Mme Rosemary Banks, Ambassadeur de Nouvelle-Zélande en France, Représentant permanent auprès de l'OCDE

«Tene koto, tene koto, tene koto katoa. No mai halemai ki tene koe. Hui. Tene koto, tene koto, tene koto katoa. »

Merci de m'avoir invitée à prendre la parole devant un impressionnant rassemblement d'amis du Pacifique pour vous parler des perspectives de la Nouvelle-Zélande sur la présence de la France dans la région, maintenant et à l'avenir.

D'expérience personnelle, je sais que le Pacifique reste toujours attaché à ceux qui y ont vécu. L'immensité de l'océan, l'éclat des étoiles, la richesse et la diversité des cultures et des langues, la chaleur des habitants. Le « Pacific way », la façon typique de faire les choses.

Mais si vous connaissez bien la région, vous ne pouvez qu'être inquiets des graves défis auxquels nos partenaires du Pacifique doivent faire face. Ces défis sont d'ordre économique, démographique, environnemental et concernent aussi la gouvernance et la sécurité, au sens large. Le changement climatique menace de les accélérer.

La Nouvelle-Zélande place la stabilité dans la région du Pacifique Sud comme l'objectif principal de sa politique étrangère. Il s'en suit que notre assistance au développement est focalisée sur cette région. Cependant, nous ne sommes que 4,4 millions de personnes et nous ne pouvons espérer faire une différence que si nous travaillons en étroite collaboration avec d'autres. L'Australie est notre partenaire immédiat et naturel dans tout ce que nous entreprenons dans le Pacifique.

Nous nous tournons vers la France en tant qu'ami loyal et précieux pour notre région. Nous apprécions vivement son engagement dans le Pacifique. Nous sommes particulièrement reconnaissants à la France de son soutien fidèle quant aux efforts du Forum des Îles du Pacifique à encourager un retour à la démocratie aux Fidji. Nous souhaitons que cet engagement se poursuive.

Je vais commenter trois dimensions de la présence française dans la région : l'engagement des ressources, sa présence en tant que pouvoir venant de la métropole et l'image de la France à travers sa diplomatie régionale.

La Nouvelle-Zélande attache beaucoup d'importance à la présence militaire de la France dans le Pacifique et aux accords que nous avons en place avec la France et l'Australie pour la coopération en réponse aux catastrophes naturelles, à la recherche et au sauvetage et à la surveillance maritime, afin d'essayer de contrôler la pêche illégale dans cette vaste région où les États insulaires sont très dépendants pour protéger leur pêche.

Nous nous attendons donc à l'avenir à des pressions exercées sur les ressources et aussi en raison de la présence des pêcheurs hauturiers de pays qui ne respectent pas les règles. Par conséquent, nous souhaitons que la France maintienne et si possible intensifie l'engagement qu'elle a déjà quant à la surveillance maritime.

En tant que puissance de la métropole, la Nouvelle-Zélande est prête à travailler avec la France alors que celle-ci continue à définir sa relation future avec la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Nous souhaitons que la Nouvelle-Calédonie, notre plus proche voisin, reste stable et devienne avec le temps plus étroitement intégrée dans la région.

Notre ministre des affaires étrangères, M. Murray McCully s'y intéresse personnellement et s'est rendu dernièrement à Nouméa à deux reprises. Il a souligné la nécessité d'un dialogue actif du gouvernement calédonien en direction de ses voisins du Pacifique, pour renforcer ses liens avec la région et développer sa propre identité dans le Pacifique et sa présence au sein des membres du Forum. Nous sommes ravis d'avoir un délégué du gouvernement néo-calédonien, M. Yves Lafoy, travaillant actuellement au sein de l'Ambassade de France à Wellington.

Alors qu'une période cruciale approche dans le processus des Accords de Nouméa, la Nouvelle-Zélande se tient prête à partager toute expérience pertinente. Nous voulons être constructifs dans notre travail avec la France au cours des prochaines années pour aider la transition de la Nouvelle-Calédonie vers les futures relations qui seront démocratiquement décidées, quelles qu'elles soient. Cela est après tout la façon de faire dans le Pacifique, être prêt à s'entraider.

Mon dernier commentaire concerne l'image et la présence que la France peut apporter à la région Pacifique.

Aucun pays insulaire indépendant du Pacifique ne peut établir une ambassade à Paris. Ces pays ne bénéficient pas, comme nous, de contacts journaliers avec le gouvernement français et l'administration. En France, nous voyons un pays qui est engagé à être impartial pour ses territoires du Pacifique et ouvert à toute perspective équitablement négociée pour leur avenir.

Ces petits pays insulaires voient en la France une puissance distante. La France a néanmoins, grâce à son approche moderne et constructive, un message positif à faire passer. Ce message mérite d'être mieux compris dans tout le Pacifique.

Vous êtes un membre du conseil de sécurité des Nations Unies, un pays qui accepte aisément ses responsabilités mondiales et une puissance européenne qui a statut et influence. Les États insulaires du Pacifique, où la France n'est pas représentée, voudront vous entendre « in the Pacific way ».

Comme vous le savez bien, il existe une façon particulière de faire des affaires dans la région, basée sur le respect mutuel par l'intermédiaire de contacts réguliers, de relations chaleureuses, ce qui permet de parvenir doucement et par de réels échanges à un vrai consensus. Nous encourageons la France à lancer autant d'initiatives d'ouverture que possible dans le Pacifique, à partir de ses représentations dans la région et à partir de Paris.

Pour conclure, quoi que réserve l'avenir à la relation entre la France et ses territoires du Pacifique, nous souhaitons qu'elle reste notre partenaire dans la région. L'assistance fiable d'une amie véritable comme la France sera toujours vivement appréciée.

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