RECOMMANDATIONS ADOPTÉES
PAR LA COMMISSION
Recommandation 1.- La Conférence
«Rio+20» devra mettre en oeuvre la réforme de la gouvernance
mondiale du développement durable. Il est impératif aujourd'hui
de mettre fin à une fragmentation, facteur d'inefficacité et de
faiblesse, des principes du développement durable au sein de l'ordre des
régulations mondiales. Cette réforme doit reposer sur la
promotion d'un renforcement du PNUE via sa transformation en une agence
spécialisée des Nations unies, unique et centrale,
profondément réformée dans son fonctionnement. Le mandat
de cette nouvelle organisation devra être précisé. Il
pourrait revêtir celui d'un organe coercitif, à la manière
de l'organe de règlement des différends spécifique
à l'OMC, ou d'un organe d'inspectorat.
Parallèlement, le rôle des experts scientifiques
spécialisés et du groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat devra être renforcé, sous
l'égide de ce PNUE nouvelle version, afin que les experts puissent mener
des évaluations transversales et diffuser des informations essentielles
pour mieux comprendre et donc mieux préserver la biodiversité.
Recommandation 2.- La Conférence
« Rio+20 » devra promouvoir un renforcement du Conseil
économique et social (ECOSOC) des Nations unies par l'adjonction d'un
pilier environnemental au champ de ses missions.
Recommandation 3.- La Conférence
« Rio+20 » devra définir l'économie verte
comme un modèle de développement moins consumériste, plus
sobre, économe des ressources naturelles et ouvert aux sauts
technologiques lorsqu'ils sont respectueux de l'environnement. Il est le
corollaire du droit au même niveau de développement pour tous.
Recommandation 4.- La
Conférence « Rio+20 » devra préconiser
des investissements agricoles qui ne mettent pas en péril la
sécurité alimentaire locale et qui respectent un cadre juridique
protégeant les droits individuels des populations locales. A cet
égard, le document final de Rio devra insister sur la nécessaire
mise en oeuvre des Directives volontaires sur la gouvernance responsable de la
tenure des terres, pêches et forêts.
Elle devra insister sur la promotion d'une agroforesterie
innovante alliant cultures et arbres équitablement répartis sur
les territoires.
Recommandation 5.- La Conférence
« Rio+20 » devra donner lieu à l'adoption d'une
feuille de route ambitieuse et précise pour la préservation et la
gestion durables des océans.
Une gouvernance internationale consolidée devra
être préconisée en matière de protection de la
biodiversité en haute mer et de l'utilisation des ressources marines.
L'accent devra être mis également sur un renforcement du
contrôle des prélèvements sur les ressources halieutiques,
dans un contexte de forte dégradation de l'environnement marin.
Enfin, la Conférence « Rio+20 »
devra souligner la nécessité de la définition d'un statut
juridique de la haute mer, en ajoutant un chapitre à la Convention des
Nations unies sur le droit de la mer.
Recommandation 6.- La sécurité
de l'approvisionnement alimentaire et la sécurité sanitaire
devront être mentionnées dans le document final de la
Conférence « Rio+20 » et reconnues comme un droit
inaliénable de chaque être humain.
Recommandation 7.- La Conférence
« Rio+20 » devra s'engager dans la reconnaissance d'un
droit à l'eau universel et à l'accès à
l'assainissement et maintenir dans son document final l'actuel chapitre 67 du
texte préparatoire à la déclaration finale,
« draft zero ». La déclaration finale devra
également prévoir la création d'une Agence mondiale de
l'eau.
Recommandation 8.- La Conférence
« Rio+20 » devra étendre au niveau mondial
l'engagement européen : promouvoir le droit pour tous d'avoir
accès à l'électricité et à l'énergie
durable et s'engager pour la mise en oeuvre d'une feuille de route pour une
transition mondiale vers l'énergie durable.
Recommandation 9.- La Conférence
«Rio+20» devra fixer un certain nombre d'indicateurs permettant une
évaluation des progrès du développement durable au niveau
international. Ces indicateurs concerneront les quatre piliers du
développement durable - économique, environnemental, social et
culturel. Ils mesureront également les changements dans les modes de
production et de consommation ainsi que les déterminants
« écologiques » comme le changement climatique,
l'utilisation rationnelle des ressources naturelles ou encore la
biodiversité. Ils tiendront compte, en outre, de la durabilité
et du développement humain afin de rompre avec une vision exclusivement
consumériste de la croissance.
Recommandation 10.- Le document final
adopté à la Conférence « Rio+20 »
devra reconnaître et consacrer le principe de non régression du
droit de l'environnement dans les législations nationales afin
d'empêcher tout recul dans la protection de l'environnement.
Recommandation 11. - La
Conférence « Rio+20 » devra promouvoir le
développement de l'accès à l'éducation pour tous et
l'accès à la contraception.
Recommandation 12.- La Conférence
« Rio+20 » devra intégrer dans son document final un
chapitre spécifique consacré à la question des
déplacés environnementaux, comprenant notamment la
création d'un statut, comme le préconise la résolution du
Parlement européen du 29 septembre 2011. La création d'un tel
statut permettrait d'avoir une définition harmonisée au plan
mondial des déplacés environnementaux et une protection de leurs
droits fondamentaux.
Recommandation 13.- La Conférence
« Rio+20 » devra rappeler le rôle essentiel des
Parlements nationaux et des organisations interparlementaires dans la
déclinaison nationale des programmes et des principes adoptés au
niveau global. Elle devra également leur permettre de participer
pleinement au processus de négociations et d'être associés
aux décisions politiques finales.
Recommandation 14.- La Conférence
« Rio+20 » devra s'attacher à améliorer la
participation des acteurs de la société civile à la
gouvernance environnementale au niveau mondial afin de garantir
l'effectivité du principe 10 de la Déclaration de Rio de
1992. La Convention d'Aarhus gagnerait à être étendue le
plus largement possible.
Un processus transparent de négociation pour l'adoption
d'une convention globale sur le principe 10 de la Déclaration de Rio
pourrait être lancé et une aide financière
spécifique devra être prévue afin d'encourager les Etats
à le mettre en oeuvre.
Recommandation 15.- La Conférence
«Rio+20» devra reconnaître que la contribution des femmes est
un aspect essentiel du développement durable. Elles sont en effet un
maillon important du processus de préservation des moyens de subsistance
et de la transition vers un nouveau modèle de développement.
Le troisième pilier, le pilier social, lie
développement durable et éradication de la pauvreté. Le
développement durable ne peut composer avec la pauvreté
spécifique des femmes et leur mise à l'écart des
décisions publiques et de l'éducation. Le document final devra
promouvoir l'égalité hommes-femmes.
Recommandation 16.- La Conférence
« Rio+20 » devra reconnaître le rôle clé
des collectivités territoriales en matière de
développement durable et leur permettre d'obtenir un statut
spécifique à côté de la société civile
et des Parlements dans les processus de négociation internationaux. La
nouvelle gouvernance environnementale qui sera mise en oeuvre au niveau mondial
devra intégrer les territoires comme des acteurs à part
entière et les associer aux prises de décisions internationales.
Elle devra également promouvoir une meilleure
coordination entre les différentes conventions relatives à
l'environnement et les accords multilatéraux ainsi qu'entre les
différents échelons d'action pour permettre une
déclinaison du global au local.
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