IX. MARC SCHILLACI, PRÉSIDENT ET FONDATEUR D'OXATIS

La place des petits e-commerçants est de plus en plus importante dans le commerce électronique. On constate ainsi que l'indice « iCE 197 ( * ) 30 » de la FEVAD, qui regroupait initialement les 30 premières entreprises d'e-commerce représentant 40 % des transactions, est devenu l'indice « iCE 40 », qui ne représente plus qu'un volume de 30 % des transactions. Le commerce électronique représente en France 3 % du commerce de détail non alimentaire, ce qui place la France dans une bonne moyenne, mais derrière les Etats-Unis (8-9 %) et le Royaume-Uni.

L'essor du commerce électronique nécessite la réunion de quatre clés :

- l'équipement des ménages en ordinateur,

- l'accès à Internet haut débit à un prix abordable,

- une bancarisation massive de la population (par exemple, l'Italie est pénalisée avec plus d'une personne sur deux sans carte bancaire),

- une architecture postale et de transport de marchandise performante.

Ces quatre clés se trouvent réunies en France. Si le taux de pénétration du commerce électronique y atteint 40 % pour les produits électroniques, il demeure beaucoup plus faible pour d'autres produits, notamment l'alimentaire.

Les petits commerçants commencent à percevoir le commerce électronique comme une opportunité : il leur permet d'améliorer leur relation clientèle (envoi de mails, etc.) tout en autorisant des commandes à tout moment. Il est dommage que peu de commerçants recourent aux prestations d'entreprises telles qu'Oxatis au moment de se lancer dans l'e-commerce. Trop souvent, les commerçants embauchent un employé pour gérer les commandes, les stocks ou les expéditions avant de s'apercevoir que leur croissance potentielle devient ingérable dans le cadre d'une organisation artisanale ; ils sont alors confrontés à un dilemme : renoncer à leur croissance potentielle, ou licencier pour externaliser un certain nombre de leurs fonctions e-commerce.

L'abonnement aux services d'Oxatis revient en moyenne à 55 euros par mois et comprend le logiciel, l'infrastructure et un support de service très disponible. Fortes de ce soutien à leur activité d'e-commerce, de nombreuses entreprises ont connu des succès retentissants sur la toile. Malheureusement, le logiciel locatif est encore peu répandu en France ; à cet égard, les Anglo-Saxons se révèlent beaucoup plus pragmatiques.

Dorénavant, il se vend, en moyenne, trois fonds de commerce Internet par jour.

La trajectoire-type des « purs » e-commerçants commence par la ville (où ils résident au départ et dans laquelle les fonds de commerces sont onéreux); puis, dès qu'ils ont réussi, ils se délocalisent pour des raisons pratiques  vers des emplacements de moindre densité urbaine ; enfin, ils ressentent le besoin de créer un commerce physique car le contact humain s'avère primordial tandis que l'existence d'une implantation tangible inspire la confiance.

La démarche est différente pour le commerce local ou rural qui passe du physique au virtuel. Dans ces situations le commerce électronique est sur-représenté dans les villes de moins de 20.000 habitants.

Pixmania ne propose que 60 000 références en propre, mais son site regroupe 1,5 million de références grâce à son activité de place de marché. Dans cette logique, les marchands abonnés à Oxatis font accéder leurs clients à 4 millions de références grâce à des accords avec Amazon et E-bay. Les petits marchands sont donc les porteurs de la richesse de l'offre. C'est leur avenir.

1 - L'externalisation de fonctions techniques ou logistiques, dont votre entreprise propose d'assumer certaines, constitue-t-elle une tendance générale pour l'e-commerce ?

Pour les petites entreprises, elle constitue un atout évident pour leur croissance.

2 - Pensez-vous que la croissance du commerce électronique est durable au rythme actuel ? Décelez-vous ou anticipez-vous des innovations (techniques, de méthode commerciale, logistiques...) ainsi que des modifications comportementales porteuses pour le développement de l'e-commerce ? Identifiez-vous, réciproquement, certains facteurs risquant de compromettre ce développement ?

Il se trouve que l'innovation est freinée par le manque de confiance des investisseurs. L'évolution des comportements constitue un contexte favorable avec, par exemple, l'émergence des « silversurfers » ou des AMAP 198 ( * ) (producteurs agricoles choisissant de vendre à l'avance leur production, sous forme de paniers mis à disposition ou livrés à leurs commanditaires).

Concernant les risques, la France demeure très en retard pour équiper ses PME en e-commerce, en dépit d'opérations telles que « mon entreprise en ligne » 199 ( * ) , aide offerte aux petites entreprises pour qu'elles se lancent.

3 - La profitabilité des entreprises d'e-commerce pose-t-elle, selon vous, problème ?

Toutes choses égales par ailleurs, les lois de la concurrence devraient déboucher sur un modèle économique équilibré pour les entreprises, même si l'on ne peut exclure une période préalable de dumping. Aujourd'hui, sans parler de bulle, il est certain que beaucoup se lancent dans l'e-commerce alors qu'ils n'ont pas la « bosse du commerce », qui demeure tout aussi nécessaire sur la toile. Mais je préfère souligner, d'une façon générale, l'opportunité que représente le net pour les TPE et PME -même si l'Europe n'est pas encore un marché.

4 - Le m-commerce vous semble-t-il appelé à connaître un essor significatif en France, et l'anticipez-vous ? Croyez-vous au potentiel d'interactions entre e-commerce et réseaux sociaux ?

L'essor du m-commerce est essentiellement lié aux possibilités offertes par la géolocalisation. Quant à Facebook, lorsqu'il est utilisé pour le commerce électronique, c'est en quelque sorte le descendant de la vente Tupperware...


* 197 Indice de référence pour le Commerce électronique.

* 198 Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne.

* 199 Initiative d'Oxatis, Google et SFR dont l'objectif est d'aider les PME à créer leur site web, placée sous le haut patronage du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie.

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