2,5 % en 2008 sous l'impact du pic des prix de l'énergie et des matières premières au premier semestre, se stabiliserait ensuite à un niveau proche de 1,9 % jusqu'à l'horizon de 2013. En effet, dans le contexte d'une croissance mondiale ralentie, le reflux des prix observé au début du second semestre 2008 initierait une période marquée par une évolution moins spéculative des cours des produits de base.

Par ailleurs, les gains salariaux du secteur marchand, alignés sur des gains de productivité par tête progressant de 1,7 % en 2010 à 1,9 % en 2013, en cohérence avec un investissement par ailleurs dynamique ( infra ), connaitraient la même évolution de 2010 à 2013, sachant que les termes du partage de la valeur ajoutée demeurent inchangé.

Sur la période, la masse des salaires réels progresserait cependant plus rapidement, de 2,2 % en moyenne annuelle sur la période 2009-2013, sous l'impact de l' augmentation des effectifs salariés (+ 0,7 % en moyenne), après un passage « à vide » au cours de l'année 2009, au titre de laquelle les effectifs salariés stagneraient en volume et diminueraient même de 0,2 % en glissement.

* 15 L'épargne des ménages se définit comme la partie non consommée du revenu disponible. Il existe une corrélation négative assez marquée entre taux d'épargne et taux de recours au crédit (cf. rapport d'information n° 261 fait au nom de la délégation du Sénat pour la planification sur l'accès des ménages au crédit en France, du 16 mars 2006, par M. Joël BOURDIN ).

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