MARSEILLE - GIP POLITIQUE DE LA VILLE 16 NOVEMBRE 2010

Personnes intervenantes :

- BERRICHE Karima Directrice CLS L'Agora

- BOUGHANEMI Himane Directeur Association Contact Club

- BRUNO Antoine Chef de service Association Tremplin

- BUNARDJIAN Chantal Conseillère pédagogique PJJ 13

- BOYER Valérie Députée des Bouches du Rhône et Adjointe à la politique de la ville et à la rénovation urbaine

- CAVALLARO Brigitte Directrice Générale, Mission locale

- DANIEL Max Directeur Association Tremplin

- DEBRENNE Pierre-Yves Directeur GIP Politique de la ville

- DRANET Eric Directeur Association Point Sud

- HAMMA Aouli Farida Coordinatrice du Programme Réussite Educative XIVe, GIP Politique de la ville de Marseille

- HERGOUALC'H Pierre-Marie Conseiller Technique auprès de Valérie Boyer, Ville de Marseille

- KAISER Shanti Co-directrice ADEJ

- LAHMADI Amar Responsable du pôle réussite éducative, GIP

- PERRUQUE Brigitte Directrice Espace Pédagogie Formation France

- RAHALI Karim Coordinateur Service Jeunesse, MPT Kleber, AIL 13

- TAGAWA Anne-Marie Educatrice spécialisée ADDAP13, service XIIIe/XIVe

Fabienne Keller avec la députée des Bouches du Rhône Valérie Boyer

Mme Valérie BOYER, députée des Bouches du Rhône et adjointe à la politique de la ville et à la rénovation urbaine, introduit la réunion. Marseille compte 41 000 collégiens, 18 861 en CUCS et 51 000 en classes élémentaires. Le turn-over dans les collèges marseillais est important, de l'ordre de 30 à 50 % chaque année .

La Maison de l'apprenti fait un travail sur les 13-15 ans. C'est le concept d'une structure « dehors/dedans ». L'argent, la place sociale et la reconnaissance qui l'accompagne, sont les causes de beaucoup de petits trafics. La maison de l'apprenti tente de leur donner un sentiment de sécurité tout en sortant de ces réseaux. Il est envisagé d'orienter cette maison de l'apprenti pour les 4 e -3 e afin d'éclairer les élèves sur leurs choix d'orientations. Selon les associations, la prise en charge des élèves au Collège marche bien, mais dès que l'on en sort les résultats sont moins probants.

Dès la puberté, la perspective est qu'une vie sociale est possible. Néanmoins il semble que la phase séparant ce stade de celui de la séparation d'avec les parents soit de plus en plus longue. La question principale qui regroupe la plupart des acteurs est celle du choix de l'égalité républicaine . En effet, on assiste à un gâchis du potentiel des élèves dans ces quartiers, de plus en plus de jeunes entre 14 et 16 ans étant déscolarisés . Pendant l'année de leur sortie effective du système scolaire, la moitié d'entre eux sont perdus. La société semble avoir évolué, mais pas le collège. De plus, on y pratique de plus en plus le consumérisme, avec un « collège à la carte ». Il faudrait proposer des alternatives tout en gardant cette égalité républicaine .

L'Education nationale arrive à être réactive tout de même. « Ça bouge lentement en raison de la lourdeur de la machine bureaucratique, mais ça bouge . ». Il y a un désengagement de la part de l'Etat à hauteur de 50 % dans les quartiers (comme celui de St Barthélemy - 14 000 habitants) pour les jeunes et la cohésion sociale. 20 % des jeunes du quartier Saint Barthélémy sortent sans aucune qualification de l'école, avec un taux de chômage de 48,6 %.

Réunion avec les acteurs de la politique de la ville de Marseille

La discussion s'engage sur des études faites sur le décrochage scolaire : les enfants s'ennuient au collège mais il reste néanmoins un antre de vie et de sociabilité . Quelle sera la place de l'enfant dans ces territoires urbains sensibles ? C'est une préoccupation importante des habitants de ces quartiers. Quelle sera la place des enfants au sein de ces projets de rénovation urbaine ? Il semblerait qu'ils ont déjà intégré la relégation sociale.

On parle de la question de l'emploi des professeurs et beaucoup déplorent le trop grand nombre de « turn-over ». C'est hors hexagone que les jeunes des quartiers sensibles se rendent compte qu'ils sont réellement français. Le regard de l'autre lui permet d'accéder à cette réalité. L'identité redevient problématique au retour en France.

Les associations présentent leur activité :

- le Centre social Maison Pour Tous Kleber : découverte des sports (autre que football) qui est un prétexte pour repérer les jeunes isolés.

- les Amis de l'Instruction Laïque 13

- le contact Club est un centre de prévention de la délinquance qui travaille avec quatre collèges. Il s'interroge sur le manque de fondamentaux à l'arrivée en 6 ème et sur la possibilité d'un examen de passage entre le CM2 et la 6 ème.

- L'association Point Sud tente de créer l'insertion par le sport et le loisir (notamment le rugby et les activités en milieu naturel). Elle a la volonté de démocratiser le rugby au niveau des écoles primaires afin de faire passer les valeurs inhérentes à ce sport. 8 écoles sont concernées avec la formation de 30 enseignants chaque année.

Au collège Versailles ( quartier de la Villette, IIIe arrondissement de Marseille), a été créée une AS rugby avec une moitié de filles et une moitié de garçons. Une section rugby a également été créée au sein du collège en 3 ème ; c'est à la fois une insertion professionnelle et une activité compétitive qui donne pour résultat un passage de 50 % à 90 % au Brevet des collèges. On assiste à la valorisation des jeunes à travers une activité sportive.

Néanmoins, 30 % des enfants rentrent au Collège Versailles sans les fondamentaux nécessaires à la poursuite des études au collège. Beaucoup sont des primo-arrivants pour lesquels le problème ne se pose pas forcément pour l'apprentissage de la langue française, mais sur le dépaysement. En effet, ce qui semble faire la différence, n'est pas tant le facteur de catégorie sociale distinct, mais le fait ou non de la scolarisation préalable de l'enfant .

Des échanges de vue qui ont alors lieu il apparait que :

- le collège est un vrai lieu de vie dans les quartiers sensibles ;

- la question principale est celle de la place des enfants dans ces quartiers et de leur prise en compte dans les projets de rénovation urbaine ;

- les centralités bougent : centres sociaux, stades, associations, etc. ;

- la difficulté est de se dire français en France ;

- la discrimination est dans le regard de l'autre qui implique un repli sur l'identité première par réaction plus que par choix assumé ;

- la crise identitaire est plus forte maintenant, notamment lors de la séparation d'avec les parents à l'âge du passage à la vie d'adulte ;

- le collège n'a pas évolué comme la société qui est devenue prisonnière du consumérisme ;

- il faut éviter que l'orientation ne soit ressentie comme une sanction ;

- face à la rue qui offre des modèles alternatifs d'économie parallèle, comment éviter que les plus jeunes ne soient aspirés dans les réseaux de trafics ;

- il faut comprendre les causes de l'attractivité des réseaux : la protection et le cadre social, la valorisation et la place sociale .

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