ANNEXE 2 - La Charte du mouvement de la résistance islamique palestinienne (Hamas)

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ANNEXE 3 - Carte de La Bande de Gaza

ANNEXE 4 - Compte rendu d'entretien entre la mission sénatoriale française et Khaled Mechaal - chef du bureau politique du Hamas À Damas le 20 janvier 2009 - (traduction des notes prises par M. Peter Harling - international Crisis Group)

Nous espérons que la position officielle de la France reflètera ces sentiments de la population mais aussi le passé de résistance de la France [Il faisait référence à la seconde guerre mondiale].

[Interrogé pour savoir si l'attaque israélienne, et plus particulièrement ses proportions, avaient surpris le Hamas, il a, avant de commencer à répondre, encouragé ses visiteurs à se rendre à Gaza pour constater la destruction et exprimé son mécontentement face aux déclarations occidentales.] Nous sommes mécontents des déclarations de Ban Ki Moon à Charm el-Cheik. Nous sommes aussi en colère contre les dirigeants européens, qui ont fait de vagues promesses aux Palestiniens alors qu'ils ont pris des engagements fermes devant les Israéliens.

Pourquoi la guerre a-t-elle commencé ? Ce n'était pas une guerre au sens classique du terme ; c'était une offensive unilatérale. Israël devait respecter un cessez-le-feu sans aucune ambigüité concernant la levée du siège et l'ouverture des frontières. L'opinion populaire s'y oppose. C'était une erreur de la part des Egyptiens et des Israéliens. Lorsque le cessez-le-feu a expiré, aucune des deux parties ne nous a offert de le prolonger. Notre position était que nous ne le prolongerions pas sans ouverture des frontières. Malheureusement, certaines forces régionales ont couvert cette agression, comme s'il était dans l'intérêt de ces parties, les Etats-Unis et Israël, de liquider le Hamas. Nous pensons que cette collusion visait à offrir le Hamas en cadeau à la nouvelle administration. L'autorité palestinienne, en particulier, avait compris qu'elle ne pourrait pas écarter le Hamas en entretenant l'insécurité ou en imposant le siège, avec pour seul recours les tanks israéliens.

Nous n'avons pas été surpris par l'attaque elle-même, Israël n'avait pas fait mystère de ses intentions. Nous étions bien préparés. De plus, la terre nous appartient et nous défendons une cause juste. Nous sommes les victimes ; nous n'avons pas choisi cette guerre. Pour toutes ces raisons, nous avons tenu bon. Mais, bien sûr, nous avons été choqués par l'ampleur des crimes commis par Israël contre les civils. Sur les 1 300 victimes, la moitié étaient des femmes et des enfants. Ils ont détruit plus de 20 mosquées, ainsi que des écoles, des hôpitaux, des ambulances, etc. Les responsables israéliens méritent d'être soumis à la même justice que les Serbes.

Il est clair que le Hamas est sorti vainqueur de cette guerre. Nous avons subi de lourdes pertes humaines mais perdu seulement 48 combattants. Ces chiffres peuvent surprendre, mais c'est un fait. Nous n'avons pas mené une guerre conventionnelle contre Israël mais une guérilla. Nous étions bien préparés et avons utilisé des abris souterrains. La presse israélienne elle-même a dit que le Hamas était une armée de fantômes. Est-ce que Israël a fait des prisonniers ? Non. [Il a aussi rappelé l'histoire selon laquelle l'armée israélienne n'aurait pas hésité à bombarder trois de ses soldats capturés par le Hamas, afin de le priver d'une victoire et d'avoir de nouveaux prisonniers.] La résistance a combattu de manière légendaire. Israël n'a atteint aucun des objectifs annoncés : il n'a pas déposé le Hamas ni affaibli la résistance ni fait cesser les tirs de roquettes. Suivez le débat chez les israéliens et vous comprendrez qui a gagné cette guerre.

La guerre a abouti à deux résultats majeurs. Toutes les parties, qu'elles soient régionales ou internationales, ont tout fait pour chasser le Hamas. Elles ont essayé toutes les options et elles ont échoué. Le premier résultat important est que la façon de traiter avec le Hamas doit désormais changer, être fondée sur le respect et la reconnaissance de son rôle et de sa légitimité. Le Hamas a gagné sa légitimité, d'abord en tant que mouvement national, puis par des élections et, enfin, en résistant à la dernière agression israélienne. Sans cette nouvelle approche, il n'y aura pas la paix dans la région.

La deuxième leçon est qu'Israël ne peut tout simplement pas vaincre le peuple palestinien. En dépit de toute sa puissance, il ne peut pas imposer ses conditions aux Palestiniens. La paix passera inévitablement par la reconnaissance des droits des Palestiniens à avoir un État. La force n'assurera pas la sécurité d'Israël.

C'est donc ce rôle que nous demandons à l'Europe d'assumer. Les États-Unis ont échoué et l'Europe peut combler le vide qui s'est créé et faire pression sur la prochaine administration. L'Europe et les États-Unis peuvent, ensemble, faire pression sur Israël. Il faut dire à Israël : « la seule option qui vous reste est la paix via la reconnaissance des droits nationaux des Palestiniens. »

[En réponse à une question sur le silence embarrassant en Cisjordanie.] Vous avez raison d'être surpris, mais c'est à Abu Mazen et Salam Fayyad de répondre à cette question. Ils ont interdit toutes les manifestations. Ils ont arrêté des centaines de responsables du Hamas en Cisjordanie. Depuis un an et demi, l'Autorité palestinienne et Israël collaborent étroitement pour étouffer la Cisjordanie. Les gens sont épuisés. 11 000 prisonniers originaires de Cisjordanie sont détenus dans les prisons israéliennes, dont beaucoup sont des leaders du Hamas et d'autres personnalités, c'est-à-dire l'élite nécessaire pour mobiliser les gens. C'est la raison de la faiblesse de leur position.

[Sur le Hezbollah] Le Hezbollah a fait du bon travail en termes de relations publiques. Mais ses options militaires étaient limitées. Les forces internationales sont déployées dans le sud et il est donc difficile au Hezbollah d'ouvrir un autre front.

[En réponse à une remarque sur les nombreuses questions que les invités souhaitaient poser] Vous avez beaucoup de questions et nous avons beaucoup de réponses !

[Sur les raisons du cessez-le-feu et les informations concernant la pression de la Syrie/Turquie.] Ces informations sont fausses. Avant la fin de l'assaut, des conversations intenses étaient en cours, auxquelles participaient les Egyptiens, les Syriens, les Turcs et même les Français. Nous avons envoyé notre délégation au Caire quatre fois. Malheureusement, aucun accord indirect n'a été trouvé entre le Hamas et Israël. Pourquoi ? Les Égyptiens imposaient trois conditions, même s'ils les attribuaient à Israël. L'une était un cessez-le-feu permanent et non plus provisoire. Cela supposait l'arrêt des combats pendant 10 ou 15 ans ! Nous avons refusé, parce que cela signifiait mettre fin à la résistance. Lorsque Israël se retirera de tous les territoires occupés, reconnaîtra nos droits et autorisera la création d'un État palestinien, alors nous pourrons parler d'un cessez-le-feu permanent. La deuxième condition était un engagement écrit du Hamas de ne plus faire entrer d'armes en contrebande. Nous considérons que la contrebande d'armes est la responsabilité des Etats, principalement l'Égypte et Israël. Nous sommes un mouvement de résistance. La troisième condition était l'ouverture de Rafah sur la base de l'accord de 2005. Nous avons refusé. Cet accord est caduc. Il a été signé avant l'arrivée au pouvoir du Hamas ; les conditions dans la zone de Gaza ont changé. En réponse, nous avons envoyé une proposition aux Égyptiens, indiquant ce sur quoi les quatre parties peuvent se mettre d'accord (l'Égypte, le gouvernement du Hamas, la présidence palestinienne et les observateurs européens). L'Égypte a rejeté cette proposition parce qu'elle refuse de donner un quelconque rôle au Hamas aux points de passage.

En fait, l'attitude de l'Égypte envers le Hamas ne fait qu'ajouter à l'agression israélienne.

L'Égypte faisait pression sur nous au Caire ; Israël faisait pression sur nous militairement à Gaza. Lorsque la situation s'est bloquée au Caire, Israël a intensifié la pression à Gaza. Par conséquent, une pression syrienne ou turque n'était pas nécessaire.

[Répondant à une question sur ce que ferait le Hamas si les Israéliens ne se retiraient pas à la date prévue] Ils sont déjà partis. Ils ont commencé ce matin et ont achevé de se retirer. Ils n'avaient pas d'autre choix.

[Répondant à une question sur ce qui se passerait si le blocus était maintenu et que les points de passage n'étaient pas rouverts] Pendant la guerre, nous avons exprimé quatre exigences : 1. Le cessez-le-feu. 2. Le retrait. 3. La levée du siège. 4. L'ouverture des points de passage. Nous avons atteint deux objectifs. Il en reste deux. De ce point de vue, nous sommes toujours en guerre. Je pense que le monde a entendu le message et compris que le siège avait conduit à la guerre et qu'il doit maintenant être levé. Sinon, le peuple palestinien restera sur ses positions et aucune stabilisation ne sera possible dans la région.

Toutes les chaînes arabes affirment que la population de Gaza blâme Israël d'abord puis les Arabes et enfin la communauté internationale.

[Répondant à une question sur ce que le sommet du Koweït change]. Nous avons tous été surpris par le discours du roi Abdallah. Nous l'avons accueilli avec plaisir et j'ai appelé Saud al-Faiçal et Migrin Ibn Abdul Aziz pour exprimer notre satisfaction. Hier, c'est vrai, il y a eu un certain degré de réconciliation. Mais d'après ce que j'entends aujourd'hui, cette réconciliation ne se reflète pas dans les positions respectives des différentes parties. La déclaration finale n'a pas fait mention des questions litigieuses. Certains responsables n'ont même pas assisté à la dernière réunion.

[Répondant à une question sur qui pourrait être un bon partenaire en termes de réconciliation des Palestiniens]. L'agenda proposé par ceux qui prennent les décisions au sein du Fatah et de l'OLP n'est pas bon. Nous considérons qu'il y a eu collusion entre l'OLP et Israël pendant cette guerre. Leur attitude peut changer. Mais le Hamas doit être respecté comme un acteur central dans la question palestinienne et les règles de la démocratie palestinienne doivent être appliquées.

[Sur le cadeau que leur charte et le rejet d'Israël font à leurs détracteurs.] C'est une bonne question et je vais vous donner une bonne réponse.

L'une des façons de présenter le débat consiste à dire : « qu'est-ce que Mahmoud Abbas et, avant lui, Yasser Arafat ont obtenu en échange de la reconnaissance d'Israël et en renonçant à la Charte de l'OLP ? Rien. »

Les Arabes ont fait une offre généreuse de paix en 2002 (« l'initiative arabe de paix » du Prince Abdallah d'Arabie saoudite). Israël a-t-il répondu ? Non. Le Hamas lui-même a fait une offre généreuse en 2006, lorsque nous sommes parvenus à un consensus entre les factions palestiniennes après la réconciliation.

Nous avons implicitement accepté de reconnaître Israël dans ses frontières de 1967, à condition évidemment que les droits des Palestiniens soient reconnus et qu'ils jouissent d'une authentique souveraineté. Le document indiquait que nous acceptons Israël avec les frontières de 1967, bien évidemment à la condition que les droits nationaux palestiniens soient reconnus et que les Palestiniens jouissent d'une réelle souveraineté. Tout le monde adhérait à cette position et elle représentait quelque chose de nouveau pour le Hamas.

En conséquence, la reconnaissance d'Israël n'est pas un problème. Mais on ne peut pas demander à ceux qui vivent sous le joug de l'occupation de reconnaître le geôlier. La solution est de rendre possible un Etat palestinien, puis de demander à cet Etat de reconnaître Israël.

[Répondant à une question sur le rôle que l'on peut attendre des Français et des Européens] Israël est comme une personne qui est habituée à obtenir d'une autre personne ce qu'elle veut par la force. Cela peut changer seulement si cette autre personne refuse de céder ou si une tierce partie intervient. En raison de la faiblesse des Arabes et des Palestiniens et parce que les États-Unis n'ont pas rempli leur rôle, rien ne se passe.

Nous croyons que les Européens peuvent jouer un rôle, parce qu'ils ont une meilleure connaissance des causes du conflit ; parce que les politiques américaines ont échoué et laissé un vide qui doit être comblé ; enfin, à cause du dernier échec subi par Israël en utilisant la force et la force seule. La France, avec d'autres pays européens, peut aider à recadrer les politiques occidentales à l'égard de la région. Depuis 20 ans, les États-Unis ont suivi une certaine démarche dans le processus de paix et elle a échoué ; poursuivre dans la même voie aboutira aux mêmes résultats.

[Répondant à une question de savoir si le cadre de référence négocié à la fin de l'administration Clinton et qui semble à tous être la seule manière pratique de résoudre le conflit, est acceptable par le Hamas] Non. Et il n'est pas seulement inacceptable pour le Hamas, il l'est aussi pour le Fatah. Ce cadre ne tient pas compte des droits nationaux des Palestiniens. Je dirais plutôt que le cadre de référence, dans ces négociations, était les résolutions internationales concernant le conflit. Maintenant, lorsqu'on négocie sur la base de ce cadre, pourquoi essayer de le manipuler ou de le transformer ? Lorsque vous acceptez d'altérer le cadre de référence, vous ouvrez la porte à toute sorte de problèmes, simplement parce que Israël est la partie la plus puissante. Vous vous retrouvez avec des échanges de terres à la seule discrétion d'Israël, une situation insoluble à Jérusalem, des questions sur la possession de la souveraineté du sol et du sous-sol à proximité du Dôme du Rocher. En pratique, il n'y a pas de cadre de référence ferme et à cause de ça, c'est le plus fort qui impose ses conditions. Israël ne renoncera jamais à rien sauf sous la pression soit de la communauté internationale soit du Hamas.

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