2. L'accès à la santé

En matière de santé, le problème des déserts médicaux - qui ne concerne pas que les territoires ruraux - pourrait, en conséquence de politiques déjà engagées, perdre en intensité dans de nombreuses campagnes.

Concernant le nombre de médecins, si la hausse du numerus clausus ne déploiera ses effets qu'à partir de 2020, la dynamique récente semble déjà encourageante : en 2010, il y a eu plus d'installations de médecins que de départs dans les zones rurales (à noter que les médecins arrivants sont alors souvent étrangers), même si d'importantes disparités subsistent.

La consultation de spécialistes demeure habituellement difficile, avec des rendez-vous exigeant parfois huit à dix mois d'attente. Les initiatives consistant à déléguer certaines tâches incombant normalement aux spécialistes à d'autres professionnels peuvent alors améliorer la situation. Ainsi, le ministère de la santé travaille sur la délégation de tâches en matière d'ophtalmologie, pour laquelle deux protocoles sont en cours de validation par la Haute Autorité de santé.

Pour le docteur Patrick Romestaing, président de la section « santé publique et démographie médicale » de l'Ordre national des médecins, « la coercition est la dernière mesure à prendre pour résoudre le problème des déserts médicaux » et « il faut agir avant tout sur les conditions d'exercice et sur la formation , en particulier favoriser la découverte et les conditions des modes d'exercice en dehors de l'hôpital. Les jeunes ne veulent pas travailler seuls, il faut créer la possibilité de médecins collaborateurs, favoriser les maisons de santé pluri professionnelles , (...) créer une profession d' aide aux tâches administratives ».

De fait, les maisons de santé connaissent une bonne dynamique, même si leur distribution sur le territoire manque encore d'homogénéité. Pour l'avenir, la télémédecine en premier lieu, mais aussi les coopérations entre professionnels (outre celle précitée) et le salariat , parmi d'autres réponses, pourront apporter des contributions majeures.

Développement de la télémédecine :

les principaux obstacles seraient plutôt d'ordre administratif

« Au printemps 2012, un dispositif national d'accompagnement de projets-pilotes a été mis en place ; il concerne, en 2012, les AVC (accidents vasculaires cérébraux), l'imagerie médicale et les soins aux détenus. Il doit être étendu, en 2013, aux maladies chroniques et aux soins en structures médico-sociales ou en hospitalisation à domicile .

« Sous bien des aspects, le potentiel de la télémédecine ne requiert pas de très haut débit, le haut débit étant suffisant. Le principal frein est aujourd'hui celui de l'absence de modèle économique pour la médecine ambulatoire . Il n'y a pas de problème de rémunération pour les relations entre hôpitaux, mais dès qu'un praticien ambulatoire est concerné, la question des rémunérations bloque les perspectives de développement ».

Source : audition de Natacha Lemaire, sous-directrice chargée de la régulation de l'offre de soins (DGOS) au ministère chargé de la santé

Il semble que le chapitre des pharmacies soit peu évoqué, alors qu'il est également problématique. Leur implantation, ainsi que la rotation de leurs permanences, échappent aux schémas régionaux d'organisation des soins (SROS). Dans les territoires ruraux les moins denses, où les distances entre les pharmacies sont importantes, les difficultés d'accès sont aggravées les week-ends, à cause du faible nombre de pharmacies de garde, et lorsque la population augmente subitement avec l'ouverture des périodes touristiques. En outre, la coordination des implantions respectives des officines et de la médecine ambulatoire n'est pas garantie.

En toute hypothèse, le risque demeure, dans les territoires les moins résidentiels ou les plus pauvres, de difficultés accrues, surtout pour ceux dont la population ne se renforcera pas au cours des prochaines années. Cela d'autant plus que le mouvement de rationalisation de la carte hospitalière pourrait se poursuivre parallèlement, ce qui aggraverait le problème des urgences médicales en dépit des initiatives de conventionnement entre les services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) et le SAMU pour les transports d'urgence, initiatives probablement appelées à se multiplier.

D'une façon générale, dans ces campagnes souffrant à la fois d'un vieillissement marqué et de l'accroissement des populations en situation précaire, des mesures plus autoritaires à destination des praticiens s'imposeront peut-être afin de préserver, en tout lieu, un accès raisonnable aux soins.

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