2. ... mais aussi des gains de productivité légèrement plus importants en moyenne pour l'ensemble de l'économie

Cet avantage a été amplifié par des progrès de productivité légèrement supérieurs en France .

Comparaison de quelques éléments de productivité du travail (1999-2010) (en %)

I - Croissance en volume

II - Productivité du travail

III - Productivité par heure

Alors que la France a créé plus d'emplois que l'Allemagne, la productivité par tête a davantage progressé en France qu'en Allemagne. Les gains cumulés pour la productivité par tête dépassent 10 % en France ; ils ont été à peu près moitié moindres en Allemagne.

Pour être précis, il faut indiquer que cet écart est largement attribuable au « cycle de productivité » qui, en 2009 a été particulièrement fort en Allemagne. La contraction de l'activité économique y a exercé moins d'effets sur l'emploi qu'en France 7 ( * ) où le marché du travail s'est révélé plus flexible. Toutefois, même en dehors de cet épisode, la tendance des productivités allemande et française a été contrastée pendant l'essentiel de la période, à l'avantage de la France, ce que confirment les données relatives à la productivité horaire.

Le différentiel de productivité est légèrement moins élevé quand on l'apprécie sur une base horaire . Dans les deux pays, la productivité horaire croît davantage que la productivité par tête. Ce décalage traduit une légère tendance à la réduction de la durée du travail. Accusée en France au début de la période, en lien avec l'adoption « des 35 heures », elle se produit plus continûment en Allemagne, avec toutefois une marche d'escalier particulièrement importante en 2009 (correspondant à l'adoption d'un mode de gestion des effets de la crise par le recours aux dispositifs de réduction du temps de travail).

Évolution des heures travaillées en Allemagne et en France (1999-2010) (en %)

Avec des décalages dans le temps, les deux pays ont connu une diminution de la durée du travail d'ampleur analogue jusqu'au récent épisode de forte contraction traversé par l'Allemagne si bien qu'au total la durée du travail y a davantage baissé qu'en France.

Les observations faites sur la dynamique comparée des emplois dans les deux pays conduisent à nuancer - non à infirmer - l'explication du décrochage de productivité de l'Allemagne par la hausse du taux de participation au marché du travail qui s'y produit.

Il existe probablement un lien entre ce phénomène et la faiblesse du rythme des progrès de productivité du travail en Allemagne. L'augmentation du taux de participation suppose que les non-qualifiés ou les séniors, par la mobilisation desquels elle se produit, représentent une proportion croissante de la main d'oeuvre. Il s'ensuit un ralentissement des gains de productivité qui permet d'établir l'existence d'un lien entre l'élévation du taux de participation au marché du travail en Allemagne et le régime des progrès de productivité dans ce pays.

Mais il faut considérer que, contrairement à ce qu'on suggère parfois, ce n'est pas à de plus fortes créations d'emplois que l'Allemagne doit le ralentissement de ses gains de productivité par rapport à ce qui se constate en France, mais plutôt à un étiolement du poids de sa main d'oeuvre la plus qualifiée dans le total et que la France, tout en créant plus d'emplois, a pu connaître des performances de productivité meilleures que l'Allemagne.

Toutefois, rien ne garantit qu'une augmentation du taux d'emploi en France n'aurait pas pour effet de limiter les gains de productivité.


* 7 Le recours à des dispositifs impliquant une baisse élevée de la durée du travail destinée à réduire les effets de la récession sur l'emploi est souvent cité comme expliquant cette singularité.

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