3. Quelles stratégies de sortie des politiques économiques de crise ?

L'impulsion budgétaire, c'est-à-dire la politique budgétaire discrétionnaire (par opposition aux stabilisateurs automatiques) s'élèverait en moyenne à 1,1 point de PIB dans la zone euro en 2009, représentant une partie minoritaire du gonflement du déficit public .

Les perspectives pour 2010 montrent que la réaction contracyclique de politique budgétaire est concentrée sur 2009. Les plans de relance s'essoufflent et ne représentent plus que 0,7 point de PIB en 2010 (appréciés à partir de la situation des soldes en 2008) alors que les déficits publics resteraient aux alentours de ceux observés en 2009. Autrement dit, en 2010, la composante structurelle des déficits publics serait réduite, du moins selon les analyses de la Commission européenne.

Les données ici présentées montrent que les pays européens ont entrepris des politiques budgétaires qui, même si elles vont toutes dans le même sens d'une action contracyclique, ont été variables dans leur ampleur .

Sous certaines réserves tenant à la difficulté de poser des diagnostics techniquement impeccables, c'est en Espagne que l'impulsion budgétaire a été la plus forte (2,3 points de PIB), suivie par l'Autriche (1,8 point de PIB) et la Finlande (1,7 point de PIB). La réaction budgétaire a été plus importante en Allemagne (1,4 point de PIB comme au Royaume-Uni) qu'en France (1 point de PIB).

Si, dans l'ensemble, les pays européens adopteraient une politique budgétaire restrictive en 2010, l'Autriche et l'Allemagne feraient exception, ainsi que la Suède. En 2010, les politiques budgétaires des Etats déjà assez peu coordonnées en 2009, témoigneraient ainsi du suivi d'orientations inverses, voire contradictoires 15 ( * ) .

L'essoufflement des mesures prises pour endiguer la crise pourrait, dès 2010, avoir un contrecoup négatif sur la croissance , ce qui pose la question des stratégies de sortie de crise des politiques monétaires et budgétaires.

Les politiques monétaires non conventionnelles ont conduit à un important excédent de liquidités, afin d'assurer la stabilité des institutions financières. L'excédent devra toutefois être résorbé, afin de consolider la sortie de crise, et éviter qu'un excès de liquidités ne vienne nourrir une nouvelle bulle financière. Ce retrait des banques centrales devra être suffisamment ordonné et crédible, du point de vue de son rythme et de ses modalités, pour ne pas être mal interprété par les agents économiques. Ceci implique la définition d'un cadre et de principes devant guider l'action des banques centrales, avec une mise en oeuvre par étapes .

Par ailleurs, la question des stratégies de sortie est également posée pour les politiques budgétaires, afin de limiter l'impact que le rééquilibrage des finances publiques aura nécessairement sur l'activité . Cette question est particulièrement aiguë dans l'Union européenne, compte tenu du pacte de stabilité et de croissance qui implique un rééquilibrage coordonné des finances publiques. L'objectif évoqué par la Commission européenne pourrait être un retrait progressif des stimulants et des mesures de  consolidation structurelles et fiscales de 0,5 % par an, probablement à compter de 2011.

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La crédibilité des stratégies de démantèlement des mesures de relance prises pendant la crise dépendra aussi des mesures que les États pourraient prendre afin de limiter le risque de résurgence de mécanismes de crise.

Ces mesures devraient avoir pour objectif de corriger les déséquilibres existants de l'économie mondiale, qui risquent sinon de perdurer. La mise en place d'un cadre de réglementation financière amélioré n'est que l'un des aspects de cette problématique, qui suppose, avant tout, de définir un cadre commun de régimes de croissance économique équilibrés.

* 15 Ces prévisions sont toutefois tributaires de données qui, à l'époque de leur élaboration, ne pouvaient traduire entièrement la réalité des politiques finalement programmées.

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