ANNEXE IV - RÉPONSES DES MÉDECINS AU QUESTIONNAIRE

Trois sénateurs membres du groupe de travail, dont votre rapporteur, ont adressé un questionnaire écrit aux médecins de leurs départements respectifs. Les synthèses des réponses figurent ci-après.

I - DÉPARTEMENT DE L'EURE

Un questionnaire a été adressé à 452 médecins du département de l'Eure, qui a suscité en retour 66 réponses. Soit un taux de réponse de 14,6 %.

Question n° 1 : Quelles sont, selon vous, les grandes tendances de l'évolution des conditions d'exercice de la médecine ?

La tendance la plus fréquemment évoquée, dans 20 réponses, est celle du regroupement, notamment en maisons pluriprofessionnelles ou en centres de santé.

11 réponses évoquent une évolution vers le salariat et 3 vers une réduction du temps de travail.

6 réponses évoquent une hyperspécialisation et une complexification de l'acte médical.

4 réponses évoquent la féminisation de la profession, 2 le fait que le paiement à l'acte ne sera plus exclusif, 2 une meilleure coordination avec l'hôpital, 1 le changement d'activité au cours de la carrière et 1 seulement le développement de la télémédecine.

La plupart des réponses ont une tonalité pessimiste :

- 9 réponses évoquent une bureaucratisation, une perte d'autonomie de décision thérapeutique, un renforcement des « tracasseries administratives » et du contrôle financier ;

- 10 réponses évoquent une dégradation progressive ou une déshumanisation des conditions d'exercice de la médecine, notamment en raison de « l'agressivité des patients et de l'assurance maladie » ;

- 6 réponses évoquent une paupérisation, une désaffection, voire une disparition de la médecine générale ;

- 3 réponses évoquent l'apparition de zones sous médicalisées où l'exercice de la médecine est de plus en plus difficile, notamment pour l'organisation de la permanence des soins.

Question n° 2 : Quel mode d'exercice aurait votre préférence (salarié/libéral, individuel/groupé) ? Vous paraît-il souhaitable de pouvoir panacher l'exercice salarié et l'exercice libéral ?

Les préférences vont surtout à l'exercice libéral, qu'il soit en groupe (17 réponses), individuel (11 réponses), ou indifféremment groupé ou individuel (6 réponses).

L'exercice salarié n'est préféré que dans 11 réponses (5 groupé, 2 individuel et 4 sans préférence).

5 réponses optent pour un exercice groupé, avec panachage entre l'exercice libéral et salarié, et 2 sont indifférentes entre exercice libéral et salarié.

Les avis sont divergents en ce qui concerne le panachage entre exercice libéral et salarié :

- 14 réponses lui sont favorables, notamment pour les vacations hospitalières de spécialistes et parce qu'il permet de varier les domaines d'activités ;

- 9 réponses estiment qu'il n'est pas souhaitable, de crainte du développement de l'activité libérale au détriment de l'activité salariée, ou au contraire d'une restriction du temps disponible pour l'exercice libéral, ou encore parce que le salariat diminuerait l'efficacité et l'investissement personnel du médecin.

Question n° 3 : Vous paraît-il pertinent de revoir le partage des tâches entre les médecins et les professions paramédicales ?

33 réponses OUI (53 % des réponses exprimées), avec des arguments ou des réserves très variés : la prise en charge globale du patient est bien trop vaste pour le seul généraliste / uniquement dans le cadre de structures pluriprofessionnelles / à condition que responsabilités soient clairement établies / mais illusoire sur les territoires désertiques / avec un risque de perte de la relation médecin malade / possible avec les infirmiers, mais pas les pharmaciens / pour les actes de prévention et d'éducation des patients.

29 réponses NON (47 % des réponses exprimées), pour de multiples raisons : la démultiplication des acteurs entraîne une déresponsabilisation / il n'est pas possible d'ôter aux médecins les activités plus faciles et moins consommatrices de temps, du fait du bas prix de la consultation / risque que les professions paramédicales sorte des limites élargies un peu dangereusement, la connaissance médicale étant si complexe / nécessité pour les patients d'un seul interlocuteur responsable / risque de réduire l'acte médical à un acte purement technique / risque de mauvaise communication et d'erreur médicale / retour en arrière vers les officiers de santé du XIX ème siècle.

Question n° 4 : Quel est, selon vous, le potentiel de la télémédecine ?

44 réponses l'estiment nul ou très faible (68 % des réponses exprimées), en invoquant de nombreuses objections : perte de relations médecin-malade que rien ne peut remplacer / danger des téléconsultations / trop risqué en termes de diagnostic / la pénurie de temps médecin demeurera la même / pas d'intérêt pour la médecine générale / pas justifié par les dimensions du pays / chronophage pour le médecin / pas de rémunération spécifique / dangereux de dissocier l'interrogation et l'examen clinique de la consultation / moyen pour diminuer les bénéfices des médecins libéraux / énorme risque d'erreur médicale.

16 réponses l'estiment intéressant (25 % des réponses exprimées), notamment pour les zones éloignées des centres hospitaliers ou des spécialistes / pour des éléments très techniques / pour des cas exceptionnels, même si rien de vaut l'examen en direct / pour permettre une meilleure concertation / pour les pathologies chroniques et pour éviter les hospitalisations inutiles / pour la dermatologie et la gériatrie.

Plusieurs de ces réponses favorables relèvent néanmoins que la télémédecine ne peut pas remplacer le contact direct et l'examen clinique, et suppose que l'on admet un taux d'erreur médicale plus élevé.

5 réponses, enfin, l'estiment « excellent » ou « énorme » (7 % des réponses exprimées, à condition que la télémédecine soit bien encadrée et les techniciens de terrain bien formés, notamment pour les relations avec les spécialistes et l'interprétation des actes techniques. Une de ces réponses très favorables estime anormal que le développement de la télémédecine soit bloqué par l'absence d'inscription des actes de télémédecine dans la nomenclature tarifaire.

Question n° 5 : Connaissez-vous, dans le département où vous exercez, des zones tellement sous-dotées en offre de soins qu'elles peuvent mériter le qualificatif de « déserts médicaux » ?

50 réponses OUI (81 %), même si plusieurs réponses estiment le terme excessif. Certaines réponses précisent que ces zones sous-dotées sont parfois différentes de celles identifiées par l'ARS. D'autres qu'elles correspondent aussi à des déserts en termes de services publics.

11 répondent qu'ils se trouvent eux-mêmes dans une zone sous-dotées en offre de soins.

12 réponses NON (19 %), estimant que la définition d'un « désert médical » est difficile, relève de la formule, et n'est pas approprié à la situation relative de la France par rapport à d'autres pays manquant vraiment de médecins.

Question n° 6 : Quelle distance maximale seriez-vous prêt à accepter entre votre domicile et votre lieu d'exercice ?

12 réponses 10 km, 8 réponses 15 km, 7 réponses 20 km, 4 réponses 5 km, 4 réponses 30 km, 1 réponses 25 km, 1 réponse 40 km, 1 réponse 50 km.

9 réponses indiquent 0 km, considérant comme très préférable d'habiter sur le lieu même du cabinet médical.

Certaines réponses sont exprimées non pas en kilomètres, mais en temps de trajet : 6 réponses 30 minutes, 2 réponses 10 minutes, 1 réponse 20 minutes.

Question n° 7 : Les incitations financières sont-elles déterminantes pour décider les médecins à s'installer en zones sous-dotées ?

44 réponses NON (70 % des réponses exprimées), avec des considérations variées : c'est la qualité de vie, la proximité d'un centre urbain, ou la qualité du contexte professionnel qui importent / ce sont les aides organisationnelles et l'exercice regroupé qui peuvent être déterminantes / les aides sont risquées pour les communes / l'offre de place à l'installation est trop abondante. Par ailleurs, 4 réponses négatives estiment que les aides sont inefficaces parce que trop faibles à leur niveau actuel.

19 réponses OUI (30 % des réponses exprimées), mais parfois avec des restrictions : uniquement sous forme de bourse d'études / si les aides sont liées à des structures de regroupement / si les aides sont exonérées d'impôt / nécessaires mais pas suffisantes.

Question n° 8 : Vous paraîtrait-il justifié de moduler le taux de prise en charge des cotisations sociales en fonction du fait qu'ils exercent en zone sous-dotée ou sur-dotée ?

27 réponses OUI (45 % des réponses exprimées), avec parfois des réserves : dispositif complexe à gérer / risque de déconventionnement en zones sur dotées / acceptable si la mesure s'applique à ensemble des médecins et pas seulement aux nouveaux installés.

7 réponses EVENTUELLEMENT (12 % des réponses exprimées), mais estimant la mesure non déterminante.

26 réponses NON (43 % des réponses exprimées), avec des arguments variés : les installations en zone sous dotées permettent un accès immédiat à une patientèle et abondante / cette mesure serait source d'arbitraire / générerait une scission au sein du monde médical / serait contraire à l'égalité républicaine / difficulté à définir les zones sous dotées.

Question n° 9 : Vous paraîtrait-il concevable de rendre le conventionnement des médecins sélectif selon qu'ils s'installent en zone sur-dotée ou sous dotées, comme pour les infirmiers ou les masseurs kinésithérapeutes ?

30 réponses NON (55 % des réponses exprimées), considérant cette mesure comme contreproductive / comme entraînant disparition de la liberté d'installation / comme un « chantage abject » / comme dissuadant à l'installation en zone sur dotée, mais n'encourageant pas à l'installation en zone sous dotée.

25 réponses OUI (45 % des réponses exprimées), notamment si une récompense est aussi prévue / si une commission au sein de l'ARS composée de représentants professionnels, d'usagers, de représentant de l'assurance maladie valide les zones par territoire de vie / à condition de réactualiser le classement des zones suffisamment souvent.

3 réponses proposent en outre d'instaurer un quota en fonction de la population comme pour les pharmaciens. 1 réponse suggère une régulation par le conseil de l'Ordre des médecins, sans préciser sous quelle forme.

Question n° 10 : Quelle réforme des études de médecine pourrait assurer une meilleure adéquation entre les postes offerts et les besoins dans les différentes spécialités ?

10 réponses évoquent la nécessité de revaloriser la filière universitaire de médecine générale.

5 réponses suggèrent de sélectionner les étudiants sur leur motivation pour le métier, plutôt que sur maîtrise des matières scientifiques / de ne pas recruter uniquement sur les mathématiques et les sciences physiques mais aussi par un entretien de motivation / de modifier le filtre d'entrée, avec moins de sciences et plus d'humanités.

5 réponses proposent l'abandon des épreuves classantes nationales au profit d'un examen classant par région en fonction des besoins de la région / de mettre les postes de l'ECN en adéquation avec les besoins sur le terrain.

5 réponses proposent d'avertir les étudiants en médecine dès la première année d'une contrainte à l'installation selon les besoins sur le terrain / d'un service de deux ans en zones sous dotées.

4 réponses proposent d'augmenter, voire de supprimer le numerus clausus .

3 réponses estiment qu'il ne s'agit pas d'un problème de réforme des études mais de société, les jeunes voulant de moins en moins travailler et gagner de plus en plus.

2 réponses proposent de ne pas permettre le redoublement des étudiants obtenant un poste de médecine générale aux ECN, de manière à avoir une adéquation stricte entre les postes offerts et le nombre d'étudiants

2 réponses estiment que les réformes ne sont pas déterminantes, s'agissant d'une question d'attractivité de certaines spécialités par rapport à d'autres.

1 réponse propose de limiter la durée de l'exercice comme remplaçant à trois années cumulées.

1 réponse propose d'instaurer une prime ou une bourse d'étude pour les spécialités déficitaires.

Question n° 11 : Quelle organisation des études de médecine vous paraîtrait de nature à donner aux étudiants une idée plus concrète des conditions d'exercice en zone rurale ?

30 réponses évoquent le développement des stages en ambulatoire chez le praticien généraliste, de préférence en zone rurale 30. Mais 8 réponses considèrent que le stage pratique décourage les étudiants de s'installer en zone rurale plus qu'il ne les y incite.

4 réponses suggèrent de mettre fin à l'hospitalocentrisme / de changer les mentalités chez les spécialistes et les universitaires pour qui le généraliste reste d'abord celui qui a échoué à une spécialisation / de valoriser intellectuellement la médecine générale.

3 réponses soulignent l'importance d'avoir des enseignants exerçant en zone rurale.

3 réponses proposent un stage en fin de troisième cycle dans les hôpitaux de proximité.

3 réponses relèvent que l'exercice en zone rural ne répond plus aux attentes des jeunes médecins en faveur d'un exercice regroupé, salarié et avec moins de contraintes et de temps de travail.

1 réponse suggère de réserver des places au concours à des ruraux qui entendent le rester.

1 réponse estime que seule l'amélioration générale des conditions de vie en milieu rural serait efficace.

Question n° 12 : Avez-vous personnellement rencontré des problèmes de sécurité dans le cadre de votre exercice professionnel ? Connaissez-vous des confrères qui en auraient rencontrés ?

41 réponses NON (69 % des réponses exprimées)

18 réponses OUI personnellement (31 % des réponses exprimées), en faisant souvent le lien avec la toxicomanie.

En outre, 12 réponses OUI pour des confrères.

Question n° 13 : Quelle(s) mesure(s) suggéreriez-vous pour remédier à cette situation ?

6 réponses proposent une revalorisation des honoraires conventionnels, notamment par une forme de capitation. 1 réponse suggère une rémunération indexée sur le service effectivement rendu à la population.

6 réponses préconisent le développement des maisons pluriprofessionnelles en zones rurales, à la fois centres de diagnostic, de soins et de formation. 1 réponse recommande le développement des centres de santé, avec des médecins salariés.

1 réponse propose de donner une place valorisée à la médecine de premier recours, vrai parcours de soins qui démarre chez le généraliste.

1 réponse propose de soutenir la filière universitaire de médecine générale, qui a un ratio enseignants/étudiants catastrophique.

1 réponse préconise une autorégulation de la profession pour les installations par le conseil de l'Ordre des médecins.

1 réponse suggère une obligation d'exercer pendant dix ans pour les médecins généralistes.

1 réponse propose le conventionnement sélectif pour les médecins.

II - DÉPARTEMENT DU CHER

Un questionnaire a été adressé à 200 médecins généralistes du département du Cher, qui a suscité en retour 39 réponses. Soit un taux de réponse de 18 %.

Question 1 : connaissez-vous des déserts médicaux ?

Réponse positive pour une large majorité = 32 OUI, à comparer aux 6 NON et 1 NSP.

Question 2 : les incitations financières sont-elles déterminantes pour s'installer ?

Réponse négative majoritaire : 23, à comparer à 15 médecins qui pensent que les aides financières sont utiles. On peut en conclure que le corps médical est partagé à ce sujet.

Question 3 : modulation du taux de prise en charge des cotisations sociales des médecins en fonction de la zone d'exercice ?

Une majorité relative est favorable à cette modulation (22 pour, 14 contre et 3 NSP).

Question 4 : conventionnement sélectif des médecins en fonction de la zone d'installation et d'exercice ?

Les avis sont là encore très partagés sur la mise en oeuvre d'un conventionnement (21 pour, 15 contre et 3 NSP)

Les réponses aux questions 3 et 4 sont homogènes : environ 60 % de réponses favorables.

Question 5 : distance souhaitée entre domicile et lieu d'exercice

Les réponses sont hétérogènes de 0 km à 30 km. Une très légère majorité accepterait une distance supérieure à 10 kms.

En fait, au-delà de 15/20 minutes de trajet, on constate la réticence des médecins à se déplacer.

Question 6 : pertinence du partage des tâches entre médecins et professions para-médicales.

Une majorité pense utile ce partage (23 pour, 14 contre et 2 NSP), soit 60 % en sa faveur.

Question 7 : quel mode d'exercice aurait votre préférence ?

Panachage exercice salarié/exercice libéral.

Une large majorité se dégage pour une médecine libérale individuelle ou libérale groupée (28 réponses en ce sens). 6 réponses sont pour le salariat. 5 ne se prononcent pas et 12 pensent un panachage possible.

Question 8 : quelle réforme des études pour une meilleure adéquation entre postes offerts et les besoins dans les différentes spécialités ?

Les réponses sont très diverses. Cependant il est à noter que 13 médecins ne se prononcent pas et que 7 réponses privilégient la solution consistant à faire dépendre les postes offerts de médecin aux besoins de la population, en mettant en place notamment un numerus clausus à l'installation.

D'autres réponses peuvent être citées :

- installation pendant 5 ans dans la Région où se situe la faculté et imposer plus d'internes dans les zones déficitaires en médecins ;

- décentraliser les études (en partie) dans les villes hors siège de faculté ;

- organiser un concours départemental à l'entrée en faculté ;

- supprimer l'internat ;

- revaloriser les honoraires de la médecine générale ;

- panachage des stages entre généralistes/hôpital/spécialités sous dotées et augmenter leur nombre ;

- changer la mentalité des enseignants pour une formation plus solide.

Question 9 : quelle organisation des études pour mieux appréhender l'exercice du métier en zone rurale ?

Plus d'un tiers de médecins souhaitent que des stages obligatoires soient effectués dans les zones rurales et un quart ne se prononcent pas.

Il ne se dégage donc pas de solutions partagées par une majorité.

D'autres réponses peuvent être signalées, elles sont là encore très diverses :

- enseignement fait par des hommes de terrain ;

- développement des stages pratiques et critique des stages actuels qui font fuir au lieu de promouvoir ;

- meilleure information sur la qualité de vie en zone rurale et donner de la valeur à l'effort et à l'initiative ;

- multiplier les expériences ;

- rendre possible l'accès des étudiants dans les cabinets privés ;

- obligation de remplacement en zone rurale ;

- amélioration des horaires pour les femmes-médecins ;

- désacraliser la médecine hospitalière.

Question 10 : Avez-vous rencontré des problèmes de sécurité ?

La majorité n'a pas rencontrée de problèmes de sécurité. 12 reconnaissent avoir subi des agressions physiques ou verbales. 5 connaissent des confrères ayant rencontré des problèmes de sécurité. C'est bien évidemment trop.

Question 11 : potentiel de la télémédecine ?

Les réponses sont contrastées : depuis c'est dangereux, nulle pour la médecine générale, c'est une fausse piste, c'est à voir, jusqu'à c'est énorme. 8 médecins ne se prononcent pas. On peut relever :

- un plus important ;

- un avis favorable si une aide est apportée ;

- une solution parmi d'autres.

Existence préalable de matériels adaptés, de médecins hospitaliers disponibles ou de spécialistes en nombre suffisant.

Techniquement très bien ; humainement déplorable.

Conseils de spécialiste par téléphone.

Question 12 : quelles sont les grandes tendances de l'évolution des conditions d'exercice de la médecine ?

Une synthèse des réponses est difficile car elles sont variées, diverses et quelquefois contradictoires.

On peut citer les réponses suivantes :

- déshumanisation et évolution catastrophique. La médecine se dirige vers une impasse ;

- développement des maisons de santé / créer des maisons de garde ;

- développement de l'informatique avec dématérialisation et accès direct aux données des patients ;

- valorisation de la médecine générale ;

- Arrêt du libéral - disparition de la médecine générale au profit d'officiers de santé ou de la médecine de groupe. Évolution vers le salariat ;

- mobilité professionnelle ;

- les jeunes médecins (majorité de femmes) veulent rester en ville, et privilégient la qualité de vie. Ils ne veulent plus travailler comme avant ;

- surcharge administrative ;

- réduction de la surconsommation médicale et nécessité d'éduquer les patients et la population ;

- souhaite d'une meilleure reconnaissance financière et sociale des médecins.

Question 13 : quelles solutions à mettre en oeuvre pour faire face à l'inégale répartition territoriale des professions de santé ?

Là encore, il n'y a pas de réponses recueillant une majorité.

Cependant, il est à remarquer les réponses suivantes :

- nécessité d'une contrainte à l'installation (6) en instaurant par exemple un numerus clausus géographique ;

- conventionnement des médecins en fonction de leurs zones d'installation (4) ;

- augmentation des honoraires en zones prioritaires (5) ;

- allègement des charges en zone rurale ou incitations fiscales (4) ;

- obligation d'installation dans les maisons de santé (2) ;

- mieux faire connaître le mode de vie en zone rurale et mieux prendre en compte la féminisation (2) ;

- financement des études si installation en zones déficitaires (2) ;

- étendre le service SOS médecins dans les campagnes pour les gardes

- simplifier les tâches administratives ;

- former des étudiants à Bourges, Vierzon et Saint Amand ;

- défiscaliser une partie des recettes en fonction de l'importance de la désertification ;

- réguler les choix et maillage du territoire pour une installation si un poste est vacant ;

- créer une agence de recrutement et d'aide à l'installation ;

- améliorer l'environnement médical ;

- suppression de l'internat pour les généralistes ;

- mettre en zone franche médicale tout le Cher ;

- c'est déjà joué, les ARS vont décider la répartition.

En conclusion générale, il semble que les incitations financières ne suffisent pas à renverser la tendance à la concentration des médecins en zone urbaine et qu'il faille s'orienter vers des contraintes et des incitations pour une meilleure approche du milieu rural, c'est-à-dire de lieux éloignés des grandes agglomérations, des sièges de facultés de médecine, ou des villes situées près des rivages maritimes.

III - DÉPARTEMENT DE L'INDRE

Question 1 : connaissez-vous, dans le département où vous exercez, des zones tellement sous-dotées en offre de soins qu'elles peuvent mériter le qualificatif de "déserts médicaux"?

Réponses obtenues : OUI = 28 / 30

Il existe beaucoup des zones en situation critique démographique où des cabinets ferment sans successeur où les patients ont de grandes difficultés à être pris en charge par les médecins restants (déjà saturés) et où cette situation va s'aggraver et sera à son point critique dans 5 ans.

Question 2 : les incitations financières sont-elles déterminantes pour décider les médecins à s'installer en zones sous-dotées ?

Réponses obtenues : OUI = 13/30 - NON = 17/30

Outre des avantages financiers, certains revendiquent plutôt le droit au confort de vie.

Les zones rurales n'offrent pas la possibilité aux conjoints de trouver un travail.

Les horaires 8h-20h (60 h/semaine) sont maintenant difficilement acceptés par les plus jeunes.

Conditions d'exercice libérales difficiles : impossibilité de financer un secrétariat un agent d'entretien des prestations comptables exerçant seul avec un acte de 23 €.

Féminisation de la profession et les femmes veulent avoir du temps pour s'occuper de leurs enfants.

Exposition médico-légale supérieure à celle de l'exercice dans une structure salariée, absence d'indemnité journalière en cas de maladie dans les 3 premiers mois.

La profession de médecin en milieu rural est incompatible avec l'évolution de la société qui privilégie l'organisation du temps libre et des loisirs.

Question 3 : vous paraîtrait-il justifié de moduler le taux de prise en charge des cotisations sociales des médecins en fonction du fait qu'ils exercent en zone sous-dotée ou sur-dotée?

Les trois quarts des médecins répondent « pourquoi pas » ... et se posent la question de l'efficacité, compte tenu des réponses évoquées à la question 2, ci-dessus, relative aux incitations financières.

Question 4 : vous paraîtrait-il concevable de rendre le conventionnement des médecins sélectif selon qu'ils s'installent en zone sur-dotée ou sous-dotée, comme pour les infirmiers ou les masseurs-kinésithérapeutes?

Réponses obtenues : 50 / 50

Oui : mesure « décitative »en refusant le conventionnement en zone sous dotée, ce qui préserve la liberté d'installation. Ne pas oublier que les médecins ne travailleraient pas autant s'il n'y avait pas la Sécurité sociale.

Non : on doit garder le même conventionnement que les autres professions (kinésithérapeutes, infirmiers, pharmaciens).

Autres propositions :

- favoriser le panachage de l'exercice salarié et libéral ;

- travail à temps partiel pour les femmes ;

- la profession de médecin en milieu rural est incompatible avec l'évolution de la société qui privilégie l'organisation du temps libre et des loisirs.

Question 5 : quelle distance maximale seriez-vous prêt à accepter entre votre domicile et votre lieu d'exercice?

En moyenne 15 à 20 km.

Question 6 : vous paraît-il pertinent de revoir le partage des tâches entre les médecins et les professions paramédicales?

Plutôt oui mais reste à définir quelles tâches, quelles spécialités et quelles responsabilités ? Un exemple de transfert possible : les vaccinations.

La population consulte de plus en plus pour un simple rhume : campagne de sensibilisation à mettre en place.

Question 7 : quel mode d'exercice aurait votre préférence (salarié/libéral, individuel/groupé)? Vous paraît-il souhaitable de pouvoir panacher l'exercice salarié et l'exercice libéral?

La majorité s'exprime en faveur du salariat (horaires moins lourds plus de liberté, moins de charges sociales, pas de frais de secrétariat, de comptabilité de frais d'installation.)

Réponses évoquées : exercice libéral en groupe, avec possibilité de panachage salariat/libéral, comme cela est possible à l'hôpital.

Question 8 : quelle réforme des études de médecine pourrait assurer une meilleure adéquation entre les postes offerts et les besoins dans les diverses spécialités?

Réponses évoquées :

- augmenter le numérus clausus ;

- Favoriser l'équipement des postes hospitaliers spécialisés pour les hôpitaux locaux ou annexés à ceux-ci ;

- stages obligatoires avec prise de responsabilités/

Question 9 : quelle organisation des études de médecine vous paraitrait de nature à donner aux étudiants une idée plus concrète des conditions d'exercice en zone rurale?

- trop d'importance est donnée à la médecine hospitalière dans le cursus ;

- stage à faire en dehors des CHU (médecins généralistes cabinets médicaux et dentaires libéraux plusieurs mois dans des zones rurales) découverte de la richesse de l'exercice en milieu rural et de la compatibilité avec une vie satisfaisante.

Question 10 : avez-vous rencontré des problèmes de sécurité personnelle dans le cadre de votre exercice professionnel ? Connaissez-vous des confrères qui en auraient rencontré?

Un très faible pourcentage de médecins ont été agressés en milieu rural, un peu plus en milieu citadin.

Question 11 : quel est, selon vous, le potentiel de la télémédecine?

Dans l'ensemble, les médecins interrogés sont plutôt d'accord pour la télé-expertise qui leur paraît très importante en milieu rural et qui peut, par ailleurs, valoriser le médecin.

Réponses très favorables au développement de la pratique de l'échographie et la transmission aux spécialistes.

Question 12 : quelles sont, selon vous, les grandes tendances de l'évolution des conditions d'exercice de la médecine?

Question 13 : quelle(s) solution(s) vous semble(nt) devoir être mise(s) en oeuvre pour faire face aux problèmes d'inégale répartition territoriale des professions de santé?

Réponses obtenues aux questions 12 et 13 :

Prévoir le numérus clausus - action pour cibler les zones prioritaires création de MSP = mise en situation professionnelle

Proposer une installation en zone rurale temporaire ou période limitée, tous seraient d'accord pour 5 ans.

Avantages fiscaux consentis dans la convention aux personnes s'installant en ZP. Revoir le tarif des médecins, le moduler en fonction de la zone

Envisager une base de salariat.

Revaloriser la médecine générale pour rendre à nouveau attractives les conditions d'exercice du médecin généraliste. Majorer les prix des consultations.

Encourager l'exercice de groupe, le généraliste seul est obsolète : aider financièrement les SELARL, comme auparavant, ou les maisons médicales, idéales en milieu rural.

Revoir le paiement à l'acte.

Faire des abattements fiscaux pour ceux qui s'installant dans des zones prioritaires.

Inciter les étudiants à aller là où on en a le plus besoin en développant des stages uniquement dans ces zones prioritaires.

Payer un étudiant en médecine qui s'engage à servir en zone prioritaire.

Savoir garder les étudiants Français qui étudient à l'étranger.

Les études médicales devraient comporter un volet droit et gestion.

Remettre en place la poly-installation (un cabinet principal et un secondaire).

La formation médicale serait à revoir : 1 médecin sur 100 exerce en CHU et 100 % sont formés en CHU.

Un futur médecin n'a jamais été réellement en contact avec les patients avant sa 6 ème année, d'où la crainte de s'installer seul, par manque d'expérience.

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