III. UNE QUESTION PAR NATURE TRANSNATIONALE

A. UN ENJEU INTERNATIONAL

Le dopage constitue un enjeu international à de multiples égards.

À l'image du sport qui ne connaît pas de frontières, il ne peut s'analyser qu'en tenant compte de la circulation des athlètes dans tous les pays du monde tant au titre des compétitions qu'à celui des entraînements.

Quels que soient la nationalité des athlètes placés sous leur juridiction et les pays dans lesquels ces derniers se situent, les fédérations internationales sont d'ailleurs aujourd'hui astreintes à des obligations bien définies en matière de lutte contre le dopage.

Cependant, ainsi qu'il a été mentionné à plusieurs reprises devant la commission d'enquête, le défaut d'harmonisation des règles nationales en vigueur en la matière, peut inciter certains sportifs à « optimiser » leur localisation . Travis Tygart rappelle à cet égard que « certains athlètes ont tout simplement quitté les États-Unis ou la France pour s'entraîner dans des pays moins regardants, plus laxistes » 170 ( * ) . Marc Sanson estime également que « les sportifs se « chargent » ou se « rechargent » hors compétition (lors des stages d'entraînement opportunément organisés dans des lieux éloignés et peu accessibles) » 171 ( * ) .

Partant, l'hétérogénéité des règles applicables à la lutte contre le dopage est source d'injustice dans le sport. Bernard Amsalem l'a souligné avec force : « La réglementation antidopage est un domaine où règne l'inégalité la plus totale. Les pays économiquement plus développés ont mis en place des contrôles assez développés mais d'autres sont encore très en retrait de ces avancées , notamment en Afrique, voire dans les pays de l'Est (Ukraine, Biélorussie, Russie). Le sport n'y est pas organisé de la même façon qu'ici et les fédérations y contrôlent très peu leurs athlètes en raison d'enjeux financiers pris en main par des groupes. Dans les stades, je constate d'ailleurs à quel point il est facile de repérer des signes physiques clairs de prise de produits dopants, notamment chez les athlètes féminines » 172 ( * ) .

Jean-François Lamour renvoie pour sa part aux difficultés de moyens éprouvées par certains pays pour mettre en place une véritable politique de lutte contre le dopage : « De nouvelles nations arrivent dans le concert international, avec des cultures et des moyens différents en matière de lutte antidopage. Certains pays d'Afrique se moquent bien de mettre en place un programme de lutte antidopage, ayant à peine de quoi chausser leurs sportifs, les faire vivre et les entraîner ! » 173 ( * ) .

De surcroît, le caractère international de la chaîne d'approvisionnement en produits dopants , dont la circulation est placée sous la surveillance d'Europol et d'Interpol, constitue un défi majeur. Il apparaît en particulier difficile de faire obstacle à l'achat de produits interdits par le biais d'Internet dès lors qu'un pays fournisseur se garde de réprimer tout trafic de ce type.

L'universalité du sport et de la volonté de lutter contre le dopage dans ce domaine requiert donc une coopération internationale soutenue qui a déjà montré son intérêt à plusieurs reprises 174 ( * ) .


* 170 Audition du 25 avril 2013.

* 171 Sports d'élite et dopage de masse. Entretien avec Marc Sanson, Esprit, août-septembre 2010.

* 172 Audition du 18 avril 2013.

* 173 Audition du 27 mars 2013.

* 174 Le président de l'Agence américaine antidopage, Travis Tygart, a souligné, à titre d'exemple, l'importance jouée, dans son enquête sur l'affaire Armstrong, par les accords de coopération passés avec la France.

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