B. L'UNION POUR LA MÉDITERRANÉE : QUEL BILAN ET QUELLES PERSPECTIVES ?

Le bilan relatif au fonctionnement de l'Union pour la Méditerranée laisse entrevoir un certain nombre de difficultés :

- premier point, les tensions restent vives au sein de l'UpM : les réunions prévues entre janvier et avril 2009 ont été reportées en raison de l'opération « Plomb durci », conduite par Israël, opération militaire dont l'objectif est de mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas depuis la bande de Gaza sur le sud de l'État hébreu ;

- ensuite, les six projets annoncés en 2008 ne semblent pas avoir beaucoup progressé : Mme Dorothée Schmid 12 ( * ) , docteur en science politique et directrice de recherche à l'Institut français des relations internationales IFRI, estime ainsi que « la mise en oeuvre progresse de façon inégale - les « autoroutes » sont au point mort, tandis que le reste des projets donne surtout lieu à des séminaires d'études » ;

- troisième point, les capacités de financements européens restent limitées comme le montrent les principaux postes du budget de l'UpM : facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (32 millions d'euros pour 2009-2010), environnement - dépollution de la Méditerranée (22 millions d'euros pour 2009-2010), autoroutes de la mer et terrestres (7,5 millions d'euros), plan solaire méditerranéen (5 millions d'euros), université euroméditerranéenne (1 million d'euros).

Pourtant, le 26 mai 2010 , la Caisse des dépôts, la Cassa depositi e prestiti, la Banque européenne d'investissement, la Caisse de dépôt et de gestion du Maroc et la banque égyptienne EFG Hermès ont annoncé la création d'un fonds d'investissement de 385 millions d'euros, Inframed, pour financer les projets de l'UpM . Selon la Caisse des dépôts, c'est le « Fonds le plus important voué aux investissements dans les infrastructures des rives méridionales et orientales de la Méditerranée » et il devrait « mobiliser 1 milliard d'euros à terme », ce qui permettrait à l'UpM de changer d'ampleur.

Par ailleurs, des jalons ont été posés dans de nombreux domaines :

- des réunions interministérielles ont eu lieu, notamment sur le problème de l'eau ;

- un budget et un programme de travail ont été adoptés pour 2011 ;

- une université euro-méditerranéeene a été mise en place à Portoroz ;

- sur le plan solaire : le programme Desertect, lancé au mois de juillet 2009, a permis d'installer des fermes solaires et éoliennes à grande échelle en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ; le projet Medgrid, lancé en décembre 2010 regroupe une vingtaine de sociétés visant à permettre l'acheminement d'électricité d'origine photovoltaïque du Sud vers le Nord ; Soitec et Schneider Electric ont signé un mémorandum d'entente avec Masen, acteur de référence du Plan Solaire Marocain, pour la mise en oeuvre d'un partenariat intégré autour de la technologie CPV Concentrix au Maroc. L'achèvement du projet permettrait d'établir une filière photovoltaïque pour les besoins domestiques et pour l'exportation d'électricité et de centrales ainsi que la concrétisation d'un projet d'usine de production au Maroc. Cette initiative franco-marocaine inaugure le premier partenariat du Plan Solaire Méditerranéen (PSM) au sein des 43 membres de l'Union pour la Méditerranée.

- un accord a été obtenu sur la création d'un centre stratégique pour la protection civile en Méditerranée : conformément aux recommandations de notre collègue Roland Courteau, il conviendrai d'envisager également un centre d'alerte aux tsunamis avec une dimension euroméditerranéenne ;

- un secrétariat a été mis en place en mars 2010 et il s'agit de la seule organisation régionale dans laquelle Palestiniens et Israéliens occupent des postes à haute responsabilité (secrétaires généraux adjoints) : il est à noter, sur ce point que c'est M. Youssef Amrani, que votre délégation a pu rencontrer lors de son déplacement en tant que secrétaire général au ministère des Affaires étrangères, qui a été nommé secrétaire général de l'Union pour la méditerranée le 25 mai 2011, en remplacement du jordanien Ahmed Jalaf Massadeh, qui était en poste depuis le 4 mars 2010.

Si des difficultés se sont fait jour, il est indéniable que l'UpM a permis des avancées concrètes. Un cadre juridique a été posé.

Aujourd'hui, les défis sont nombreux. Comme M. Youssef Amrani, l'a indiqué à votre délégation, l'UpM doit impérativement avancer sur la question du Moyen-Orient .

Par ailleurs, les révolutions arabes ont changé la donne , notamment sur la place à accorder aux sociétés civiles dans le processus de rapprochement euroméditerranéen.


* 12 Du processus de Barcelone à l'Union pour la Méditerranée, changement de nom ou de fond ? Questions internationales n°36 (avril-mai 2009).

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