Rapport d'information n° 646 (2009-2010) de Mmes Catherine MORIN-DESAILLY , Monique PAPON , MM. Yannick BODIN , Bernard FOURNIER , Jean-François HUMBERT et Mme Bernadette BOURZAI , fait au nom de la commission de la culture, déposé le 7 juillet 2010


N° 646

SÉNAT

SESSION EXTRAORDINAIRE DE 2009-2010

Enregistré à la Présidence du Sénat le 7 juillet 2010

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication (1) à la suite d'une mission effectuée au Brésil du 12 au 21 septembre 2009 ,

Par Mmes Catherine MORIN-DESAILLY, Monique PAPON, MM. Yannick BODIN, Bernard FOURNIER, Jean-François HUMBERT et Mme Bernadette BOURZAI,

Sénateurs.

(1) Cette commission est composée de : M. Jacques Legendre , président ; MM. Ambroise Dupont, Serge Lagauche, David Assouline, Mme Catherine Morin-Desailly, M. Ivan Renar, Mme Colette Mélot, MM. Jean-Pierre Plancade, Jean-Claude Carle , vice-présidents ; M. Pierre Martin, Mme Marie-Christine Blandin, MM. Christian Demuynck, Yannick Bodin, Mme Béatrice Descamps , secrétaires ; MM. Jean-Paul Amoudry, Claude Bérit-Débat, Mme Maryvonne Blondin, M. Pierre Bordier, Mmes Bernadette Bourzai, Marie-Thérèse Bruguière, Françoise Cartron, MM. Jean-Pierre Chauveau, Yves Dauge, Claude Domeizel, Alain Dufaut, Mme Catherine Dumas, MM. Jean-Léonce Dupont, Louis Duvernois, Jean-Claude Etienne, Mme Françoise Férat, MM. Jean-Luc Fichet, Bernard Fournier, Mme Brigitte Gonthier-Maurin, MM. Jean-François Humbert, Soibahadine Ibrahim Ramadani, Mlle Sophie Joissains, Mme Marie-Agnès Labarre, M. Philippe Labeyrie, Mmes Françoise Laborde, Françoise Laurent-Perrigot, M. Jean-Pierre Leleux, Mme Claudine Lepage, M. Alain Le Vern, Mme Christiane Longère, M. Jean-Jacques Lozach, Mme Lucienne Malovry, MM. Jean Louis Masson, Philippe Nachbar, Mme Monique Papon, MM. Daniel Percheron, Jean-Jacques Pignard, Roland Povinelli, Jack Ralite, Philippe Richert, René-Pierre Signé, Jean-François Voguet.

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

Votre commission de la culture, de l'éducation et de la communication, fidèle à ses traditions et à ses convictions, a souhaité apporter son soutien à cette manifestation de promotion de la culture et de la langue française qu'a été l'Année de la France au Brésil, faire un retour d'expérience de cette initiative très importante, et enfin procéder à une analyse de l'impact qu'elle pourrait avoir sur les relations franco-brésiliennes.

C'est la raison pour laquelle elle a confié à une délégation conduite par Mmes Catherine Morin-Desailly et Monique Papon, accompagnées de Mme Bernadette Bourzai et de MM. Yannick Bodin, Bernard Fournier et Jean-François Humbert, la mission de rendre compte de la mise en place de cette saison, par un déplacement dans les principales villes brésiliennes que sont Salvador de Bahia, Manaus, Brasília, São Paulo et Rio de Janeiro. Celui-ci a eu lieu du 13 au 20 septembre 2009, à savoir à la fin de l'Année de la France, qui s'est achevée à la mi-novembre.

L'objectif de l'Année de la France au Brésil était de présenter, sur l'ensemble du territoire brésilien, les différentes facettes de la culture et des savoir-faire français.

Mission accomplie, selon la délégation, qui a constaté la réussite de cette saison culturelle. Il lui est en outre apparu que la vitalité culturelle brésilienne constituait un point d'entrée très intéressant pour la coopération bilatérale franco-brésilienne.

La question se posait pour la délégation de savoir si les liens noués pendant les Années croisées étaient éphémères ou durables, si les années 2005 et 2009 ont constitué une parenthèse enchantée dans la relation franco-brésilienne ou si elles ont posé les jalons solides d'une amitié et d'une coopération prolongées.

Ce rapport de mission vise à apporter quelques éléments de réponse à cette question.

I. LA FRANCE ET LE BRÉSIL, TERRES DE CULTURES

A. LE SUCCÈS DE L'ANNÉE DE LA FRANCE AU BRÉSIL

1. L'Année du Brésil en France

En 2005, l'Année du Brésil a rencontré un vif succès : les organisateurs ont évalué à 15 millions le nombre de personnes touchées par l'événement, soit près d'un quart de la population française. Plus de 430 manifestations culturelles (danse, photo, peinture, édition, musique, théâtre ou cinéma) ont été organisées dans 161 villes françaises et environ 2 000 artistes brésiliens de toutes les disciplines ont pu exposer leurs oeuvres.

Pour bon nombre d'élus locaux, cette Année du Brésil a été l'occasion de constater l'engouement du public français pour les manifestations culturelles et le respect, voire l'amitié, qui existe entre les deux peuples.

Parallèlement, le volume des échanges entre les deux pays a augmenté de plus de 17 % à hauteur de 5 milliards de dollars entre 2004 et 2005, tandis que les investissements français au Brésil triplaient sur la même période.

M. Gilberto Gil, ministre de la culture brésilien, indiquait en outre que le nombre de touristes français au Brésil avait augmenté de 27 % en 2005 par rapport à l'année précédente.

Fort de ce constat, les Présidents Lula et Sarkozy annonçaient officiellement le 23 décembre 2008, lors de la signature du partenariat stratégique entre les deux pays, le lancement de l'Année de la France au Brésil.

2. L'Année de la France au Brésil

L'Année de la France au Brésil a consisté en l'organisation, du 21 avril au 15 novembre 2009, d'un ensemble d'événements culturels, scientifiques, économiques et sportifs, impliquant à la fois les institutions et la société civile, et couvrant l'ensemble du territoire brésilien, de Belém à Porto Alegre, et de Recife à Manaus, en passant par São Paulo, Rio de Janeiro, Brasília, Belo Horizonte, Salvador de Bahia, Recife, São Luís, Macapa...

L'objectif était de montrer les différentes facettes d'un pays qui se transforme et se réinvente tout en présentant sa forte identité culturelle : une France moderne, une France diverse, une France ouverte. Il s'agissait d'une opération de coopération bilatérale ayant pour objet de mieux faire connaître le pays partenaire et, par cette collaboration exceptionnelle, de transformer la perception qu'un pays a de l'autre. C'est dans cet esprit que la programmation de l'Année de la France au Brésil contenait des projets couvrant les champs de la culture, de la science, des technologies et du sport.

Plus de 500 projets ont ainsi été imaginés sur tout le territoire, dont 300 environ ont été labellisés.

L'objectif de la délégation de votre commission, qui s'est rendue au Brésil du 13 au 20 septembre 2010, était de suivre le déroulement de cette saison culturelle et d'analyser les moyens de renforcer les relations entre le Brésil et la France.

a) Les acteurs de la manifestation

L'Année de la France au Brésil a relevé en France du ministère des affaires étrangères et européennes. Votre délégation salue à cet égard l'implication quotidienne des équipes de l'Ambassade et des services de coopération culturelle dans les villes de Brasília, Rio de Janeiro et de São Paulo. Les Alliances françaises ont en outre pris le relais là où la présence des services de l'État français est plus limitée ou inexistante, comme à Manaus.

La mise en oeuvre des manifestations a été le fait du commissariat français de l'Année et des équipes de Culturesfrance. Votre mission tient à souligner le très bon travail mené par l'opérateur délégué du ministère des affaires étrangères et du ministère de la culture, dédié aux échanges culturels internationaux. Une communication de grande ampleur a sans conteste été mise en place : preuve en a été apportée dans chaque aéroport dans lesquels la délégation est arrivée, dans les couloirs desquels des affiches de l'Année de la France au Brésil étaient systématiquement mises en évidence.

La mise en oeuvre de l'Année de la France a relevé au Brésil à la fois du ministère de la culture et du ministère des relations extérieures. La délégation a ainsi rencontré à Brasília les organisateurs de l'évènement, notamment le directeur des relations internationales du ministère de la culture, M. Bruno Melo, le responsable de la gestion des projets dans cette même direction, M. Rodrigo Galletti, et la directrice du département culturel du ministère des affaires étrangères, Mme Eliane Zugaib. Ils ont déclaré à la délégation avoir été surpris par le nombre de projets à labelliser et par la montée en puissance de la manifestation au fur et à mesure de son déroulement .

La délégation a aussi pu avoir un échange extrêmement fructueux avec l'ancien ambassadeur, M. Roberto Soares de Oliveira, commissaire général pour l'Année de la France au Brésil, dont la mission de coordination a été capitale.

Cette Année de la France a également été soutenue par d'autres structures, publiques et privées, notamment au niveau local.

À Manaus, c'est l'État de l'Amazonie qui a soutenu des projets, notamment des concerts français qui ont eu lieu au légendaire théâtre Amazonas. M. Robério Braga, secrétaire à la culture de l'État, a ainsi relaté à la délégation le succès du cycle consacré à Saint-Saëns, Berlioz et Offenbach.

À São Paulo, c'est le très puissant SESC Pompéia (Service social du commerce de l'État de São Paulo) qui a financé des expositions, des concerts, des spectacles français dans toute la ville et tout au long de l'année.

La municipalité de São Paulo s'est aussi fortement impliquée, comme l'a démontré à la délégation M. Carlos Augusto Calil, le secrétaire municipal à la culture. Les coopérations décentralisées entre collectivités françaises et brésiliennes ont aussi été mobilisées, notamment à São Paulo, à la plus grande satisfaction de tous.

Des institutions publiques et privées se sont également inscrites dans le mouvement.

La fondation culturelle Palmares à Brasília a ainsi monté des évènements ponctuels. La pinacothèque et le musée de la langue portugaise de São Paulo ont respectivement mis en place une exposition Matisse très riche et une exposition particulièrement originale consacrée aux mots de la langue française.

Le Centre culturel Banco do Brasil avec l'exposition « Saint-Etienne, cité du Design » et le musée historique national avec l'exposition « Tapisserie des Gobelins » ont pleinement joué leur rôle de mise en valeur de la culture française.

Ces manifestations sont celles dont la délégation a pu constater la qualité, mais plusieurs centaines d'autres ont été organisées (voir II. B.), dans des domaines extrêmement variés, permettant à tous les publics de participer à cette Année de la France.

b) Le programme de l'Année de la France

La programmation a été construite par les deux commissariats français et brésilien autour de trois axes :

- la France aujourd'hui , symbolisée par la création artistique, l'innovation technologique, la recherche scientifique, le débat d'idées et le dynamisme économique.

À cet égard, la délégation a rencontré à Rio les participants au symposium scientifique de l'académie brésilienne des sciences et du collège de France qui ont apporté le témoignage de la forte présence universitaire française au Brésil. Réciproquement, ils ont signalé qu'un étudiant brésilien sur quatre recevant une bourse de son gouvernement choisissait la France pour poursuivre ses études supérieures. Au final, la France est ainsi le pays avec lequel le Brésil mène le plus grand nombre de projets de recherche conjoints.

- la France diverse : diversité de la société française ; diversité des savoir-faire ; diversité régionale. Ce sont effectivement des troupes, des orchestres et des collections de toute la France qui ont fait le voyage pour le Brésil.

- la France ouverte : avec la mise en place de partenariats franco-brésiliens, et de partenariats franco-brésiliens avec d'autres pays du monde (Afrique, Caraïbes, Amérique latine).

L'organisation de manifestations itinérantes et de quelques grands évènements populaires, notamment pour les cérémonies d'ouverture, a permis de lancer pleinement la saison. En matière culturelle, a été mis à l'honneur le bouillonnement de la création artistique française au travers d'une programmation éclectique, dans des disciplines aussi variées que la danse, les arts plastiques, le théâtre, l'architecture, la musique, la littérature ou encore la mode.

Les 2 et 3 mai 2009, sept compagnies françaises d'arts de la rue ont par exemple offert une image très novatrice de la création française (danse acrobatique, sirènes musicales, ballet de chariots élévateurs, percussions d'objets de la rue...) au public populaire de la « virada cultural », mélange de nuit blanche et de fête de la musique au Brésil.

La délégation considère que le foisonnement des projets a été mis pleinement au service des objectifs fixés par les organisateurs, grâce à la mise en place d'une labellisation soumise à l'approbation des commissaires généraux des deux pays , les projets des opérateurs français ayant été étudiés par le commissariat français installé en France à Culturesfrance, les projets émanant des structures brésiliennes ayant été étudiés par le commissariat brésilien installé à la direction des relations internationales du ministère de la culture.

Les 300 projets retenus respectaient ainsi des critères en matière de contenu, de moyens (reposer sur un partenariat entre Français et Brésiliens) et ont comporté, chaque fois que cela était possible, une forte dimension d'échange et de formation, permettant une pérennisation du projet .

c) Le financement

Le financement a été réparti de manière équilibrée entre les différents volets de la manifestation (culture, universitaire, environnemental, économique, institutionnel).

Les dépenses françaises se sont élevées à environ 10,7 millions d'euros, les ressources étant issues de plusieurs entités : de Culturesfrance, de différents ministères, de collectivités territoriales ou encore de nombreux mécènes (voir tableau au II. B.).

3. Après les Années croisées

Au vu de la vitalité des actions entreprises et de l'effet d'entraînement qu'elles ont pu avoir, au vu des constats effectués au cours du déplacement de la délégation de votre commission, il apparaît que l'Année de la France au Brésil a été un succès.

Mais au-delà de ce constat, la délégation considère que la culture constitue un point d'entrée très pertinent pour la coopération bilatérale franco-brésilienne, qui est stratégiquement important. Il suffit de recenser les visites officielles qui ont eu lieu au Brésil pendant cette Année de la France pour constater l'effet d'entraînement qu'elle a pu avoir.

Parmi les principales personnalités à s'être déplacées au Brésil en 2009, on peut retenir :

- le Président de la République, le 7 septembre à Brasília, comme hôte d'honneur de la fête nationale brésilienne, et le 26 novembre à Manaus pour le Sommet des pays amazoniens ;

- le ministre de la culture, le 21 avril et le 7 septembre ;

- le ministre du logement, le 23 avril ;

- le Président du Sénat, le 15 juin ;

- le ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire, le 24 juillet et le 7 septembre ;

- le ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, le 7 septembre ;

-le ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, le 7 septembre ;

- le Président de l'Assemblée nationale, le 21 octobre ;

- le ministre de la défense, le 7 septembre et le 3 novembre ;

- le secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants, le 14 avril ;

- le secrétaire d'État au commerce extérieur, le 4 mai ;

- et le secrétaire d'État aux transports, le 7 septembre.

En effet, le Brésil n'est plus seulement « un pays d'avenir qui le restera longtemps », selon le mot du Général de Gaulle. Sans être forcément « le nouvel eldorado » annoncé récemment par le magazine le Point 1 ( * ) , et au-delà de ses 190 millions d'habitants et de ses 8,5 millions de km², c'est maintenant une puissance bien réelle, une puissance émergée avec laquelle la France se doit de dialoguer et de construire un avenir .

À cet égard, la France est considérée comme un partenaire privilégié soutenant l'ambition brésilienne d'obtenir un statut international digne du rôle que le pays peut jouer. Le président de la commission de la culture, de l'éducation et du sport du Sénat brésilien, M. Flavio Arns, que la délégation a rencontré, en était pleinement convaincu. Il a également fait part de sa satisfaction que les deux pays s'appuient sur leurs politiques culturelles pour renforcer leurs relations.

Par ailleurs, comme l'a constaté l'ambassadeur du Brésil à Paris, M. José Mauricio Bustani, la France et le Brésil sont conscients « que seul un monde multipolaire, avec des institutions multilatérales renouvelées, peut se mesurer aux défis de notre temps » 2 ( * ) et de leur responsabilité particulière en matière de coopération internationale.

B. LA CULTURE : UN AXE FORT DU RAPPROCHEMENT FRANCO-BRÉSILIEN

1. Un aperçu de la culture brésilienne
a) Les formes culturelles

La culture brésilienne est marquée, d'une part, par le métissage de la population, qui est pleinement assumé par la société brésilienne, et d'autre part, par la difficulté de la vie dans les zones défavorisées, notamment urbaines.

Voici comment M. Gilberto Gil décrivait la culture brésilienne lors de son premier discours en tant que ministre de la culture, le 2 janvier 2003 : « la multiplicité culturelle du Brésil est un fait. Paradoxalement, notre unité de culture, unité de base, est enveloppante et profonde aussi. À vrai dire, nous pouvons même dire que la diversité interne est, aujourd'hui, un de nos traits identitaires les plus évidents. C'est ce qui fait qu'un habitant d'une favela de Rio, lié à la samba et au macumba, et un caboclo d'Amazonie, s'adonnant aux carimbos et aux encantados, se sentent et, de fait, sont également brésiliens. Comme l'a bien dit Agostinho da Silva, le Brésil n'est pas le pays de ceci ou de cela mais le pays de ceci et de cela. Nous sommes un peuple métissé qui marche au long des siècles, créant une culture essentiellement syncrétique. Une culture diversifiée, plurielle, mais qui est comme un verbe conjugué par des personnes diverses, en temps et modes distincts. Et, en même temps, cette culture est une : culture tropicale syncrétique tissée à l'abri et à la lumière de la langue portugaise ».

La langue portugaise est effectivement pratiquée sur les 8 millions de km² du territoire national : des accents se distinguent et des expressions régionales demeurent, mais tout le monde parle la même langue. En outre, le catholicisme, religion des colonisateurs, s'est imposé rapidement et s'est maintenu très fortement jusque dans les années 1960.

Comme le souligne toutefois Paul Claval, « la modernisation du sentiment d'identité culturelle n'aurait cependant pas été possible si la première moitié du XX e siècle n'avait vu se développer des cultures de masse capables d'unir toute la population autour d'un ensemble de croyances simples, de manifestations collectives et de pratiques festives » 3 ( * ) . Parmi elles, on peut citer la samba, la plage comme cadre de loisir ou le football.

Les formes modernes du carnaval se sont mises en places à Rio de Janeiro au milieu du XIX e siècle 4 ( * ) , s'inspirant notamment du carnaval de Paris, la France étant alors particulièrement à la mode. À la place d'une manifestation de rue diffuse et populaire, s'est développé un carnaval bourgeois bien encadré, se tenant au début dans des lieux clos, et qui passe ensuite dans la rue sous la forme de défilés. Ceux-ci permettent de donner aux carnavals une dimension populaire, mais leurs itinéraires et horaires sont fixés à l'avance et bien respectés. Enfin, au début du XX e siècle, les orchestres de samba se mettent à accompagner les défilés et les carnavals deviennent aussi musicaux. Les écoles de samba deviennent des structures de sociabilité très actives : la préparation des défilés s'étale sur l'année avec la conception des costumes puis les répétitions. Afin de préserver la circulation pendant le carnaval, les municipalités ont édifié des sambodromes, qui sont des avenues rectilignes très longues, bordées par deux murs de gradins.

Ainsi la samba s'est développée au Brésil dans le cadre du carnaval, fête nationale la plus populaire, au travers de la danse frénétique qui l'accompagne et qui permet à l'ensemble de la population de participer et de s'exprimer. La délégation de votre commission a eu la chance de visiter le sambodrome de São Paulo, qui réunit un très grand nombre d'écoles de samba et qui constitue le lieu principal du défilé lors du carnaval. Il lui est apparu qu'une réelle ferveur émanait des élèves de ces écoles et que la samba constituait indéniablement l'un des piliers de la culture brésilienne.

La musique est également un élément fondamental de la culture brésilienne. Issues de la diversité du Brésil, la samba et la bossa nova en sont les fers de lance, avec des musiciens comme Antônio Carlos Jobim, Chico Buarque ou Gilberto Gil.

Le cinéma contemporain brésilien aborde largement le thème de la violence urbaine. La littérature brésilienne, dont la renommée internationale tient notamment à l'oeuvre de Jorge Amado, est très active, avec des auteurs comme Machado de Assis ou Mario de Andrade, ou plus récemment Paulo Coelho. Les livres de Jorge Amado sont principalement consacrés à la défense des opprimés et la dénonciation des injustices de son pays.

L'architecture contemporaine est, quant à elle, principalement marquée par l'oeuvre d'Oscar Niemeyer, le « père de Brasília ».

Considéré comme le plus célèbre architecte brésilien, Oscar Niemeyer bénéficie d'une reconnaissance mondiale depuis sa participation à la création de Brasília en 1960. Collaborant avec Lucio Costa, urbaniste en chef, Oscar Niemeyer est le concepteur des principaux équipements publics de la ville, dont la cathédrale, le Parlement (Assemblée nationale et Sénat), le ministère des Affaires étrangères et le Panthéon. Il participe également avec Le Corbusier à la réalisation du siège de l'ONU à New York en 1952. En France, Oscar Niemeyer est le concepteur de plusieurs édifices publics, tels le siège du Parti communiste français, place du Colonel Fabien à Paris (1965-1980) ou le centre culturel Le Volcan du Havre.

La délégation a eu le plaisir d'admirer ses réalisations (voir la photographie ci-dessous) lors de son déplacement à Brasília, notamment lors de l'entretien avec M. Flavio Arns, président de la commission de la culture, de l'éducation et du sport du Sénat.

L'un des éléments majeurs de la culture brésilienne, enfin, est la télévision. En 2007, plus de 90 % des ménages brésiliens (44,3 millions) possédaient un téléviseur, d'après les données de l'Institut brésilien de la Statistique (IBGE). La télévision constitue la principale source de divertissement et d'information des Brésiliens.

Les journaux d'information télévisée et les « telenovelas » sont les programmes recueillant la part d'audience la plus élevée avec des taux avoisinant les 80 %. Le secteur audiovisuel a réalisé en 2007 un chiffre d'affaires de 7,1 milliards d'euros dont 64,5 % sur le segment de la télévision gratuite financée par la publicité et 35,5 % par la télévision payante dont les ressources proviennent essentiellement des abonnements.

Les principaux opérateurs de télévision sont :

- TV Globo, chaîne hertzienne qui, grâce à un réseau de 119 stations de télévision affiliées, concerne les 26 États de la République fédérale du Brésil et plus de 99 % des Brésiliens. La part d'audience de la chaîne est supérieure à 50 %. Le Groupe Globo est présent dans les secteurs de la presse écrite, de la télévision gratuite, de la télévision payante, de la radio, du cinéma et d'Internet et est le leader incontesté des médias brésiliens. Il représente au demeurant l'un des principaux groupes audiovisuels au monde, en particulier dans le domaine de la production de programmes. Le groupe produit en effet plus de 5 000 heures de programmes par an ;

- SBT (Sistema Brasileiro de Televisão), est le deuxième réseau de chaînes de TV au Brésil avec environ 17 % de l'audience ;

- Rede Record est la troisième chaîne de TV brésilienne en termes d'audience, à un niveau à peu près égal à celui de SBT, et est aujourd'hui contrôlée par « l'Église universelle du Royaume de Dieu », église évangélique créée en 1977 dont le succès au Brésil est considérable. Les programmes de la chaîne restent néanmoins diversifiés, avec des « telenovelas » et la retransmission de programmes sportifs notamment.

LES PRINCIPAUX OPÉRATEURS DE TÉLÉVISION

Opérateurs

Parts de marché

GLOBO COMUNICAÇO E PARTICIPAÇÕES S.A.

52,4 %

SBT - SISTEMA BRASILEIRO DE TELEVISO

16,9 %

REDE RECORD

10,8 %

TV BANDEIRANTES

5,1 %

REDE TV

2,3 %

Lancée en 2007 par le Président Lula, la chaîne publique TV Brasil, n'a pas encore réussi à percer dans le paysage audiovisuel brésilien. Mme Tereza Crinivel, directrice-présidente de TV Brasil, que la délégation a rencontrée, a indiqué que le service public audiovisuel français a été une source d'inspiration importante au moment de la création de TV Brasil et souligné que la chaîne est disponible pour coopérer, notamment via des échanges d'images ou de programmes, avec des chaînes publiques françaises, afin de renforcer la qualité de sa programmation.

Paul Claval, dans son ouvrage sur la « Fabrication du Brésil », insiste sur la puissance de la chaîne Globo et de ses feuilletons télévisés extrêmement populaires et considère qu'elle constitue l'un des éléments majeurs de la culture de masse brésilienne, et donc de l'unification du pays.

b) Les politiques culturelles

Par ailleurs, en dehors du carnaval et afin d'asseoir ce modèle culturel, une institution très spécifique et particulièrement efficace a été mise en place au Brésil : il s'agit du « Service social du commerce » (SESC). Créé en 1946 pour contribuer, d'une part, au bien-être des travailleurs du secteur tertiaire, et promouvoir, d'autre part, le développement culturel, le SESC, structure fédérale qui dispose d'une représentation autonome dans chaque État brésilien, est financé grâce à une taxe parafiscale obligatoire de 1,5 % prélevée sur la masse salariale des entreprises de ce secteur .

Le SESC s'est d'abord concentré sur le volet strictement social de sa mission, suppléant un État providence inexistant jusqu'à la fin des années 1970 (par le lancement de programmes sociaux et de protection de la santé des travailleurs), mais s'est ensuite largement consacré, notamment depuis le retour à la démocratie, à la promotion de la culture : démocratisation de l'accès à la culture pour des publics modestes, mais également des pratiques, sous la forme d'ateliers de formation, et défense de l'identité et la diversité culturelle du pays en finançant et en montrant des formes d'expression culturelles populaires.

Les SESC présents sur l'ensemble du territoire brésilien peuvent ainsi tout autant abriter une scène de théâtre qu'un cybercafé, une salle de sport ou un cabinet médical.

Le SESC de São Paulo (SESC Pompéia) est le plus important du Brésil. Présidé par M. Danilo Santos de Miranda, désigné au demeurant président du commissariat de l'Année de la France au Brésil, il compte un million de membres, majoritairement issus des classes moyennes et, pour plus de la moitié, âgés de moins de 18 ans, qui peuvent mener une activité artistique, assister à une conférence ou encore visiter l'une des expositions qui se tiennent chaque année. La puissance de cette institution est l'un des atouts majeurs de la politique culturelle brésilienne et a largement favorisé la réussite de l'Année de la France, notamment à São Paulo.

La délégation de votre commission a été très impressionnée par la visite de l'un des centres du SESC Pompéia et notamment par la jeunesse de son public. Elle a visité avec grand plaisir l'exposition « Ombres et lumière », exposition artistique et scientifique destinée au jeune public, présentée à la Cité des sciences et de l'industrie depuis 2005 et reconfigurée et adaptée au contexte brésilien par le SESC, qui a conservé le concept du parcours dans la maison d'Arquimedes Sombra, scientifique, savant, poète, rêveur et collectionneur d'ombres.

Par ailleurs, le Parlement a adopté des lois spécifiques en matière culturelle, notamment la loi Rouanet votée en décembre 1991, qui permet aux individus et aux entreprises de déduire de leurs impôts sur le revenu ou leurs bénéfices, partiellement ou totalement, le montant investi dans un projet culturel approuvé par le ministère de la culture. Cette loi en faveur du mécénat a rencontré un très vif succès au Brésil. Lors de son accession au pouvoir, le Gouvernement Lula a renforcé le contrôle sur les projets choisis et entamé un processus de décentralisation des ressources obtenues à travers la loi Rouanet, qui étaient consacrées à 80 % à des projets menés à Rio de Janeiro et São Paulo.

2. Le sport, ciment puissant de la société brésilienne

Le football est un symbole de l'identité brésilienne dès la première moitié du XX e siècle : ainsi, afin de répondre aux attentes des foules nombreuses souhaitant assister aux matchs, d'immenses stades sont construits dans les années 1940 à 1950, notamment à Rio de Janeiro (Maracanã, São Januário) et São Paulo (Pacaembu 5 ( * ) , Morumbi, Parque Antártica).

Le stade Maracanã de Rio de Janeiro est l'un des plus grands stades de football au monde. Construit à l'occasion de la Coupe du monde 1950 de la FIFA, et surnommé d'après le quartier de Rio où il s'élève, il abrite aujourd'hui les clubs de Flamengo et Fluminense.

Il avait une capacité initiale de plus de 200 000 spectateurs debout. Cependant, cette capacité fut réduite dans les années 1990 à environ 77 000 places assises. En 2007, des travaux d'agrandissement ont porté cette capacité à 83 000 places assises. Il sera l'un des lieux phares de la Coupe du monde 2014 qui se jouera au Brésil 6 ( * ) .

Les Brésiliens sont souvent supporters d'une équipe, mais l'identification est assez libre, dans la mesure où les grandes villes comprennent plusieurs clubs (à Rio, le « Flamingo », le « Flaminense » et le « Vasco », à São Paulo, le São Paulo Futebol Clube et les « Corinthians » ou « Palmeiras » et à Belo Horizonte, Cruzeiro et le Clube Atlético Mineiro).

La sélection nationale a, quant à elle, eu un rôle fondamental dans le renforcement du sentiment national au XX e siècle . Selon l'analyse de l'ethnologue Roberto Da Matta, dans les années 1920 à 1940, il y avait une mythification de l'étranger et les Brésiliens se sentaient inférieurs aux Européens. Quand l'équipe de football, métissée et à l'image du Brésil, a commencé à gagner, à partir de 1958, le sentiment de fierté d'être brésilien s'est affermi. Par ailleurs, les figures de Pelé ou de Garrincha, d'origine très pauvre, contribuent fortement à l'adhésion des classes populaires brésiliennes à l'équipe. Cette identification a été manifeste le jour de la disparition de la « joie du peuple », Garrincha en 1983, dont la veillée funèbre eut lieu au stade Maracanã et dont le corps est inhumé en présence de plus de 8 000 personnes.

Seul pays à avoir participé à toutes les phases finales de Coupe du monde de football, le Brésil détient aujourd'hui cinq titres de champion du monde. L'impact des résultats de la « Seleção » sur le pays est réel et a fait l'objet de très nombreuses analyses sociologiques 7 ( * ) .

S'agissant de la pratique, plusieurs millions de jeunes joueurs sont concernés. Les enfants des quartiers pauvres pratiquent ce sport dans la rue, dans les terrains vagues ou sur la plage, ceux issus des milieux aisés, dans les clubs avec un encadrement. Le Brésil compte aujourd'hui selon Ricardo Teixeira, président de la confédération brésilienne de football, plus de 13 000 athlètes professionnels.

Le football est le premier sport brésilien en termes de nombre de pratiquants, loin devant la natation et le volley-ball, qui se joue principalement sur les plages.

Très présent dans toute la société, le sport est aussi, logiquement, un enjeu politique majeur. Sur ces quelques jours de déplacement, la délégation de votre commission a ainsi rencontré de nombreux acteurs de cette politique :

- à Brasília, le directeur des relations internationales du ministère des sports, M. José Leite de Assis Fonseca, qui a présenté la candidature de Rio de Janeiro à l'organisation des Jeux olympiques de 2016 (qui a été désignée ville organisatrice quelques jours après), et l'organisation mise en place pour la Coupe du monde de football de 2014 ;

- le président de la commission éducation, culture et sport du Sénat brésilien, pour lequel l'activité sportive est un objet de débat important ;

- à Rio, des représentants du comité olympique brésilien, qui ont également présenté la candidature de la ville pour les Jeux de 2016 ;

- enfin la secrétaire au tourisme, aux sports et aux loisirs de l'État de Rio, Mme Márcia Beatriz Linz Izidoro. Cette dernière rencontre a eu lieu au stade mythique de Maracanã, où la passion des Brésiliens pour le football s'exprime toute l'année.

La délégation de votre commission a constaté l'importance du sport dans la société brésilienne et l'attachement des instances politiques à encourager son développement et son exposition.

3. La France et le Brésil : des partenaires culturels dans la durée

Afin de nourrir une relation bilatérale durable, il est nécessaire de disposer d'outils de coopération stables. À cet égard, la France a mis en place des structures pérennes, à travers les lycées français, son réseau culturel et la coopération scientifique.

L'action en faveur du français et des échanges culturels occupe une place importante de la diplomatie française. Trois lycées français (São Paulo, Rio, Brasília) totalisent 2 065 élèves dont environ 1 500 Français . Votre commission tient à rappeler que l'accueil de non-Français dans ces lycées constitue un moyen très efficace, non seulement d'améliorer la présence de la langue française dans le monde, mais aussi de renforcer sur le long terme les partenariats entre nos deux pays, via la formation des élites locales et la constitution d'amitiés personnelles solides.

Les Alliances françaises du Brésil constituent le réseau le plus ancien et le plus dense du monde avec 39 implantations, accueillant 35 000 élèves .

L'Alliance française est une association à but non lucratif mise en place en 1883 et reconnue d'utilité publique, qui s'est donné pour mission de favoriser la diffusion de la langue et de la culture françaises en s'appuyant sur les amis de la France dans le monde.

Chaque comité de l'Alliance est une structure autonome de droit local issue d'une démarche spontanée de personnes francophiles, dont l'initiative est approuvée par l'Alliance française de Paris. Il n'est donc pas de l'autorité du ministère des affaires étrangères de créer ou de supprimer une Alliance française. Or celles-ci constituent un complément indispensable au réseau des centres culturels. C'est pourquoi le ministère signe des conventions de partenariat avec les comités locaux en faveur de projets s'inscrivant dans ses priorités. Les Alliances conventionnées ont accès aux mêmes moyens d'action que les établissements culturels relevant de l'État, tels que la mise à disposition de personnel d'encadrement, des subventions d'intervention, le soutien des fonds d'aide spécialisés, l'assistance de Culturesfrance...

De plus en plus, les Alliances françaises se spécialisent dans l'enseignement du français, notamment dans le cadre du « Plan de relance du français » lancé par le ministère des affaires étrangères et européennes.

Bien que le français reste une langue peu parlée au Brésil (moins de 1 % de la population), la délégation de votre commission tient à souligner la qualité du travail mené par ces Alliances et à saluer notamment Mme Thérèse Aubreton, directrice de l'Alliance française de Manaus, qui assure, avec peu de moyens, de manière remarquable la présence du français et de la culture française en Amazonie.

Les échanges artistiques (théâtre, arts plastiques, musique, danse) et la formation des professionnels de la culture sont aussi particulièrement intenses et ont bénéficié d'un nouvel élan avec les Années croisées. Le Brésil est par ailleurs le premier marché pour le livre français en Amérique du Sud.

Le Brésil représente enfin le partenaire principal de la France en Amérique latine pour la coopération scientifique et technique, fondée sur le partenariat et le cofinancement.

Les champs d'action prioritaires sont :

- le développement durable et la biodiversité en Amazonie ;

- la recherche et l'innovation technologique (la France est le deuxième partenaire scientifique du Brésil après les États-Unis) ;

- et l'accompagnement, en matière de coopération technique, des priorités du gouvernement brésilien (politiques sociales, agriculture familiale durable, réforme de l'État mais aussi aide à l'Afrique).

Elle est structurée autour de formations d'excellence entre universités et de partenariats de haut niveau entre les organismes de recherche des deux pays. 2 911 Brésiliens ont ainsi étudié dans les universités françaises et 838 dans les grandes écoles en 2009.

La coopération décentralisée, enfin, est un outil propice au renforcement à long terme des relations bilatérales. Son importance dans les relations franco-brésiliennes a été officialisée par le protocole signé en Guyane le 12 février 2008 et elle connaît un développement soutenu : outre des assises bilatérales régulières (les dernières à Lyon en décembre 2009), le « comité mixte de suivi de la coopération décentralisée franco-brésilienne », créé par le protocole de 2008, s'est réuni pour la première fois en avril 2009 à Rio de Janeiro. Dans le domaine culturel, la coopération entre la région Île-de-France et l'État de São Paulo a été concrétisée par l'organisation de très nombreuses manifestations, comme l'a constaté la délégation lors d'un déjeuner organisé par le consul général de France à São Paulo, M. Sylvain Itté, et l'attaché de coopération et d'action culturelle, M. Jean-Marc Tidori.

Ces outils permettront de faire vivre ces Années croisées au-delà de ces années 2000. À cet égard, il est de la responsabilité des parlementaires de donner à la diplomatie culturelle les moyens de l'ambition que l'on a pour elle . Votre commission considère que le réseau des écoles françaises à l'étranger et celui de notre action culturelle extérieure doit disposer de moyens suffisants pour fonctionner dans les pays où la France a le souhait d'avoir une politique étrangère active . Il ne fait aucun doute que le Brésil est l'un de ces pays et votre commission sera à cet égard attentive à ce que l'action culturelle extérieure de la France au Brésil ne soit pas le parent pauvre de leur relation bilatérale.

II. ANNEXES

A. PROGRAMME DE LA MISSION SÉNATORIALE

SÉJOUR AU BRÉSIL

du 13 au 21 septembre 2009

Dimanche 13 septembre 2009

Ø 9 h 50 - Arrivée à Salvador de Bahia

Ø Visite du centre historique de la ville de Salvador

Lundi 14 septembre 2009

Ø 9 h 20 - Départ pour Manaus

Ø 13 h 40 - Arrivée à Manaus

Ø 16 h 00 - Rencontre avec le secrétaire d'État à la culture de l'Amazonie, M. Robério dos Santos Pereira Braga

Ø 17 h 00 - Visite du Centre culturel des peuples de l'Amazonie

Mardi 15 septembre 2009

Ø 9 h 00 - Visite de l'Alliance française de Manaus et entretien avec Mme Thérèse Aubreton, directrice de l'Alliance

Ø 10 h 00 - Visite de la ville de Manaus avec Mme Thérèse Aubreton, directrice de l'Alliance française

Ø 15 h 00 - Départ pour Brasília

Ø 18 h 50 - Arrivée à Brasília . Accueil par Mme Cécile Merle, Première Secrétaire de l'Ambassade de France

Mercredi 16 septembre 2009

Ø 8 h 45 - Entretien avec M. Antoine Pouillieute, Ambassadeur de France au Brésil

Ø 10 h 00 - Entretien avec M. Americo Cordula, secrétaire à l'identité et à la diversité culturelle du Ministère de la Culture, en présence de Mme Thays Pessotto, chargée de l'intégration et des relations multilatérales

Ø 11 h 30 - Rencontre avec TV Brasil. Entretien avec Mme Tereza Crinivel, directrice-présidente de l'entreprise brésilienne de communication

Ø 13 h 00 - Déjeuner avec Mme Chantal Haage, conseillère de coopération et d'action culturelle adjoint, M. Patrick Dahlet, attaché de coopération éducative, Mme Marina Felli, attachée de coopération technique et M. Gauthier Givaja, chargé de mission coopération institutionnelle à l'ambassade de France au Brésil

Ø 14 h 30 - Visite de la Fondation culturelle Palmares. Entretien avec M. Elisio Lopes Junior, vice-président de la Fondation

Ø 15 h 30 - Rencontre avec M. le sénateur Flavio Arns, président de la commission Éducation, culture et sport du Sénat brésilien

Ø 17 h 00 - Rencontre avec M. Ottoni Fernandes Jr du Secrétariat de la communication de la Casa civil

Jeudi 17 septembre 2009

Ø 9 h 00 - Rencontre avec M. José Leite de Assis Fonseca, directeur des relations internationales du ministère des sports

Ø 10 h 30 - Visite guidée de la ville

Ø 14 h 30 - Rencontre avec les responsables de l'Année française au Brésil

Ø Entretiens avec : M. Roberto Soares de Oliveira, ambassadeur, commissaire général brésilien de l'Année de la France au Brésil, M. Marcelo Dantas, conseiller, directeur des relations internationales, M. Rodrigo Galletti, direction des relations internationales, M. José Mario Ferreira Filho, conseiller à la division des opérations de diffusion culturelle, et Mme Eliana Zugaib, ministre, directrice générale culturelle

Ø 17 h 25 - Départ pour São Paulo

Ø 18 h 59 - Arrivée à São Paulo . Accueil par MM. Sylvain Itté, consul général, et Jean-Martin Tidori, attaché de coopération et d'action culturelle

Vendredi 18 septembre 2009

Ø 9 h 30 - Visite du Serviço social do comércio (SESC) de la ville de São Paulo

Ø 11 h 00 - Rencontre avec M. Carlos Augusto Calil, secrétaire municipal à la culture

Ø 12 h 00 - Visite de la pinacothèque et du musée de la langue portugaise

Ø 13 h 30 - Déjeuner avec M. Carlos Augusto Calil et les partenaires de l'Année de la France au Brésil

Ø 15 h 00 - Point presse

Ø 17 h 00 - Départ pour Rio de Janeiro

Ø 18 h 00 - Arrivée à Rio de Janeiro . Accueil par M. Hughes Goisbault, consul général

Ø 20 h 30 - Réception à la résidence du Consul de France en l'honneur de la délégation sénatoriale et des participants au symposium scientifique de l'Académie Brésilienne des sciences et du collège de France

Samedi 19 septembre 2009

Ø 9 h 30 - Présentation de la candidature pour les jeux olympiques de 2016 de la Ville de Rio de Janeiro par des représentants du Comité Olympique Brésilien

Ø 11 h 20 - Visite de l'exposition « Tapisseries des Gobelins » dans le cadre de l'Année de la France au Brésil au Musée Historique National en présence de sa directrice Mme Vera Tostes

Ø 12 h 30 - Déjeuner avec les partenaires culturels cariocas de l'Année de la France au Brésil

Ø 14 h 30 - Rencontre au stade Maracanã avec Mme Márcia Beatriz Lins Izidoro, secrétaire au Tourisme, aux sports et aux loisirs de l'État de Rio de Janeiro

Ø 16 h 00 - Match de football au Stade Maracanã : Vasco (Rio de Janeiro) / Guarani (Campinas)

Dimanche 20 septembre 2009

Ø 9 h 30 - Visite au Corcovado

Ø 16 h 20 - Départ pour Paris Charles-de-Gaulle

B. LES PRINCIPALES MANIFESTATIONS DE L'ANNÉE DE LA FRANCE AU BRÉSIL

Eléments de programmation : Les principales manifestations

Grands événements :

Ouverture (fin avril) : spectacle pyrotechnique sur la lagune de Rio de Janeiro (Groupe F) ; caravane de 7 compagnies de théâtre de rue pour la Virada Cultural de São Paulo ; fête de l' « Inconfidência » à Ouro Preto (Minas Gerais).

7 septembre, fête national brésilienne et visite du Président de la République : parade de la Patrouille de France, participation d'unités françaises au défilé militaire, colloque d'architecture « la métropole du futur ».

Clôture (15 novembre) : programmation musicale gratuite à São Paulo, fête de clôture à la Oca d'Ibirapuera.

Arts visuels et scéniques

Patrimoine : expositions Houdon, Matisse et l'abstraction contemporaine, Léger et ses élèves brésiliens, tapisseries anciennes et modernes des Gobelins, Chagall, le réalisme français, estampes du musée de Gravelines, Autochromes des frères Lumière. Restauration d'un important tableau de Nicolas Poussin du MASP, musée d'art de São Paulo.

Art moderne et contemporain : collection Renault d'art contemporain ; « Prenez soin de vous » de Sophie Calle ; exposition Gérard Fromanger ; « un monde sans mesures », exposition collective d'artistes français ; nombreuses résidences d'artistes.

Photo : Expositions « la jeunesse en France » (collections du FNAC), « A la recherche d'un regard », regard de photographes français du Brésil (Verger, Gautherot, Manzon) et de jeunes photographes français et brésiliens ; Cartier-Bresson ; collections de la Maison européenne de la photographie ; « Reflexio, la photographie contemporaine française ».

Musique : France invitée spéciale au festival d'Opéra à Manaus (« Samson et Dalila », « Pelléas et Mélisande », « Les Troyens », « La vie parisienne ») ; tournée de l'Orchestre des Champs-Elysées (Berlioz) ; création d'un Centre international des musiques noires et édition brésilienne du festival « Musiques métisses » d'Angoulême à Salvador de Bahia ; plateaux itinérants de la jeune chanson française (« Station Brésil ») ; exposition Gainsbourg et concerts de J. Birkin et Caetano Veloso ; festival des musiques d'outre-mer, « Canto de outras aguas ».

Théâtre et cirque : spectacles franco-brésiliens : Koltès et V. Novarina ; P. Chéreau - lectures ; Quartett de Heiner Müller avec I. Huppert ; spectacle « Les rois nomades » de la Cie Transe Express ; spectacle du Centre national du Cirque, mise en scène G. Lavaudant ; France invitée spéciale au festival mondial du cirque de Belo Horizonte et au festival du cirque de Recife.

Danse : Ballets de Lorraine et de Marseille, créations franco-brésiliennes : « Hymnen » et « Les métamorphoses » ; « Blanche-Neige », compagnie Preljocaj ; spectacles de hip hop (compagnie franco-brésilienne Arte e rua) ; spectacle et ateliers « Va et vis », de la chorégraphe guyanaise Norma Claire.

Design et mode : expositions Lacroix et Yves Saint-Laurent ; projet « Passion française » à la São Paulo Fashion Week, avec la styliste Sakina M'sa ; exposition « 20 icônes françaises et brésiliennes du design » ; exposition de la Cité du design de Saint-Etienne ; exposition « Observer du design ».

Architecture : France invitée spéciale à la Biennale d'architecture 2009 ; colloque « la métropole du futur » à Brasília ; installations végétales à São Paulo (Jean-Paul Ganem) ; exposition « Le Corbusier et le Brésil » de la Fondation Le Corbusier.

Audiovisuel : festival commercial du film français récent (Unifrance) ; festival de cinéma africain francophone ; France invitée spéciale dans les grands festivals, Rio de Janeiro et São Paulo ; festival Jean Rouch ; festival « Opera na tela », opéras filmés.

Sciences, éducation et recherche

Coopération scientifique et universitaire : Forum franco-brésilien sur l'enseignement et la recherche ; semaine franco-brésilienne sur les formations et métiers du futur (Campusfrance) ; commémoration du 30 ème anniversaire Capes-Cofecub ; réunion du réseau mondial des Institut Pasteurs.

Débat d'idées : cycle « Le Collège de France au Brésil » ; cycle de colloque dans tout le Brésil sur les défis de la mondialisation (développement durable, changement climatique, gestion des territoires, régulation des relations internationales) et la recherche de pointe ; colloques « Les espaces temps du Brésil », sur la recherche française consacrée au Brésil.

Expositions scientifiques : expositions de la Cité des Sciences : « Ombres et lumière » et « Epidemik » ; exposition du CNES.

Livre et écrit : caravane d'auteurs français et francophones dans les 3 principaux salons littéraires (Rio, Paraty, Porto Alegre) ; mise en place d'une bibliothèque numérique francophone et lusophone à partir des collections des deux bibliothèques nationales ; édition d'une collection de livres « França.br 2009 » en littérature et sciences humaines et sociales.

Langue française : Exposition sur la langue française au musée de la langue portuguaise ; concours de slam en français ; colloques sur la traduction, les bibliothèques et l'enseignement du français.

Environnement : exposition et colloque-bilan sur les coopérations franco-brésiliennes en Amazonie ; nombreux colloques sur la préservation de l'environnement et le développement durable.

Solidarités : forum franco-brésilien sur l'action des sociétés civiles (Coordination Sud et Abong) ; projets sociaux et culturels menés par des associations : « fleuve de mon histoire » (Chanteloup les vignes et São Gonçalo do Rio das Pedras) ; « contant des histoires » (brodeuses de Santo Amaro et Aubervilliers) ...

Sport : Ensemble d'événements sportifs (rugby, ski nautique, course, etc...)

Economie et technologie

Economie : Programme mené par Ubifrance et les missions économiques autour de 4 thèmes (art de vivre ; innovation ; mobilités et transports ; énergies et développement durable) ; Pavillon France dans les grands salons professionnels ; Forum sur les entreprises et le développement durable, avec la Chambre de commerce franco-brésilienne.

Tourisme : festivals de gastronomie française ; forums régions françaises dans les Etats ou villes partenaires (PACA - São Paulo ; Rhône-Alpes - Paraná ; Nord-Pas-de-Calais - Minas Gerais).

Agriculture : rencontres sur les défis de l'agriculture contemporaine et les cultures alimentaires (Ministère de l'Agriculture) ; forum des écoles de formation agricole.

Transports : forum sur la coopération en matière de transports.

BUDGET - ANNÉE DE LA FRANCE AU BRÉSIL - ESTIMATION (02/2010)

Nombre de projets labellisés 745 projets

Nombre de projets confirmés 553 projets

Nombre de projets qui ont bénéficié d'une aide directe de CF 233 projets

1/ DÉPENSES FRANÇAISES (estimation)

Frais de coordination commissariat 2007 (personnel, missions, frais techniques, communication) 65 800 €

Frais de coordination commissariat 2008 (personnel, missions, frais techniques, communication) 188 384 €

Frais de coordination commissariat 2009 (personnel, missions, frais techniques) 130 030 €

Aide aux projets (2009) 805 000 €

Volet culturel (estimation) 4 200 000 €

Volet éducatif, universitaire, scientifique et linguistique (estimation) 1 100 000 €

Volet environnement, urbanisme et développement durable (estimation) 500 000 €

Projets dans le cadre de la coopération décentralisée et non-gouvernementale 700 000 €

Volet économique 2 000 000 €

Volet défense 1 000 000 €

TOTAL GLOBAL DES DÉPENSES 10 689 214 €

2/ RECETTES FRANÇAISES

RECETTES DONT A DISPOSÉ CULTURESFRANCE

Commissariat français (MAEE - 2007/2008/2009) 1 129 214 €

Commissariat français (MCC - 2009) 60 000 €

Département des Echanges et de la Coopération Artistiques 411 284 €

Afrique & Caraïbes en Créations 193 398 €

Conventions Collectivités (estimation) 330 000 €

Comité des mécènes (apport en numéraire au fonds commun des mécènes)** 1 600 000 €

Mécénat - projet fléché (apport en numéraire) 882 000 €

Valorisation mécénat Air France / échange marchandises (160 billets gratuits) 187 000 €

Valorisation mécénat Accor / échange marchandise (nuitées gratuites) 100 000 €

Sous-total des RECETTES DONT A DISPOSÉ CF : 4 892 896 €

AUTRES APPORTS MAEE (estimation)

Direction générale de la Mondialisation 30 000 €

Ambassade de France au Brésil (2008/2009) 1 060 000 €

Campusfrance 70 000 €

Fonds Association franco-brésilienne de coopération et culture (AFBCC) 650 000 €

Sous-total 1 810 000 €

AUTRES RESSOURCES (estimation)

Ministère de la Culture et de la Communication / EMOC 50 000 €

Ministère de l'Education nationale et de la Recherche 250 000 €

Ministère de la Défense 1 000 000 €

Ministère de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi / UBIFRANCE 2 000 000 €

Ministère de l'Ecologie, de l'énergie et du développement durable / ADEME 150 000 €

Collectivités (hors convention Culturesfrance) 520 000 €

Sous-Total 3 970 000 €

TOTAL GLOBAL DES RESSOURCES 10 672 896 €

** hors apports en nature et participation des filiales brésiliennes des entreprises françaises aux coûts locaux, environ 1 800 000 Euros par le biais des lois d'exonération fiscale brésiliennes.


* 1 Le Point, 6 mai 2010.

* 2 José Mauricio Bustani, « Le Brésil au XXI e siècle et le partenariat stratégique avec la France », Politique étrangère, 2010.

* 3 Paul Claval, « La fabrication du Brésil - Une grande puissance en devenir », Belin, 2004.

* 4 Voir, à cet égard, Luis Felipe Ferreira, « Le carnaval de Rio au XIX e siècle : influences parisiennes et tensions urbaines », Géographie et cultures, n° 45.

* 5 Ce stade, premier stade de football construit au Brésil, dans lequel aucun club ne joue en particulier, contient même un musée du football. Dans les stades de Morumbi et Parque Antártica jouent respectivement le São Paulo Futebol Clube et Palmeiras.

* 6 Voir sur l'histoire du stade le passionnant article de Sergio Leite Lopes, « Le Maracanã, coeur du Brésil », dans : Sociétés et Représentations, n° 7, (numéro spécial, «Football et Sociétés») décembre 1998, pp. 129-140.

* 7 Dont la plus connue est celle de Janet Lever, dans « Soccer Madness », Chicago, University of Chicago Press, 1983.

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