2. Une économie fragile qui reste très dépendante de l'aide financière de la communauté internationale

L'économie du Kosovo est très faible et ne survit que grâce à l'aide extérieure, provenant de la Communauté internationale et de la diaspora albanaise, surtout présente en Allemagne et en Suisse.

Le taux de chômage atteint 45 % et touche particulièrement les jeunes, qui représentent plus de la moitié de la population (50 % de la population a moins de 25 ans, 70 % a moins de 30 ans).

Le PIB par habitant est extrêmement faible. Il représente seulement 5 % de la moyenne de l'Union européenne, soit 1 700 euros par habitant.

L'économie kosovare est presque exclusivement centrée sur le petit commerce, les activités de construction individuelle et les réseaux d'économie parallèle, souvent liés à la criminalité organisée.

Si le Kosovo dispose de richesses minières (bauxite, lignite, nickel et or) et de ressources hydroélectriques, l'appareil de production souffre de vétusté et nécessiterait des investissements considérables.

La délégation a ainsi pu visiter la station de ski de Brezovica, située au Sud du pays, dont les équipements sont hors d'usage et dont la modernisation nécessiterait d'importants investissements.

Le Kosovo importe la quasi-totalité des produits (y compris alimentaires), et manque de capacités à l'exportation et de compétitivité.

Les infrastructures de transports, routières et ferroviaires, sont limitées, mal connectées aux réseaux régionaux et les liaisons avec la Serbie sont difficiles, en raison du contexte politique.

La fourniture d'énergie reste également un élément problématique pour le développement du pays, qui enregistre régulièrement des coupures d'électricité, et la pollution représente un problème sérieux.

Si le pays dispose d'un potentiel agricole, l'agriculture n'est pas suffisamment mise en valeur et son avenir est menacé par des constructions immobilières anarchiques de maisons individuelles financées par la diaspora albanaise sur les terres les plus fertiles.

Enfin, l'éducation et la santé ne parviennent pas à répondre aux besoins de la population.

Un processus de privatisations est en cours, qui a dû être interrompu par une décision de la Cour suprême du Kosovo mettant en cause les méthodes employées. Une loi sur l'agence de privatisation du Kosovo a été adoptée en 2008, permettant au processus de reprendre. Ainsi, le gouvernement envisage la privatisation de l'entreprise nationale de télécommunications PTK, et de la compagnie nationale d'électricité KEK.

De grandes incertitudes demeurent toutefois sur les droits de propriété, les règles cadastrales, mais aussi la forte corruption, qui limitent les investissements étrangers et qui empêchent le bon développement de l'économie.

En définitive, la clé du développement de l'économie kosovare semble passer par le désenclavement du pays et le développement de l'intégration régionale, et notamment la normalisation des relations avec la Serbie.

Alors que l'assistance financière de la communauté internationale est cruciale, le gouvernement kosovar n'a pas été en mesure de respecter les termes de son accord (« stand by agreement ») conclu en 2010 avec le Fonds monétaire international, qui a en conséquence suspendu son aide financière en 2011.

En effet, bien que le Kosovo compte une fonction publique pléthorique, le Premier ministre entend honorer la promesse qu'il a faite lors de la campagne électorale d'une augmentation de 30 à 50 % des salaires des fonctionnaires, le budget de l'Etat passant d'un excédent de 7 % du PIB, à un déficit de 2,6 %.

Le lancement du coûteux projet d'autoroute vers l'Albanie est également contesté par le FMI et soulève des interrogations ? notamment en raison de soupçons de corruption qui l'entourent, atteignant des figures du gouvernement.

En conséquence, le FMI a suspendu le versement de son aide financière, entraînant dans son sillage l'interruption de plusieurs financements, notamment de l'Union européenne.

Rappelons que le Kosovo figure au premier rang des pays dans le monde en termes d'aide par habitant. Ce pays a reçu près de 4 milliards d'euros depuis la fin du conflit, soit environ 2 000 euros par habitant.

Le 11 juillet 2008, la Commission européenne a organisé une conférence des donateurs à Bruxelles, avec des promesses de dons et de remises de dette s'élevant à 1,2 milliard d'euros pour les années 2008-2011, dont 800 millions d'euros provenant des Etats membres et du budget européen.

La Commission européenne, qui dispose d'un bureau de liaison à Pristina, dont la délégation a pu rencontrer le chargé d'affaires, met en oeuvre des programmes financiers conséquents, puisque 654,3 millions d'euros sont programmés pour la période 2007-2011 pour le renforcement de l'Etat de droit, mais aussi les infrastructures, l'énergie, l'éducation, ou la sécurité alimentaire au Kosovo.

Le Kosovo bénéficie notamment de l'instrument financier de pré adhésion (IPA), à hauteur de 70 millions d'euros en 2011, de l'assistance macro financière et de l'instrument de stabilité.

Les priorités portent notamment sur le renforcement de l'Etat de droit, les droits de l'homme et la bonne gouvernance, l'amélioration des conditions socio-économiques de toutes les communautés et la coopération régionale.

Toutefois, si le Kosovo bénéficie d'une aide financière très importante de la communauté internationale, les autorités du pays manquent cruellement d'expertise, par exemple dans les domaines agricole, de traitement des déchets ou de gestion des eaux.

La France, qui dispose dans ces domaines d'une expertise ancienne et reconnue, pourrait donc utilement apporter son aide aux autorités kosovares.

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