3. Un dynamisme au niveau mondial

Plusieurs institutions mènent actuellement des programmes de recherche prometteurs dans le domaine de la santé. Ils se développent à l'image de ceux mis en place en France, comme le montrent plusieurs exemples en Allemagne, en Inde, en Chine, en Afrique du Sud et aux Etats-Unis.

Chacun des exemples présentés illustre cependant de manière différente un des aspects de l'innovation, qu'il s'agisse de sa nature, de ses effets, des évolutions qu'elle entraîne, ou de l'évolution du contexte dans lequel elle s'inscrit.

a. En Allemagne

(i) A Karlsruhe, à Bioquant : l'utilité des applications de l'imagerie et de la modélisation en médecine ; l'importance de plusieurs types de financement

C'est l'exemple de l'intérêt de la combinaison de l'imagerie et de la modélisation, et d'une méthode intermédiaire entre le top-down et le bottom-up pour passer de l'individu à l'atome et de l'atome à l'individu.

Bioquant qui élabore des carburants pour l'industrie automobile en utilisant le laser, travaille ainsi pour l'industrie pharmaceutique à partir de la biologie des systèmes dont fait partie la biologie synthétique. Elle étudie l'interaction entre le virus et la cellule, les réseaux cellulaires et la signalisation des phases du cancer.

Elle utilise l'imagerie médicale à partir d'appareils fournis gratuitement par Nikon, comme à Harvard, de même que la microscopie normale et la microscopie à haute résolution, ultrafine et ultraprécise ( ultra-high throughput microscopy ), ce qui permet de travailler sur les tumeurs cancéreuses. 160 chercheurs sont associés à ce projet.

Bioquant travaille également sur le virus du SIDA pour étudier la dynamique de l'infection des cellules, en combinant imagerie et modélisation et en suivant son évolution au microscope : Quand le virus entre dans la cellule, plusieurs signaux apparaissent en effet qui sont autant d'informations qui sont modélisées.

L'imagerie lui permet de savoir si un gène bloque le développement d'un virus. Ses recherches lui permettent également d'étudier la régénération des blessures, leur cicatrisation à partir d'une modélisation des tissus et des réseaux de protéines, et le développement des tumeurs ; de mieux comprendre la manière dont la cellule peut mourir de manière programmée (ce qu'on appelle l'apoptose).

Ses projets sont partiellement financés par le Land et l'Université, parfois par le ministère de la recherche. Certains font partie de l'initiative d'excellence. Les financements privés y sont pratiquement inexistants du fait de la vocation sociale de la société (son objectif est l'amélioration de la connaissance, pas le profit). En conséquence, elle recherche des financements européens.

(ii) Au NCT, Centre national pour les maladies tumorales d'Heidelberg : l'intérêt des thérapies ciblées et de la médecine personnalisée

Le NCT a été le premier centre intégré sur le cancer en Allemagne, qui a fait de la recherche et du traitement. Son exemple est maintenant copié dans d'autres villes. Il est proche dans sa conception de l'Institut Gustave Roussy de Villejuif. Il reste en Allemagne le meilleur campus de recherche en biomédecine. Les subventions qu'il reçoit s'élèvent à 210 millions d'euros.

Il permet une approche plus globale du patient, différents spécialistes décidant s'il a besoin de radiothérapie, de chimiothérapie ou de chirurgie. Son travail de recherche clinique, de diagnostic moléculaire, d'immunothérapie, d'oncologie, de thérapies nouvelles, de prévention et de contrôle du cancer en fait un pont entre l'université et la clinique.

(iii) Au HIT (Heidelberg Ionenstrahl-Therapie) : comment aboutir à une innovation ?

Ce centre utilise une méthode nouvelle de traitement du cancer qui permet d'attaquer la tumeur de manière plus précise, car le rayon est plus petit que la tumeur. Cela permet de ne pas atteindre les organes qui ne sont pas concernés par la maladie et donc diminue le risque global. Cette technique découle des travaux d'Ernest Orlando Lawrence, prix Nobel 1939. L'équipement nécessaire, qui a coûté 120 millions d'euros, est utilisé 300 jours par an, 16 heures par jour, le but recherché étant de traiter 1 000 patients par an qui sont facturés 20 000 euros, suite à un contrat avec les compagnies d'assurance.

Cette expérimentation a débouché sur une cinquantaine de brevets dont Siemens Medical Care a obtenu la licence exclusive. Cette pratique correspond à un choix du Gouvernement allemand qui souhaite un transfert de la recherche vers l'industrie et qui souhaite aboutir à des résultats concrets tout en protégeant les résultats de la recherche. Les scientifiques ont critiqué cette méthode car ils considéraient que le processus d'enregistrement des brevets limitait leurs possibilités de discussion avec leurs collègues.

Pour les dirigeants de ce centre, il y a une méthode pour aboutir à des innovations : l'innovation commence avec une thèse, suivie de recherches fondamentales et appliquées. Elle est facilitée si l'environnement permet de mettre en place une technologie complexe (ce qui est l'objectif de l'association Helmholtz) et d'obtenir des aides du ministère de la recherche. Elle résulte de la coordination de différents corps de métiers.

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