2. Les conséquences du défaut d'association à la campagne de vaccination des professionnels de santé

Il est difficile à comprendre, pour l'ensemble de la population comme pour les professionnels eux-mêmes, qu'une aussi vaste entreprise de santé publique que la vaccination pandémique ait pu être organisée et préparée sans que les professionnels de santé soient étroitement associés à cette préparation.

Quelles que soient les raisons logistiques qui ont conduit à ce choix, il a été perçu comme paradoxal, surtout après l'adoption de la loi HPST, qui avait mis en évidence le souci - justifié - du Gouvernement de développer la médecine de premier recours. Comme l'a observé, lors de son audition, M. Didier Tabuteau 158 ( * ) , cette médecine de premier recours, mise à l'honneur par la loi du 21 juillet 2009, devenait, avec la circulaire du 21 août 2009 relative à l'organisation de la campagne de vaccination, la « médecine de dernier recours ».

Le résultat remarquable de la campagne en faveur du développement de la vaccination antipneumococcique a pourtant bien montré l'efficacité de l'association des médecins à la mise en place des politiques de vaccination.

L'association des médecins à la campagne de vaccination aurait pu, en outre, jouer un rôle majeur pour améliorer la communication auprès du public.

Le succès remarquable de certains blogs ou sites animés par des généralistes - tel celui du docteur Dominique Dupagne, qu'a entendu la commission d'enquête 159 ( * ) - a bien montré que c'est vers les médecins, et d'abord vers leur médecin, que se tournaient spontanément tous ceux qui, visiblement, ne trouvaient pas ailleurs les réponses aux questions qu'ils se posaient.

La ministre de la santé et des sports a posé, lors de sa dernière audition 160 ( * ) , le problème de l'adaptation de la médecine de ville aux crises sanitaires et a dit avoir demandé aux médecins de réfléchir à l'organisation d'une structure « dormante » qui pourrait être activée en tant que de besoin.

Il est intéressant de noter que cette idée rejoint une suggestion du rapport d'évaluation de la gestion britannique de la pandémie, qui avance l'idée d'un « contrat dormant » passé entre les autorités sanitaires et les médecins et autres professionnels de santé pour organiser à l'avance, et donc permettre la mise en oeuvre rapide de leur participation à la lutte contre les pandémies, et notamment aux campagnes de vaccination.

Cette orientation mérite en effet d'être explorée.

Proposition n° 22 :
Organiser un dialogue entre les autorités et les professions de santé pour définir à l'avance les modalités de leur participation à la préparation
et à la réponse aux crises pandémiques.


* 158 Audition du 7 avril 2010.

* 159 Audition du 26 mai 2010.

* 160 Audition du 30 juin 2010.

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