C. LES PERSPECTIVES D'ÉVOLUTIONS SPONTANÉES SONT INQUIÉTANTES

1. La demande de soins de la population tend à augmenter

Les spécialistes en économie de la santé sont unanimes pour estimer que la demande de soins est appelée à poursuivre sa hausse de long terme . Les soins de santé sont, en effet, des services « supérieurs », dont le niveau de consommation s'accroît plus que proportionnellement au niveau de revenu. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, dans l'ensemble des pays développés, la dépense totale de santé a, jusqu'à la fin des années 1980, connu un rythme de croissance plus rapide que celui de la richesse nationale, et a donc mécaniquement tendu à représenter une part toujours plus importante du PIB.

En 1970, la France consacrait 5,6 % de sa richesse à la dépense totale de santé. En 2011, cette part était passée à 12 %. La France se situe ainsi dans le groupe de tête des pays de l'OCDE, derrière les États-Unis (17,6 % du PIB), à égalité avec l'Allemagne et les Pays-Bas, mais nettement devant le Royaume-Uni (7,5 % du PIB). L'indication de ces chiffres doit s'accompagner du rappel que la santé, trop souvent appréhendée seulement comme un coût, est aussi un facteur de productivité et d'accroissement de la population, qui contribue à la croissance économique d'ensemble.

La demande de soins primaires tend également à augmenter sous l'effet du vieillissement de la population. Même si l'on vieillit désormais en général en meilleure santé qu'auparavant, le pic de consommation de soins demeurant concentré sur la dernière année de vie, les maladies chroniques voient augmenter leur incidence et leur prévalence.

Au 31 décembre 2011, 9,2 millions de personnes présentaient au moins l'une des trente affections de longue durée (ALD) reconnues par l'assurance maladie, soit 16 % des assurés du régime général. Au 31 octobre 2004, cet effectif n'était que de 6,5 millions de personnes, soit 12 % des assurés du régime général. Chaque année, le nombre de nouveaux bénéficiaires du régime ALD, qui ouvre droit à une exonération du ticket modérateur, augmente en moyenne de 300 000 nouveaux individus.

Ces pathologies chroniques plus fréquentes, qui sont d'ailleurs souvent des multi-pathologies, se traduisent non seulement par une consommation de soins accrue, mais aussi par de nouveaux besoins en termes de coordination, d'information et d'éducation thérapeutique.

Par ailleurs, l'impact du vieillissement démographique se double d'un « effet de génération » : les personnes qui accèdent aujourd'hui au troisième âge auront été médicalisées toute leur vie, à la différence des personnes nées avant l'ère de la sécurité sociale. Elles en conservent des habitudes de consommation de soins, et des exigences à l'égard du système de santé, bien supérieures à celles des personnes âgées des générations antérieures.

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