QUESTIONS-DÉBATS

Dr Jean JOUZEL

Merci Gérard, je crois que nous avons effectivement le temps pour quelques questions, en attendant le discours de clôture de Madame la Ministre. La parole est à la salle.

De la salle

J'ai remarqué qu'en principe, ce sont les écolos qui sont partisans de ce réchauffement climatique. La droite prêche que ce n'est pas possible mais c'est une opposition purement politique, ça n'a plus rien de scientifique. Ils parlent du cycle du soleil mais ils ne savent même pas que ça dure onze ans. Ils rattachent tout à l'influence du soleil et je trouve cela lamentable, parce que le public est très mal informé.

Dr Jean JOUZEL

Je ferai un commentaire scientifique. Le fait qu'on sache maintenant faire la part des choses entre les causes naturelles de variations du climat - celles liées à l'activité solaire et aux volcans - et celles liées aux activités humaines, est pour moi très clair. Je répète que pour la communauté scientifique, il y a plus de neuf chances sur dix que l'essentiel du réchauffement des cinquante dernières années soit lié aux activités humaines. Le diagnostic du GIEC est très clair et il est très documenté et très argumenté, y compris sur cet aspect de l'activité solaire. Je dirai simplement que si c'était l'activité solaire qui gouvernait notre climat, nous aurions effectivement un réchauffement dans les basses couches mais également dans l'autre couche de l'atmosphère. Si c'est l'effet de serre, il y a refroidissement dans l'autre couche de l'atmosphère, or c'est ce qui est observé. Voilà une réponse scientifique. D'autres questions ?

Dr Jérôme Chappelaz (LGGE)

Je voulais interroger Karl Erb et Gérard Jugie sur un acteur grandissant des régions polaires qui est la Chine. La Chine est évidemment concernée au premier chef par l'évolution du climat, compte tenu du fait qu'on a affaire à un cinquième de la population mondiale. C'est un acteur nouveau. Enfin, il était déjà présent en Antarctique mais il s'installe de plus en plus. En Arctique, il commence également à montrer le bout de son nez. Est-ce que vous pouvez nous donner votre point de vue sur l'attitude la Chine et le futur de la collaboration de la Chine avec les autres acteurs en région polaire ?

Dr Karl ERB

Je suis très heureux de commenter cela. On a beaucoup parlé de problèmes scientifiques avec les Chinois depuis quatre ou cinq ans. Dans l'Antarctique et dans l'Arctique, nous espérons dans une certaine mesure qu'ils construisent leur propre station de recherche. Ils connaissent quelques succès. La Chine utilise la science comme une façon de démontrer sa capacité de figurer au rang des grands dirigeants mondiaux. Il faut s'en rendre compte.

Dans l'Arctique, ils veulent faire venir un brise-glace, peut-être au cours de l'été qui vient. Un certain nombre de nations fonctionnent ensemble pour ce que je pense être une armada, en pensant à l'armada espagnole, pour que chacun d'entre nous puisse arriver dans des régions de l'Arctique à un moment où il y a encore des glaces. Là où des brise-glace individuels ne peuvent pas pénétrer, une armada pourrait pénétrer. Cet esprit-là sera avec nous lorsque l'on discutera de ces points avec la Chine. Mon bureau en Chine organise un autre atelier - je crois que c'est le 23 octobre - à Shanghai, pour explorer les occasions pour l'année prochaine.

Dr Gérard JUGIE

En ce qui concerne la Chine, je pense qu'il y a différentes façons de répondre à la question. Ainsi, on peut se réjouir de voir que les collègues chinois ont adopté en Antarctique la technique française et disons même au-delà, la technique franco-italienne, en construisant une station homologue à la station Concordia dans des conditions certes un peu plus délicates mais en utilisant les mêmes concepts. Ces derniers ont d'ailleurs donné lieu à des échanges avec l'organisme chinois, puisque certains collaborateurs ont passé du temps à l'Institut polaire français pour apprendre à concevoir des traversées et à construire une station sur le haut plateau antarctique.

Sur le plan diplomatique, je me suis rendu récemment à Shanghai pour négocier un accord de partenariat qui permettrait d'avoir des échanges suivis avec les collègues chinois. Je forme réellement le voeu que cet accord de partenariat devienne effectif le plus rapidement possible. En effet, leur système est actuellement un peu fermé, au moins en Antarctique puisque nos collègues chinois ont décidé pour les prochaines saisons à venir de travailler sans collaboration extérieure. Dans le Nord, il est à espérer que la collaboration soit plus ouverte, en raison de la nécessité de voir les Chinois, tout comme nous, pratiquer une politique de recherches en propre et également de recherches en partenariat avec l'ensemble des acteurs de l'Arctique. J'espère avoir répondu à votre question.

Dr Jean JOUZEL

Merci beaucoup Gérard Jugie et merci beaucoup à tous les participants de cette table ronde.

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