B. DES FONDEMENTS POLITIQUES ET HUMAINS SOLIDES

Si l'économie coréenne a suivi une stratégie de substitution aux importations au cours des années 1950 sous le régime de Syngman Rhee, c'est à partir des années 1960 qu'elle a réellement décollé, sous le régime militaire et autoritaire de Park Chung-hee qui a conservé le pouvoir jusqu'à son assassinat en 1979. La croissance s'est poursuivie de manière presque constante. La Corée a ainsi montré sa capacité à se relever en quelques années après la crise financière asiatique de 1997 au cours de laquelle elle a dû faire appel au Fonds monétaire international ; elle a également été l'une des premières économies à sortir de la récession de 2008.

1. Les facteurs internationaux

La Corée du Sud a bénéficié, au début de son développement, de l'aide des États-Unis. Outre une indispensable protection militaire, les États-Unis lui ont fourni capitaux et technologies.

La Corée a également pu s'appuyer sur les connaissances et les technologies acquises pendant l'occupation japonaise, même si celle-ci visait en premier lieu l'intérêt de la puissance coloniale. Des cadres formés à cette époque, dont le président Park Chung-hee lui-même, ont contribué au lancement de l'économie pendant les années 1960.

La signature en 1965 d'un traité normalisant les relations avec le Japon a stimulé l'entrée massive de capitaux en provenance de ce pays, la Corée devenant dans certains secteurs sous-traitante des entreprises japonaises. On a pu constater récemment la persistance des liens étroits entre les deux économies lorsque des entreprises coréennes ont été mises en difficulté par l'arrêt provisoire des échanges avec leurs partenaires japonais après l'accident nucléaire de Fukushima.

Enfin la Corée du Sud a bénéficié pendant longtemps d'un accès préférentiel aux marchés mondiaux en tant que pays en développement, à travers le système généralisé de préférences (SGP) 7 ( * ) .

2. Un État visionnaire

Le développement coréen s'est fondé dès le départ sur une approche dirigiste. Malgré la libéralisation de la société et de l'économie survenue depuis les années 1980, l'État conserve un rôle de stratège pour identifier les filières d'avenir et peut mettre en oeuvre sa politique économique grâce à ses liens étroits avec le monde des affaires afin de rattraper, voire de dépasser les autres pays dans chacun des domaines économiques sélectionnés. Votre délégation a ainsi pu constater comment, après avoir mis l'accent sur les nouvelles technologies au cours des années 1990, le gouvernement coréen mobilise actuellement le secteur économique autour des enjeux de la croissance verte.

Séoul a construit une économie fondée sur l'exportation, par une série de plans de développement successifs. Plusieurs stratégies ont été mises en oeuvre selon les secteurs :

- substitution de la production nationale aux importations ;

- mise en place de grandes industries lourdes au cours des années 1970 ;

- montée progressive en gamme.

Le développement s'est également appuyé sur de grandes institutions publiques .

Dès 1961, un Bureau de planification économique, réunissant principalement des économistes et des hauts fonctionnaires, conçoit les grandes directions du développement afin de maîtriser les progrès de l'industrialisation dans le cadre d'une stratégie globale.

En 1971, le gouvernement fonde par une loi spéciale le Korea Advanced Institute of Science and Technology (KAIST) afin de développer la recherche scientifique et la formation technologique, faisant appel dans un premier temps à des professeurs et chercheurs de haut niveau formés aux États-Unis.


* 7 Le système généralisé de préférences a été mis en place à partir de 1968 afin de promouvoir les exportations des pays en développement. C'est en 1998 que l'Union européenne a retiré la République de Corée, ainsi que Singapour et Hong Kong de la liste des pays bénéficiaires de son mécanisme de SGP.

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